Les musées en Europe (1850-1914)

Résumé du document

Nourri de la foi dans la science et ses progrès, grandi au milieu d'une compétition internationale acharnée en matière de collections (notamment archéologiques), le musée européen connait peut être son apogée autour de 1890. Il est lié au mouvement des nationalités, à la ferveur civique qu'entretiennent ses mises en scènes mais aussi au développement de l'instruction et de la culture dans la masse, le musée se modifie. Quelle place prend alors le musée dans la société dans la deuxième moitié du XIXème siècle en Europe? Quels sont les facteurs de ce changement ? Si l'on passe du collectionnisme à la muséologie c'est par une implication croissante de la société dans le patrimoine culturel de la nation. Partant, le musée acquière le rôle de promouvoir la nation au présent et d'en véhiculer les valeurs.

Extraits

[...] C'est dans ces termes que l'architecte pense le musée et l'on voit bien combien l'agencement des œuvres dans le cadre de l'architecture générale est pensée pour créer un véritable parcours. Idée nouvelle qu'est celle de la valeur d'utilité publique du musée. II. Une implication croissante de la société dans le patrimoine culturel de la nation A. L'apport des collections privées Le Dictionnaire Watelet dont nous avons déjà parlé s'impose au XIXe comme une référence en termes d'organisation de l'art et des musées préconise une ouverture des collections nationales aux collections privées. Ceci est tout à fait en adéquation avec l'air du temps. [...]

[...] Elles subsistent cependant en province. On a donc un premier volet de ce que sont les fameuses expositions universelles : l'éducation du public par les musées qui ouvrent à leur suite, comme nous l'avons montré dans notre seconde partie. Le second intérêt de ces expositions universelles est d'être une vitrine de la puissance et de la richesse des Etats. Dans ce contexte de concurrence européenne qui passe par l'industrie comme par l'art l'exposition universelle réunit les deux. La nation qui accueille rivalise d'ambition et de fastes comme en témoignent les immenses et grandioses monuments que sont le Crystal Palace (aujourd'hui détruit), les petit et grand palais (exposition de 1900) la gare d'Orsay, le pont Alexandre III, le palais du Trocadéro (exposition de 1878) ou bien sûr la tour Eiffel (exposition de 1889). [...]

[...] En Angleterre, les grands collectionneurs réussissent dès le départ à faire apparaître leurs possessions privées comme un bien public, grâce en particulier à la fondation d'une société pour promouvoir les beaux arts au Royaume-Uni installée à Londres en mai 1805. Cette entrée du bourgeois dans l'art induit une première modification des musées. Ils sont désormais plus populaires, plus accessibles. Ils ne sont plus tournés vers les élites de la connaissance uniquement. Ce changement dans la perception des musées est une pierre angulaire qui aura permit l'évolution vers le musée moderne. [...]

[...] On reste dans une optique de panthéon des grands hommes, le collectionnisme est encore omniprésent. Dans la seconde moitié du siècle, apparaît ce cheminement, mais aussi, concernant l'histoire, une nouvelle mise en valeur qui est celle de l'écrit avec l'art pour élaborer un nouveau récit. Une histoire nationale aux accents plus ou moins populaires peut dès lors apparaître qui constituera un enjeu décisif dans la vie intellectuelle, mais aussi politique de chaque pays. Le musée d'histoire revêt alors une importance nouvelle et déterminante dans la mesure où ses représentations (et la manière avec laquelle elles sont agencées) influencent l'historiographie. [...]

[...] La croissance des musées s'est accompagnée d'une croissance des savoirs spécialisés relatifs aux œuvres de leurs collections. La naissance de cette expertise dans le champ des musées date du XIXe (plus particulièrement de la seconde moitié de ce siècle) même s'il faut attendre le siècle suivant pour voir ce savoir diriger complètement les musées. On montre dans une optique de rationalisation propre à cette époque combien une collection a priori intangible, une fois installée dans un musée public et soumise à un processus d'exploitation strict, est mise en valeur, prends toute sa dimension et peut, le cas échéant, avoir une portée pédagogique. [...]