Alain Corbin a choisit de dresser la biographie d'un parfait inconnu du XIXe siècle. Pour cela, il a tiré au hasard, et même « les yeux fermés », dans un des volumes des archives municipales de l'Orne, son département d'origine, un sabotier analphabète du nom de Louis-François Pinagot, né le 20 juin 1798 (2 messidor an VI) à Origny-le-Butin, et mort le 31 janvier 1876. Ce personnage, qui a connu au cours de sa vie sept régimes politiques différents, n'a laissé aucune autre trace que celle des archives officielles. L'auteur a donc reconstitué ce qu'a pu être le cadre et son mode de vie à partir des archives locales, de quelques témoignages écrits des rares érudits du cru (comme le curé Pigeard, l'abbé Fret), les registres de l'armée, les archives judiciaires, les cahiers de doléances de 1789, les rapports de police et de la préfecture (encore que ceux-ci étaient parfois stéréotypés, voir chapitre X), etc.
[...] Sa femme meurt en 1846. C'est le beau- frère de son père qui lui a appris le métier de sabotier. Louis-François, qui vit à proximité de sa famille et belle-famille, a eu huit enfants. La plupart furent sabotiers, fileuses ou gantières. Il fut exempté du service militaire et était analphabète, contrairement à la plupart de ses enfants qui ont certainement appris à lire et à écrire dans l'embryon d'école du village qui se dote d'un véritable bâtiment prévu à cet effet qu'en 1870. [...]
[...] Sa misérable condition l'ayant interdit de scrutin pendant plusieurs années, c'est avec difficulté que Louis-François Pinagot commence sa vie politique puisqu'il s'est abstenu pour les élections de 1848 et n'a commencé à voter que 20 ans plus tard. Pour ce qui est des sentiments, on ne peut que se contenter d'imaginer l'émotion qu'il a dû ressentir lorsqu'un de ses fils fut élu conseiller municipal en 1871, et son chagrin lorsque celui-ci meurt en 1874. Critique Parce qu'il est très généraliste, le livre peut servir de document à des recherches historiques différentes. [...]
[...] On lui doit plusieurs ouvrages de microhistoire, dont Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d'un inconnu, 1798-1876 (1998). Par ailleurs, il a travaillé sur la prostitution (Les Filles de noce, 1978), l'odorat et l'imaginaire social (Le Miasme et la Jonquille, 1982), l'homme et son rapport au rivage (Le Territoire du vide, 1990), le paysage sonore dans les campagnes françaises du XIXe siècle (Les Cloches de la terre, 1994) et la création des vacances (L'Avènement des loisirs, 1996). [...]
[...] Pour mieux retracer la vie qu'a pu être celle de Louis-François Pinagot, l'historien est obligé d'élargir le champ de sources disponibles. Il n'enquête donc pas seulement sur un sabotier mais sur toute une communauté vivant autour de la forêt de Bellême. Au final, l'auteur écrit aussi l'histoire des habitants de cette région, et pas seulement celle d'un seul individu, comme le titre pourrait le laisser croire. Et si les nombreuses digressions sont nécessaires au récit, elles ne permettent pas au lecteur de s'attacher au personnage central dont on fait pourtant la biographie. [...]
[...] Annexe : Résumé par chapitre Chapitre 1 : L'espace d'une vie Louis-François Pinagot est donc né et mort dans la commune d'Origny- le-Butin, dans l'ancienne région du Perche, divisé aujourd'hui entre l'Orne (Basse-Normandie), la Sarthe et l'Eure-et-Loir. Fils d'un modeste voiturier (transporteur de marchandises) et petit exploitant, Jacques Pinagot, il est sabotier de son métier, et vit donc près de la forêt de Bellême dont l'auteur fait une très longue description, ainsi que celle d'une source qui avait fait le projet d'une station thermale. [...]
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