Les années 1960 sont caractérisées par l'expression d'une contestation politique et sociale, nourrie par un malaise de la jeunesse dans l'ordre mondial d'après-guerre. Avec la guerre froide en toile de fond, la rébellion étudiante en Europe occidentale a été la manifestation d'une révolte morale, d'une volonté de bousculer les hiérarchies et les structures traditionnelles de sociétés qui connaissaient pourtant la prospérité économique. Les mouvements contestataires, à leur apogée en 1968, ont été animés par une jeunesse plutôt favorisée, dont les aspirations révolutionnaires utopiques ne pouvaient être complètement en phase avec les classes ouvrières et risquaient de se heurter à l'incompréhension de la masse des citoyens. Au-delà des images symboliques marquantes, force est constater que les objectifs de la contestation et son évolution dans ses différentes composantes, idéologiques ou nationales prennent des formes différentes.
Mus par un idéal de changement au sein d'un système universitaire en crise, et plus généralement dans une société dans laquelle ils ne trouvent pas leur place, les étudiants contestataires tentent d'émerger en tant qu'acteurs. Il est dès lors légitime de s'interroger quant à la cohérence et l'évolution politique des mouvements qui traversèrent l'Europe en 1968.
La réflexion politique qui émerge du malaise de la jeunesse en France, Italie, Allemagne de l'Ouest (R.F.A.) et en Grande-Bretagne, se heurte, sur le moment, aux réalités des différentes structures sociétales, tout en posant de nouvelles bases de réflexion...
[...] L'épicentre de la contestation se fonde sur une critique de l'université autoritaire, dans laquelle aucun contact n'est possible, affirmant la dictature de la société industrielle capitaliste. Mais le sentiment d'une Université lacunaire ne reste pas confiné à celle-ci, il se retranscrit, par une critique tous azimuts, dans la société dans son ensemble. A la recherche d'un nouveau cadre de vie exaltant la liberté La contestation de l'Université, en tant qu'institution, se répercute sur toutes les structures de la société : l'Etat, les partis, la démocratie, la culture, la famille Tout porte à la critique. [...]
[...] Le Quartier Latin devient le théâtre d'affrontements, lesquels culmineront dans la nuit du 10 mai, dite des "barricades". S'il faut s'en tenir à la révolte étudiante, quelques données quantitatives sont nécessaires à la compréhension du problème universitaire: les années 60 ont en effet connu ce que l'on a appelé l ' "explosion scolaire", passant de moins de étudiants en 1962 à plus de en 1968, sans que les structures et le fonctionnement se soient réellement adaptés à cette mutation. Ainsi, entrée en nombre dans les universités, par suite de l'explosion démographique d'après-guerre et de la démocratisation de l 'enseignement supérieur, due à l'élévation générale du niveau de vie, la jeunesse se heurte, dans des locaux exigus, à un mode de transmission du savoir routinier et sclérosé par des amphithéâtres surchargés, des bibliothèques surpeuplées, et par un enseignement délivré par des "mandarins" : En effet, pour répondre au flux croissant des étudiants, on a dû faire largement appel à de nouveaux venus dans le corps professoral (assistants, maîtres-assistants, etc.) et une hiérarchie s'est établie entre les professeurs en titre, qui règnent sans partage en «mandarins» et tous leurs sous-officiers. [...]
[...] Une réflexion politique surgit du malaise de la jeunesse A. Les origines de la révolte étudiante : de la crise universitaire à une contestation de nature plus universelle Les contextes nationaux dans lesquels émergent les contestations qui, de par le monde, vont trouver une expression simultanée en 1968 sont assez divers. Mais des liens existent: les points forts qui marquent ici la révolte étudiante deviennent ici référence, et alimentent une protestation solidaire. Des éléments de contexte sont largement partagés: la guerre du Vietnam, la massification du monde étudiant et les premiers signes d'essoufflement de la croissance économique qui avait marqué l'après-guerre dans les pays industrialisés, mais aussi le développement à l'université de ces nouvelle filières aux débouchés incertains, sciences humaines et sociales, qui partout fourniront le gros des troupes en révolte. [...]
[...] Le caractère très idéaliste de la contestation des structures politiques et sociales traditionnelles Les mouvements étudiants qui, en Europe, ont défini l'élan de contestation aboutissant en 68, poursuivaient des objectifs politiques et sociaux teintés d'idéalisme ou d'utopie, dont l'ambition s'est heurtée de plein fouet aux structures traditionnelles de leurs sociétés. Ce face à face a été plus perceptible en France, Allemagne et Italie, qu'en Grande- Bretagne. L'élaboration d'un projet de société alternatif, dont les revendications sont universitaires puis sociales, prend un caractère révolutionnaire, ce qui va le placer en situation d'opposition par rapport aux structures traditionnelles étatiques et sociales. [...]
[...] Les mouvements s'orientent dans la recherche d'une société en rupture avec les deux modèles dominants qui ne donnent nulle satisfaction. La liberté et l'anti-autoritarisme restent au centre des préoccupations et tentent de déboucher sur une société plus juste, que ce soit au niveau local ou international (la critique de l'exploitation du Tiers-Monde), dans laquelle les choix sont réellement permis. L'élan libertaire est, en d'autres termes, un grand refus du fonctionnement des sociétés au temps de la contestation. Pourtant, les mouvement de 68 ne sont pas relayés comme cela aurait du se faire dans l'esprit des étudiants. [...]
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