La musique en France entre 1918 et 1939

Résumé du document

Art qui a toujours tenu une place centrale dans la société française, la musique a, avec les premiers balbutiements d'une culture de masse, connu une seconde naissance en France pendant l'entre-deux-guerres. En effet, avec l'âge du music-hall puis le
développement de nouveaux moyens techniques comme le disque et la radio, elle va voir sa place dans la société totalement chamboulée. C'est en cela qu'il est intéressant d'étudier le rôle et l'évolution de la musique en France entre 1918 et 1939, ainsi que les moyens grâce auxquels elle devient accessible au plus grand nombre.

Extraits

[...] Quelques mois plus tôt, Trenet passe dans Le music-hall des jeunes émission animée par Jacques Canetti, responsable de la programmation musicale à Radio-Cité, et destinée à lancer de jeunes chanteurs. En 1938, Trenet reçoit le grand prix Candide pour Boum et triomphe la même année avec l'ABC, tandis que ses disques commencent à se vendre. Ce début de carrière n'a rien à voir avec celui d'un Dranem ou d'un Chevalier, formés à l'école du café-concert et du music-hall : Trenet est l'homme de la radio et du disque. [...]

[...] En 1927, Paris compte 15 music-halls permanents, Mayol, les Folies-Bergère, le Moulin rouge, l'Empire, l'Olympia ou les Ambassadeurs, pour une contenance totale de places. Elles sont alors entre les mains de quelques propriétaires (Léon Volterra, les frères Isoa, Raphaël Beretta ) qui se font une concurrence féroce et sont à l'affût des difficultés de leurs concurrents pour racheter leurs salles : ainsi, en 1914, Raphaël Beretta possède-t-il non seulement les Folies-Bergère, mais aussi l'Olympia, l'Alcazar, les Ambassadeurs et le Casino de Paris. [...]

[...] De manière plus générale, la place prise par le jazz dans les spectacles de music-hall au cours des Années folles témoigne de l'importance des échanges culturels dans la codification du genre. Dans ce domaine, il faut faire place à des médiateurs négligés par les historiens, parmi lesquels on citera Jacques-Charles, l'un des plus grands producteurs de music-hall de l'entre-deux-guerres : né en 1982, il devient secrétaire du café-concert Little Palace en 1902, puis des Folies-Bergère avant d'être promu directeur de l'Olympia peu avant 1914. [...]

[...] Chez les virtuoses de la musique savante, la scène reste dans l'entre-deux-guerres le lieu essentiel de la carrière d'un artiste. Toutefois, le disque commence à y jouer un rôle non négligeable : la plupart des grands chefs d'orchestre et des interprètes enregistrent, et ils sont même les premiers à bénéficier de l'enregistrement électrique. Du côté des compositeurs, un Maurice Ravel s'intéresse très tôt à la musique enregistrée. Les mutations opérées dans le domaine de l'appropriation des œuvres ne sont pas moins grandes. [...]

[...] Parmi ces compositeurs, on peut noter Vincent Scotto (1876-1952), dont la carrière connaît une remarquable longévité et qui compose en tout près de chansons, dont quelques grands succès de l'avant et de l'aprèsguerre comme Sous les ponts de Paris (1913) ou J'ai deux amours (1930). La naissance de cette industrie de masse de la chanson se déroule selon un processus sans doute identique à celui qu'on observe aux Etats-Unis au tournant du XXe siècle, avec la formation du district de Broadway. [...]