Au lendemain de la Grande Guerre, les nations d'Europe se réorganisent, pansant leurs plaies économiques, regrettant leurs pertes de pouvoir et pleurant leurs morts. A une phase de reconstruction volontariste et dynamique succède une période de relative aisance, qui est un écran devant les réels problèmes qui se constituent, tenant à la fois du nationalisme, du désir de revanche et des besoins de l'expansion économique. Deux hommes se dressent, opportunistes et mobilisateurs, profitant des désarrois et des espoirs des peuples : le Duce et le Führer sauront trouver la faille dans le système démocratique, et la creuser de concert jusqu'à l'ouverture d'un conflit bien préparé. En 1922, le constitution du parti fasciste de Mussolini passe presque inaperçue, en 1930 le parti nazi est tout aussi discret ; en 1939, leurs noms éclateront dans toute leur agressivité. La question sera alors : comment ont-ils pu devenir aussi puissants sans que la démocratie tente de leur résister ? Dans la montée des fascismes et la non-réaction des démocraties, on a un cas flagrant de temporisation diplomatique échouée.
Dans les années 1930, la contagion du fascisme étend en Europe les tendances autoritaires. Cependant, en dehors de l'Allemagne et de l'Italie, les régimes forts qui s'installent sont plus réactionnaires et dirigistes que totalitaires. Isolées dans cette Europe orgueilleuse, les états démocratiques comme les défenseurs de la démocratie sont assiégées, y compris de l'intérieur par les admirateurs du communisme stalinien et ceux des régimes plus ou moins fascistes. De plus la tradition démocratique qu'on croit assurée et l'espoir d'une paix durable les mènent à un aveuglement temporisant, qui les précipitera dans le conflit qu'elles ont voulu à tout prix éviter. Nous verrons donc comment la naissance du fascisme peut paraître logique au sein des démocraties, combien l'action politique interne aux états a été révélatrice du durcissement des positions, et à quel point la passivité des diplomaties a permis aux Nazis et aux Fascistes de préparer leur guerre.
[...] Il dirige le pays selon un régime totalitaire, reposant sur l'embrigadement des masses, le terrorisme d'état, le bellicisme et l'extermination de tous les faibles. Les deux systèmes prennent appui sur la crise pour s'installer au pouvoir légalement, profitent de la faiblesse générale, à la fois crédulité et crainte des notables et des masses pour instituer subrepticement des régimes qui se durcissent de plus en plus. Dans cette situation bancale et incertaine, les politiques agressives des nations nationales prennent leur essor : pour l'Allemagne il s'agit d'un rassemblement de tous les Allemands et de l'exigence de l'espace vital, théorie exposées par Adolf Hitler, encore inconnu, dans Mein Kampf. [...]
[...] Le contexte économique et idéologique difficile contribue à accentuer les sensibilités démocratiques, qui veulent éviter le conflit à tous prix. Seule la France, dangereusement proche de l'Allemagne, tente une contre-attaque diplomatique, qui échoue dans sa solitude. La conscience du danger que représente ce tandem bien préparé, tant des états que du concert international, ne se réveillera qu'au coup de tonnerre du pacte germano-soviétique. Ainsi, dans leur volonté de ménager la paix, les démocraties ont en fait laissé se mettre en place un système puissant, aux appétits féroces - qui va mettre l'Europe à feu et à sang pendant 2099 jours. [...]
[...] Cependant le durcissement des régimes et la contamination fasciste vont bientôt se faire jour. Démocraties libérales forcées au durcissement. Menacées par le mouvement d'hésitation qui souffle sur l'Europe avec la crise et les ratés des nouvelles formes de gouvernement parlementaire, instituées après la Première Guerre Mondiale, qui ne plaisent pas aux populations, la réaction contre-révolutionnaire se développe, anti fasciste et anti bolchevique, conformément à la théorie du Cordon Sanitaire instauré contre la contamination communiste et face à la montée des Chemises. [...]
[...] De même les ‘garanties' d'avril 1939 données aux états menacés par les ambitions fascistes seront bien tardives, et retirées aussi tôt que possible. Devant l'immobilisme international après la création du protectorat de Bohème-Moravie en mars 1939 et l'invasion italienne de l'Albanie en avril, qui sont tout de même des violations caractérisées de toutes leurs promesses, Hitler ose : il revendique Dantzig, signe le pacte Germano- soviétique le 23 août prenant de vitesse les démocraties qui s'étaient enfin un peu réveillées, et une semaine plus tard franchit la frontière polonaise : nous sommes en septembre 1939, et le processus de la Seconde Guerre Mondiale est enclenché. [...]
[...] La politique de conciliation Briand-Streseman 24-32 mène à l'entrée de l'Allemagne à la SDN en 1926. Briand se fait le chantre de l'esprit de Genève qui trouve sa réalisation dans le pacte Briand-Kellog (février 28) qui concerne bientôt 60 pays dont l'Allemagne et l'URSS. L'arrivée au pouvoir d'Hitler ne modifie pas immédiatement la conciliation, négociée par Alexis Léger dans la ligne de Briand. Le Pacte à Quatre, préparé en juin 1933 entre la France la Grande-Bretagne l'Allemagne et l'Italie ne sera en fait jamais ratifié tant les perspectives divergent : les démocraties y voient l'assurance d'un statu quo, les états fascistes en attendent une révision des traités. [...]
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