En 1960, « Portugal não era uma sociedade plural » écrit le sociologue portugais Herminio Martins soulignant là une permanence unique et rare dans l'histoire, le Portugal ayant su maintenir sa langue, sa religion majoritaire, son territoire, sa conception de la nation... inchangés depuis des siècles. De manière paradoxale, cet immense empire avait été capable de maintenir une grande homogénéité ethnoculturelle.
Mais dans les années 1960, un autre sociologue, Adérito Sedas Nunes parlait d'une « sociedade dualista em evolução ». Ainsi, deux sociétés vivaient sur le même territoire, sous l'autorité d'un même Etat, tout en étant très différentes. L'une de ces sociétés était urbaine, littorale, en voie de modernisation et d'alphabétisation, ouverte sur l'extérieur, dont le mode de vie se rapprochait de celui des sociétés industrialisées et dont la hiérarchie sociale était bien plus formelle (c'est-à-dire plus juridique que coutumière). L'autre société portugaise se distinguait de la première par son caractère formellement rural, traditionnel, dispersé dans « l'intérieur » du pays, paraissant coupée des moyens de communication et d'information modernes, où les relations humaines et sociales reposaient sur la famille, les coutumes, les hiérarchies étaient informelles, la vie économique s'organisant autour de la nécessité de subvenir à ses besoins, et la vie religieuse restant dominante. « Na primeira sociedade, o tempo era uma quantidade, na segunda uma condição” écrit ainsi Antonio Barreto.
N'y aurait-il pas une contradiction manifeste entre cette homogénéité et ce dualisme ? Loin de là, le dualisme social se manifeste en effet à l'intérieur d'une seule et unique unité, sans remettre en cause les fondements du Portugal.
Aujourd'hui, ces deux sociétés duales n'existent plus ou presque. Cette transformation de la société s'est faite de manière ininterrompue entre 1960 et 2000 faisant du Portugal un pays aux standards actuellement très similaires à ceux de ses voisins européens en l'espace d'une trentaine d'années seulement, donc de manière beaucoup plus rapide que nombre d'autres sociétés dites « modernes ».
Au-delà de s'interroger sur l'ampleur de ces phénomènes, il conviendra de s'intéresser aux causes de mutations sociales aussi radicales, quasi sans équivalent en Europe. Les changements sociaux qu'a connu le Portugal depuis 1960 sont-ils le fruit de son évolution politique, ou au contraire ont-ils déterminé ces mêmes évolutions, qui à leur tour accéléreront les mutations sociales ? Dans quelle mesure les mutations sociales portugaises sont-elles le fruit des évolutions politiques du pays ?
[...] L'autre société portugaise se distinguait de la première par son caractère formellement rural, traditionnel, dispersé dans l'intérieur du pays, paraissant coupée des moyens de communication et d'information modernes, où les relations humaines et sociales reposaient sur la famille, les coutumes, les hiérarchies étaient informelle la vie économique s'organisant autour de la nécessité de subvenir à ses besoins, et la vie religieuse restant dominante. Na primeira sociedade, o tempo era uma quantidade, na segunda uma condição” écrit ainsi Antonio Barreto. N'y aurait-il pas une contradiction manifeste entre cette homogénéité et ce dualisme ? [...]
[...] Le tourisme, Début du tourisme de masse au Portugal. Des touristes majoritairement européens (britanniques, allemands, espagnols ) qui ont pour lieu de prédilection l'Algarve dans le sud du pays. Le tourisme a ainsi permis le développement de nombreuses activités dans les régions côtières où le boom industriel ne s'était pas fait sentir. La population portugaise a donc connu de profonds changements parfois conjoncturels, notamment pour les flux humains, mais essentiellement structurels, à l'œuvre bien avant les changements politiques des années 1970. [...]
[...] L'espérance de vie elle a au contraire augmenté, pour se situer dans la moyenne de ses voisins européens : elle atteint en ans (pour les hommes) et 79 ans (pour les femmes) contre respectivement 60 et 66 ans en 1960. Le vieillissement démographique a donc été très rapide, et aujourd'hui la tranche d'âge des plus de 65 ans dépasse celle des moins de quinze ans. Ces changements démographiques ont permis de nombreuses mutations dans le modèle familial qui prédominait jusque-là au Portugal. [...]
[...] Les changements sociaux qu'a connus le Portugal depuis 1960 sont-ils le fruit de son évolution politique, ou au contraire ont-ils déterminé ces mêmes évolutions, qui à leur tour accéléreront les mutations sociales ? Dans quelle mesure les mutations sociales portugaises sont-elles le fruit des évolutions politiques du pays ? Les changements sociaux qu'a pu connaître le Portugal entre 1960 et 2000 concernent d'abord la population en elle-même. Un nouveau portugais est-il né au cours de ces quarante ans de mutations ? Mais plus généralement, c'est l'ensemble de la société qui a été bouleversée, ouvrant la voie à une modernisation du Portugal (II). [...]
[...] En effet, on assiste à un processus très important de tertiarisation de l'activité économique portugaise qu'avait pu souligner Jean Fourastié et suivant en cela un processus qui peut apparaître bien détaché des bouleversements politiques de la période. Ainsi, le secteur des services a pu passer directement du troisième au premier rang des secteurs productifs, pour regrouper 50% de la population active (il regroupait 27,5% de la population active en 1960). Cette tertiarisation de l'économie s'est structurée autour d'activités comme le tourisme, l'administration publique (on comptait moins de actifs travaillant dans l'administration en 1960, ils seront en 2000). Le secteur primaire lui n'occupe plus que de la population portugaise en 2000 (contre 40% en 1960). [...]
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