Le chartisme apparaît dans les années 1830-1840, au Royaume-Uni dans un contexte bien particulier : celui de la révolution industrielle. Il faut en effet aller contre l'idée reçue selon laquelle la Révolution industrielle profite à tous, permet le progrès et l'amélioration de la qualité de vie et est acceptée par tous : une action sociale va en effet se développer dès les années 1810, pour s'élever contre la machinisation à outrance, qui plonge dans l'indigence les détenteurs de métiers artisanaux traditionnels, mais aussi contre l'instauration de nouvelles lois sur le travail perçues comme inhumaines, qui condamnent les plus pauvres à vivre dans les "Working houses" où les conditions de vie sont exécrables ou donnent aux patrons des pouvoirs immenses sur leurs employés.
Cette révolution industrielle favorise aussi l'émergence de nouvelles classes : une bourgeoisie d'un nouveau genre, composée de capitaines d'industrie enrichis, qui va se distinguer d'une autre classe : celle de la masse des prolétaires ouvriers. La situation rappelle dans une certaine mesure celle que connaît la France avant 1789 : l'aristocratie accapare les terres, et la bourgeoisie l'argent.
Enfin, si l'on ajoute à ceci l'explosion démographique que connaît la Grande-Bretagne dans la première moitié du XIXe siècle et la forte dépression économique qui commence dès les années trente, mais qui sera à l'origine du nom donné aux années 1840 : les hungry forties, cela explique la présence d'un terreau favorable à l'expression d'une révolte, qui va s'incarner dans le mouvement chartiste.
[...] les 6 points de la charte du peuple ou le prolongement des Reform acts Le mouvement chartiste repose sur un texte fondamental, la charte du peuple, rédigée en 1837 par un groupe d'artisans londoniens rassemblés en 1836 en une association, la London Working Men's Association, parmi lesquels les plus connus, et les principaux rédacteurs, sont Lovett, Place et Hetherington ; Elle repose sur 6 points qui vont constituer pendant plus de 10 ans le programme du mouvement -suffrage universel -découpage égal des circonscriptions -indemnités parlementaires -annualité du parlement -scrutin secret -fin de la property qualification Ce programme apparait donc certes très ambitieux et peu réaliste politiquement parlant pour l'époque et le contexte, mais il ne sort pas de nulle part : sa légitimité vient du fait qu'il s'inscrit dans le prolongement du reform act de 1832, consenti par le gouvernement whig de lord Grey, qui avait déjà doublé le corps électoral, supprimé des bourgs pourris et redistribué 140 sièges de façon plus équitable aux nouvelles villes industrielles jusqu'alors ignorées, mais aussi à l'Ecosse et à l'Irlande. Le mouvement chartiste, en partie satisfait de ces réformes entend les prolonger et les améliorer, sans chercher un renversement total de la situation politique. [...]
[...] Ainsi, l'échec du chartisme semblait dans une certaine part prévisible. En effet, en face d'un mouvement divisé et résigné se dressait une opposition unie et une répression massive qui demeure peu contestée, car à laquelle le chartisme ne parvenait pas à donner de réponse unique et adaptée. Conclusion Ainsi, il semble que le chartisme aurait pu connaitre une forme de succès, s'il ne s'était agi que du programme sur lequel il se fondait et de sa capacité à convaincre et à rassembler les foules, à être, comme le disait Carlyle, décembre 1795 5 février 1881) la plainte de millions d'hommes parqués dans la souffrance au sein d'une société malade Mais les divisions qui minaient le mouvement et l'inadéquation des moyens employés face à une opposition unie et à une répression forte ne pouvaient conduire qu'à son échec. [...]
[...] La répression du gouvernement, qui soutient l'aristocratie et la bourgeoisie, va être massive et continue. Elle va elle aussi profiter des divisions du mouvement et de son absence d'homogénéité, qui l'empêche de trouver les moyens de réponse adéquats. Elle va l'achever au lieu d'exalter un esprit révolutionnaire qui aurait pu être salutaire pour les défenseurs de la charte. En effet, L'absence d'unité et d'homogénéité dans les idées, dans le temps et dans l'espace n'incite pas les ouvriers et artisans à franchir la barrière de l'illégalité, mais les maintient dans le cadre restreint de la pétition, aucun accord n'étant trouvé entre les dirigeants. [...]
[...] Brown, Cambridge, Cambridge University Press Lexique d'histoire et de civilisation britanniques, P. Chassaigne, Tours, ellipses Histoire de la Grande-Bretagne, R. Marx, Paris, Armand Colin Restaurations, Révolutions, Nationalités, 1815-1870, M. Tacel, Paris, Masson et Cie La société britannique de 1660 à nos jours, R. [...]
[...] Ces moyens de communication vont faire connaitre le mouvement, qui va très vite être rejoint par l'union politique de Birmingham, particulièrement active au moment du reform act de 1832, et qui retrouve une vigueur nouvelle sous la direction de thomas Atwood, désireux de mettre je cite au service de la charte toutes les ressources de sa propagande et sera celui qui lancera l'idée de la pétition nationale. Mais le mouvement va surtout être rejoint par une troisième force, les masses prolétariennes qui vont y adhérer très vite, car elles seront touchées par les meetings et les journaux, et donneront au mouvement une nouvelle impulsion. [...]
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