Il est traditionnel d'affirmer que les premières revendications liées au sexe féminin sont apparues au XIXe siècle.
Pourtant, cet esprit de révolte a préexisté, sinon en France dès le XVIe siècle avec Christine de Pisan ; en Angleterre, dès le XVIIIe siècle avec Mary Wollstonecraft qui exige l'égalité entre les sexes et signe en 1792, avec 'A Vindication of the Rights of Woman' (Défense des droits de la femme), un ouvrage déterminant pour le développement du mouvement à venir : un mouvement féministe revendiquant des droits éducatifs, économiques et politiques.
Au milieu du XIXe siècle, les femmes en quête d'une reconnaissance d'égalité des sexes et d'émancipation vont axer leur combat sur le droit de vote qui est alors uniquement censitaire et exclusivement masculin.
Qualifié dans un premier temps de 'suffragiste', ce mouvement visant à accéder à la citoyenneté par l'exercice du droit de suffrage, voire l'éligibilité des femmes fut baptisé en 1905, par le Daily Mail, 'les suffragettes'. Cette dénomination sarcastique du journal visait à distinguer le mode d'action musclée des suffragettes des méthodes employées par les militantes modérées du droit de vote qui exprimaient leurs revendications dans le respect de la Loi.
A la conquête d'un droit de vote étendu à l'ensemble des institutions politiques électives, le mouvement des suffragettes, dont l'apparition est due à des causes particulières, s'est singularisé par des méthodes propres et se révèle dans son épilogue, être à l'origine d'une véritable révolution sociale et politique.
[...] La fin de conflit verra l'élargissement du droit de vote aux femmes dans les démocraties occidentales. De 1918 à 1921, les femmes acquièrent le droit de vote (dans l'ordre chronologique) en Autriche, au Danemark, en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Belgique (élections locales seulement), en Suède (cette fois- ci pour toutes les élections) et en Irlande. En France, des personnages comme Hubertine Auclert passée à la postérité pour avoir symboliquement brisé une urne à Paris lors des élections municipales de 1908 animent la lutte suffragiste. [...]
[...] En effet, le choix de préférer la prison offrait aux suffragettes un tremplin publicitaire inespéré d'autant que leurs sorties de prison étaient également mises en scène par les militantes et donc rapportées par les journaux. Rappelons-nous que c'est à cette période que le Daily Mail sous la plume de Charles Hands, est réputé avoir, par dérision, baptisé le mouvement: Les suffragettes. Mais la presse demeure toutefois davantage attentive à l'agitation des autonomistes irlandais qu'aux suffragettes et le droit de vote. [...]
[...] Toutefois malgré des défilés spectaculaires où les suffragettes se contentaient de brandir des pancartes avec leurs slogans, le droit de vote des femmes demeure lettre morte. Elles étaient pourtant 250.000 à manifester à Hyde Park, à Londres., le 21 juin 1908, le plus avec l'inscription «Deeds, Not Words (Des actions et pas des mots). Face à ce nombre imposant de manifestants traduisant le réel poids du WSPU, il est étonnant de constater l'immobilisme de tous à commencer par le Premier Ministre du Royaume-Uni élu sous l'étiquette libérale, Herbert Henry Asquith. [...]
[...] La Women's National Anti-Suffrage League fondée à Londres le 21 juillet 1908. avait pour objectif de s'opposer à l'octroi du vote aux femmes au Royaume-Uni .Le paradoxe était que le mouvement était porté par d'autres femmes comme Lady Jersey , ou Mrs Humphry Ward qui lors d'un discours en 1908 avait dit : le pouvoir de décider du vote parlementaire doit être laissé à des hommes, dont la force physique est en définitive responsable de la conduite de l'État« la concession par le gouvernement local de vote et l'admission des femmes aux conseils d'arrondissement et de comté, la nation a ouvert un large champ de travaux publics et de l'influence des femmes, qui est en leur pouvoir toutes les réformes qui sont présentées comme des raisons pour le vote peuvent être obtenues par des moyens autres que le vote Aux termes des Anti, seul, un petit nombre de femmes souhaitait accéder à ce droit d'autant que sans véritable éducation, la femme ne saurait intervenir sur la scène politique si ce n'est en votant comme son mari. [...]
[...] Le mouvement des suffragettes britanniques leur permit d'avoir un regain d'activité et à la suite de plusieurs longues campagnes, le 19e amendement ratifié par 36 États le 26 août 1920 deviendra partie intégrante de la Constitution des USA et les Américaines acquirent le droit de vote. À la lumière de cette étude, nous pouvons donc dire que la radicalisation des mouvements féministes britanniques en réaction à l'immobilisme parlementaire a permis une modernisation politique et sociale du statut de la femme. Devant le succès du mouvement des suffragettes, l'Europe puis les États-Unis ont suivi l'exemple britannique dans la lutte pour l'accession à l'égalité des droits électoraux. [...]
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