Nous analyserons dans un premier temps la genèse de ce phénomène, ensuite nous nous attarderons sur les conditions de vie des ouvriers et enfin nous tenterons de comprendre son organisation progressive au cours de ce siècle, qui fut marquée à la fois par des avancées sociales et des désillusions. Cette approche a pour but de comprendre ce nouvel élément constitutif du monde du travail sans pour autant occulter son contexte. Nous essayerons de comprendre les conditions de la naissance et de l'organisation d'une classe, et comment s'est déroulé le processus de prolétarisation
[...] Les enfants voient leur position évoluer substantiellement. En effet, ils étaient dans le passé cantonnés à un rôle généralement d'apprenti, que se soit dans le travail agricole ou artisanal, désormais il leur est demandé d'être de véritables "petits ouvriers". Il n'est pas saugrenu de parler d'un "esclavage" de ces travailleurs. L'intérêt est aussi bien pour l'entrepreneur qui trouve ici une main d'œuvre bon marché, que pour les parents qui sont souvent obligés de pousser leurs enfants vers la fabrique afin de constituer un revenu d'appoint. [...]
[...] Les politiques publiques sont tout au long du XIXe siècle dans cette lignée qui privilégie le capital. On impose en 1803 un livret obligatoire aux ouvriers. L'Etat entreprend aussi des politiques de l'emploi et des grands travaux destinés à réduire la mendicité et le chômage et en 1806 sont instaurés les tribunaux des prud'hommes afin de régler les conflits ouvrier- patron. Une loi est votée en 1841 interdisant le travail des enfants de moins de 8 ans et limitant les heures de travail des plus âgés, mais son application reste très limitée. [...]
[...] Il existe un lien étroit entre l'agriculture commerciale et la production proto-industrielle. Tout au long du siècle, l'industrie rurale croît avec l'industrialisation. Pour Alain Dewerpe, la proto-industrie apparaît comme une modalité des relations entre un monde de production domestique et le marché capitaliste en expansion. Il dit que: "La coexistence de l'unité de production et de consommation du ménage proto-ouvrier est le facteur premier d'unification des comportements et des pratiques: l'exploitation rurale et la famille sont deux éléments indissolubles de la dynamique proto-industrielle". [...]
[...] Elle est à la fois espace, institution et discipline comme le souligne A.Dewerpe. Ce dernier montre que "cette concentration des travailleurs dans un seul lieu a fait l'objet de mises au point longues et d'un débat permanent dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et au XIXe siècle. Elle s'appuie sur la technique de parcellisation des opérations, elle est appelée par la division manufacturière du travail et par la décomposition des taches entre contrôle, manutention et entretien: le machinisme en fournit la règle, avec sa succession d'étapes vers l'automatisme intégral, du travail sans outil, puis avec un outil sur machine, sur machine automatique, sur système automatisé enfin. [...]
[...] Une véritable gestion du temps de met en place chez ces proto-ouvriers qui doivent concilier travail agricole et industriel, généralement en fonction du calendrier agraire. Hans Medick relève "la face de Janus de la proto-industrialisation" avec d'un côté ces ouvriers qui demeurent affiliés à la communauté rurale, en étant virtuellement déterritorialisés, dans la mesure où leur salaire est déterminé sans référence aux prix locaux, mais en fonction de la concurrence nationale et même internationale qui définit la valeur de leur production. [...]
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