Etroitement liée à l'industrialisation des sociétés occidentales, l'émergence de l'usine n'est ni brutale ni uniforme. On parle d'ailleurs d'industrialisation et non de « révolution industrielle » car la transformation des modes de production et de travail se fait sur le long terme au cours du second 19e. L'usine est à la fois espace, institution et discipline. Elle s'appuie sur la parcellisation des tâches, la division du procès de travail et le machinisme. Le système de production de l'usine se situe en rupture avec le « domestic system » à l'Anglaise qui prévalait partout en Europe et s'engouffre dans la brèche des contradictions et des faiblesses de ce système.
Mais parler de monde pour qualifier l'usine suppose l'avènement d'un espace, d'une institution nouvelle, qui révolutionne les rapports entre employés, mais qui surtout dépasse le simple cadre de transformation du mode de production. L'usine provoque l'émergence d'une nouvelle classe, le prolétariat, favorise la monté en puissance des syndicats. Ces nouveaux monstres de briques et de métal façonnent aussi notre paysage avec les terrils ou les cheminés qui sont autant de nouveaux composants de l'environnement d'alors. On le comprend bien, l'usine transforme en profondeur la société du 19e siècle en cela qu'elle bouleverse toutes les structures établies, autant sociales, qu'économiques ou encore intellectuelles.
La construction d'usines se fait dès les années 1850 mais ce mouvement de concentration de la production connaît des évolutions diverses selon les pays. C'est pourquoi on s'intéressera principalement aux économies les plus avancées comme l'Angleterre, la France ou encore l'Allemagne. Rompant avec le domestic system en passant par le modèle manufacturier et la Grande Usine pour arriver à l'Usine Tayloriste, cette institution est en constante évolution jusqu'à l'avant-guerre, mais c'est à partir de la seconde industrialisation que ce modèle connaît une expansion fulgurante.
Dans ce contexte, quelles sont donc les caractéristiques du monde de l'Usine, en quoi est-ce le symbole des sociétés industrielles de la fin du 19e siècle, en tant qu'il change en permanence, comprend des réalités diverses, et façonne les antagonismes au sein de la société ?
Afin d'y répondre nous verrons que le l'usine est une structure qui répond avant tout aux nouveaux besoins de l'industrie en termes de concentration, de mode de production et d'organisation salariale. Le textile et la production de métaux lourds sont à cet égard le déclencheur de l'expansion du monde de l'Usine. Dans un second temps, il apparaîtra que ce monde de l'usine favorise l'émergence lente mais sûre d'un nouveau monde, celui du prolétariat. Cette nouvelle classe découvre de nouvelles conditions, de travail au sein de l'usine, de logement, de traitements.
[...] La dénonciation de l'usine comme bagne industriel s'enracine dans une critique violente des conditions de travail, des cadences, de l'arbitraire des règlements des contremaîtres. Dans le Nord, la presse syndicale prend même le titre évocateur de Cri du Forçat, ou du réveil du Forçat. De plus, les contraintes utilitaires de l'espace usinier sont une autre source des conditions de travail difficiles que subissent les ouvriers. Le confinement, l'entassement, l'éclairage et la ventilation insuffisants mettent à rude épreuve les travailleurs Dans les filatures de lin, les ateliers sont de véritables étuves où l'humidité est omni présente. [...]
[...] Elle s'appuie sur la parcellisation des tâches, la division du procès de travail et le machinisme. Le système de production de l'usine se situe en rupture avec le domestic system à l'Anglaise qui prévalait partout en Europe et s'engouffre dans la brèche des contradictions et des faiblesses de ce système. Mais parler de monde pour qualifier l'usine suppose l'avènement d'un espace, d'une institution nouvelle, qui révolutionne les rapports entre employés, mais qui surtout dépasse le simple cadre de transformation du mode de production. [...]
[...] Il n'existe cependant pas de cadre législatif public à l'action disciplinaire mise en place par le patronat. Les tentatives de réglementation ne se font jour qu'à partir de la proposition de la proposition de loi Ferroul en 1890 et elles sont vaines : il faut attendre la loi du 5 février 1932 pour que soit votée une limitation à ses effets les plus évidents, les amendes. Le problème de la légitimité de l'entreprise se pose cependant, elle la capacité juridique de promouvoir sa loi ? [...]
[...] Le textile et la production de métaux lourds sont à cet égard le déclencheur de l'expansion du monde de l'Usine. Dans un second temps, il apparaîtra que ce monde de l'usine favorise l'émergence lente mais sûre d'un nouveau monde, celui du prolétariat. Cette nouvelle classe découvre de nouvelles conditions, de travail au sein de l'usine, de logement, de traitements. Le monde de l'Usine, une structure qui répond aux besoins de l'industrie en termes de concentration, de mode de production, d'organisation salariale Aux origines de cet espace de production, du Domestic system à la Grande Usine, une diffusion lente et protéiforme Le système dit proto industriel qui précède le modèle de l'usine présentait à la fois des avantages et des inconvénients. [...]
[...] Le monde de l'usine se caractérise par une architecture qui symbolise le contrôle du nouveau territoire. Les cheminées, les porches, les grilles, les hauts fourneaux sont autant de signes d'un paysage nouveau. L'usine impose un bâti spécifique, de dimensions imposantes, encombrant même. Elle intègre pleinement les innovations architecturales en termes de matériaux. Ainsi fait elle la part belle au goudron ou au ciment lors de leurs apparitions, utilise l'acier pour les structures des toits, rivalise de gigantisme pour ses tours et ses cheminées En 1906, dans les villes de plus de 5000 habitants de la population habitent des logements dits surpeuplés de deux personnes et plus par pièce. [...]
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