En juillet 1924, donc deux ans après son accession au pouvoir, Mussolini déclare « A chaque occasion où je me suis trouvé face à face avec les gens du peuple, où je leur ai parlé de près, ils ne m'ont jamais demandé de les libérer de la tyrannie dont ils souffrent pas, parce qu'elle n'existe pas. Ils m'ont demandé des chemins de fer, des maisons, des égouts, des ponts, … ».
Mussolini d'abord socialiste réussit à implanter en Italie un régime fasciste, prétendant toujours vouloir se baser sur le peuple, en quelque sorte être un dictateur populaire. Vaste ambition.
Nous devons tout d'abord définir le mot populaire, celui-ci peut s'entendre de diverses manières, tout d'abord qui appartient au peuple, qui concerne le peuple, issu du peuple, puis qui s'adresse au peuple, au public le plus nombreux, et enfin connu et aimé de tous, du plus grand nombre. Quant au dictateur, ce terme désigne tout Chef d'Etat s'étant emparé du pouvoir, et qui gouverne arbitrairement et sans contrôle démocratique.
Nous prendrons comme acquis que Mussolini était un dictateur, car même si celui-ci est arrivé au pouvoir de manière relativement légale et maintient dans un premier temps des apparences légales, ses 18 premiers mois au pouvoir seront mis à profit pour préparer l'avènement d'une dictature elle aussi légale. Et le premier pas en est l'octroi des pleins pouvoirs par les Chambres, auparavant intimidées, les 24 et 29 novembre 1922. Commence alors le règne des décrets et de l'arbitraire, concrétisé par le vote des lois fascistissimes en 1926.
Ces deux termes, dictateur et populaire, sont à première vue totalement contradictoires, et les associer semble paradoxal. Aussi est-il intéressant de se demander pourquoi et comment Mussolini a-t-il pu être considéré comme un dictateur populaire.
Nous verrons alors que Mussolini base sa dictature sur un mythe, qui lui permet de gagner l'adhésion des masses, et de s'imposer ainsi comme un dictateur populaire, mais ce mythe n'est pas suffisant et finit par se refermer sur son créateur.
[...] Mussolini : mythe ou réalité d'un dictateur populaire ? En juillet 1924, donc deux ans après son accession au pouvoir, Mussolini déclare A chaque occasion où je me suis trouvé face à face avec les gens du peuple, où je leur ai parlé de près, ils ne m'ont jamais demandé de les libérer de la tyrannie dont ils souffrent pas, parce qu'elle n'existe pas. Ils m'ont demandé des chemins de fer, des maisons, des égouts, des ponts, Mussolini d'abord socialiste réussit à implanter en Italie un régime fasciste, prétendant toujours vouloir se baser sur le peuple, en quelque sorte être un dictateur populaire. [...]
[...] Cela contribue nettement à entamer le consensus qui s'était établi autour du fascisme. De plus, le mythe perdit de sa vigueur et le peuple de sa foi lorsque le Duce commença à être possédé de son propre mythe. Gentile parle d'une présence toujours plus envahissante et altérée de Mussolini, qui mène au refroidissement sensible de la foi et de l'enthousiasme autour du fascisme, les difficultés en politique extérieure se multipliant d'autre part. Mussolini en s'isolant toujours plus dans la contemplation de sa propre personne contribua d'autant plus à son propre déclin. [...]
[...] L'adéquation était simple : étant né du peuple, il était particulièrement à même de parler et d'agir au nom de celui-ci. Selon Carlo Delcroix, ce fut même une chance d'être né pauvre, car cela lui a permis de maintenir un contact permanent avec le peuple, même si la misère de sa famille et de son enfance fut délibérément accrue par l'hagiographie fasciste. Il a su jouer avec habileté de ses allures plébéiennes et de ce qui dans sa simplicité, voire même rusticité, le rendait proche du peuple, et apte à s'en faire comprendre, parce qu'il était justement capable de parler le même langage que lui. [...]
[...] Passerini, l'imaginaire prenant alors le pas sur le personnage physique. À travers la diffusion de son propre mythe, Mussolini a su devenir peu à peu l'Italie, s'incarner en elle. Sa fortune politique et l'adhésion au mythe tient largement à cette relation entre son destin propre et celui de l'Italie, d'une clientèle qui, nourrie de la même culture politique, a connu des expériences et des frustrations semblables à celles qu'il avait lui-même vécues. L'identification de sa propre personne avec sa patrie devait alors prendre une tournure quasi obsessionnelle. [...]
[...] Le mythe cache le dictateur, pour en faire un homme providentiel et populaire. II . Permet à Mussolini de s'imposer comme un dictateur populaire La majorité des Italiens qui applaudissaient n'étaient pas fascistes, mais juste fascinés par le nouveau Président du Conseil, jeune, énergique, dynamique, avec ses traits napoléoniens, voire césariens, persuasifs. En effet, le mythe mussolinien lui permet de réunir l'Italie autour de lui et d'un consensus tacite dans lequel chacun trouve ce qu'il désire ce soutien populaire étant par la suite assuré notamment par la propagande. [...]
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