Le 3 novembre 1918 est signé l'armistice de Villa Giusti : l'Italie est une puissance victorieuse de la première guerre mondiale. Des voix s'élèvent pour souligner la difficulté italienne « notre Italie sort de cette guerre comme d'une grave et mortelle maladie, avec des plaies ouvertes, avec des faiblesses dangereuses dans sa chair que seul un esprit prompt, une âme forte, une ouverture d'esprit, permettront de changer grâce à un dur travail », écrit l'historien et philosophe Benedetto Croce. Il est vrai que la guerre a des graves conséquences pour l'Italie (le déficit budgétaire est passé de 2,9 milliards de lire en 1914 à 23,3 milliards en 1918. Les grandes villes connaissent des problèmes de ravitaillement qui se répercutent sur la population fragile) et le pouvoir alors en place ne semble pas répondre à ces besoins. L'Italie connaît depuis quelques années un système politique libéral ; c'est une monarchie parlementaire avec à sa tête le roi (Victor- Emmanuel III pour la période qui nous concerne).
Benito Mussolini serait-il cet « esprit prompt, cette âme forte » qui permettrait de sortir l'Italie de ses problèmes d'après-guerre ? Ce fils de forgeron-aubergiste né en 1883 en Romagne, devient instituteur après une enfance turbulente. Après quelques années passées en Suisse, il milite dans l'aile gauche du PSI, ce qui fait de lui juste avant la guerre l'un des principaux leaders de ce mouvement. D'abord pacifiste au début du conflit européen, il se convertit à l'interventionnisme.
Comment Mussolini a-t-il pu conquérir le pouvoir en moins de 4 ans ? Comment le chef du mouvement fasciste, alors petite formation extrémiste sans véritable pouvoir dans l'immédiat après-guerre, a t-il pu accéder au pouvoir en octobre 1922 ?
Tout d'abord vu comme un instrument contre la révolution prolétarienne, Mussolini, en exploitant les faiblesses de la jeune démocratie italienne, a pu apparaître comme la solution contre le pouvoir en place et ainsi accéder au pouvoir.
[...] Le 24 octobre, Mussolini lance un ultimatum lors d'un discours l'on nous donne le gouvernement, ou nous le prendrons en marchant sur Rome Devant l'absence de réponse du pouvoir, le 26, débute la marche sur Rome. Alors que le chef du gouvernement, Facta, avait préparé un décret permettent à l'armée de tirer sur les fascistes Victor-Emmanuel III décide de ne pas le signer. La marche sur Rome n'est pas seulement une pression plus ou moins folklorique. C'est également la prise de possession des centres locaux du pouvoir (gares, mairies ) qui empêchent les autorités locales de communiquer avec Rome. [...]
[...] Mussolini et la conquête du pouvoir de l'immédiat après-guerre jusqu'à octobre 1922 Le 3 novembre 1918 est signé l'armistice de Villa Giusti : l'Italie est une puissance victorieuse de la première guerre mondiale. Des voix s'élèvent pour souligner la difficulté italienne «notre Italie sort de cette guerre comme d'une grave et mortelle maladie, avec des plaies ouvertes, avec des faiblesses dangereuses dans sa chair que seul un esprit prompt, une âme forte, une ouverture d'esprit, permettront de changer grâce à un dur travail écrit l'historien et philosophe Benedetto Croce. [...]
[...] Le gouvernement Nitti (juin 1919- juin 1920) est passif, craignant de ne pouvoir contrôler une politique de franche répression. Même chose lorsque Giovanni Giolitti revient au pouvoir en juin 1920. Localement des préfets ont pu prendre des initiatives fermes mais ne le firent sans direction nationale. C'est à partir de ce moment là que les fascistes vont monter en puissance. MAIS ATTENTION, Le fascisme n'a pas brisé le mouvement révolutionnaire. (Le mouvement de Mussolini n'intervient pas pendant, mais après) En effet, à partir de 1920, l'essentiel de l'agitation sociale est passée, mais laisse frustrations et rancœurs. [...]
[...] Dès lors le fascisme évolue vers des positions de lutte contre la gauche traditionnelle. Il s'implante, avec violence, à la fois dans les centres urbains et dans les campagnes en se mettant au service des grands propriétaires et en semant la terreur parmi les militants paysans, les dirigeants des coopératives rurales et les membres des municipalités socialistes. A la fin de 1920, les expéditions punitives gagnent les centres urbains. Ils s'en prennent aux sièges des syndicats, aux journaux de gauche et aux adversaires du fascisme (communistes et socialistes). [...]
[...] Face à la montée du fascisme, l'Etat va faire preuve d'un comportement ambigu. D'un côté, Bonomi, le ministre de la guerre, signe une circulaire, le 23 octobre 1920, demande les mutations d'officiers pro- fascistes afin d'éviter qu'ils ne nuisent, de l'autre, les dirigeants pensent utiliser le fascisme contre le danger socialiste quitte par la suite à le domestiquer dans une coalition. C'est ce qui va arriver, mais ils ne vont pas réussir à le domestiquer. L'Etat libéral décide d'utiliser la traditionnelle formule du transformisme, c'est-à-dire une pratique consistant, à force de compromis, à amener un adversaire politique à rejoindre une majorité gouvernementale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture