En 1960, la télévision avait libéré le cinéma en prenant le relais en tant que divertissement de masse. Hollywood, qui ne se faisait pas une idée nette de ce que devait être son nouveau rôle ni de la manière de satisfaire un public de plus en plus disparate, pataugea pendant la majeure partie de la décennie. Les nababs des studios étaient morts, à la retraite ou en train de se débattre pour conserver un semblant de contrôle sur les compagnies. La confiance s'en était allée avec eux. La stratégie des péplums à gros budget, qui avait soutenu le cinéma américain pendant les années cinquante, s'effondra avec le retentissant échec de Cléopâtre (1963), le film le plus cher jamais réalisé (40 millions de dollars). Ce déficit colossal faillit provoquer la faillite de la Twentieth Century Fox. La mélodie du bonheur (1965), par contre, réalisée par 8 millions de dollars en avait rapporté 78, uniquement aux États-Unis et au Canada, et Hollywood misa toutes ses chances sur la possibilité de réitérer ce type d'exploit.
[...] L' Allemagne avait mis en place une chaine de télévision nationale en 1953. À partir du début des années soixante, elle choisit de soutenir les cinéastes en produisant des œuvres audacieuses, qui s'aventuraient hors des sentiers imposés internationalement par les États- Unis. Un grand nombre de films et de téléfilms furent ainsi produits, mais le niveau technique insuffisant de cette production limita les exportations, de sorte que l'Allemagne manqua sa percée sur le marché mondial. En France, de Gaulle, qui occupait la présidence depuis 1958, considérait le contrôle de l'État sur la télévision comme une mesure nécessaire pour contrer l'opposition à son régime qui s'exprimait dans la presse de province. [...]
[...] Des compagnies de production telles que la B.B.S. et Pressman-Williams se constituèrent, faisant brièvement naitre l'illusion que les grandes heures du cinéma américain étaient revenues. Des films destinés spécifiquement au public jeune Medium Cool, The Revolutionnary, The Strawberry Statement donnèrent même à penser qu'Hollywood pourrait s'avérer capable d'aborder de front le thème de la contestation politique, de même qu'il hésitait de moins en moins face au sexe et aux effusions de sang, comme en témoignait, par exemple, l'œuvre sauvage d'un Sam Peckinpah (La Horde sauvage, en 1969). [...]
[...] Evening News coûta 7 millions de dollars en 1969, et en rapporta 13. La nécessité d'offrir un contenu en images entraîna la télévision à gérer la production des informations. Les journalistes censés fournir de l'instantané et du spectaculaire passèrent du stade de collecteur d'information à celui de créateurs d'information ; ils la suscitaient sous forme d'évènements prévisibles et faciles à diriger tels que conférences de presse et ''coups'' publicitaires. En mettant l'accent sur les désaccords et les mécontentements, les journaux télévisés favorisèrent un cynisme et une désaffection croissants pour la politique. [...]
[...] Tous les soirs, les images des combats étaient montrées dans les journaux télévisés. Tandis que le président Johnson s'efforçait d'assurer une couverture télévisuelle de la guerre, les critiques s'interrogeaient sur le fait de savoir si la télévision avait ''introduit la guerre dans les foyers'' ou si elle l'avait banalisée et ramenée au rôle de simple interruption entre deux messages publicitaires, voire si les scènes des atrocités commises par les troupes américaines avaient anesthésié le téléspectateur, si elles avaient encouragé le mouvement contre la guerre, ou encore la violence civile. [...]
[...] Les personnages centraux se devaient de rester inchangés quels que soient les évènements survenus dans l'épisode, de façon à retrouver leur place dans l'épisode suivant. La structure avait la stabilité nécessaire pour habituer les téléspectateurs à recevoir les messages publicitaires. Les chaines s'efforçaient de conserver leur public d'une série à l'autre, en se fondant sur le principe de la ''programmation la moins désagréable'', selon lequel la majorité des spectateurs qui se contentaient de regarder la télévision sans véritablement choisir une émission particulière regardaient ce qui leur déplaisait le moins. [...]
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