En délivrant le peuple français du joug des Bourbons, en installant par sa propre volonté un « roi des barricades », la Révolution des trois glorieuses a réussi à formuler une exigence démocratique et libérale, dans laquelle le peuple des rues à travers des barricades dans tout Paris a réussi à imposer son désir de liberté. Pour autant comme le montre Maurice Agulhon, la monarchie de Juillet, le régime issu des Trois Glorieuses, semble avoir été considéré comme une péripétie, c'est ainsi que l'historiographie moderne a décrit dans un contexte marxisant cette royauté comme une royauté bourgeoise continuité de la Restauration.
De même, l'historiographie républicaine a toujours considéré 1848 comme la véritable Révolution Républicaine et a volontiers ignoré 1830 comme résurgence et matrice des idées républicaines. Pour autant la période de la monarchie de Juillet n'a-t-elle pas bien plus été une période de renouveau politique de descente du politique aux masses, de sédimentation des idées républicaines et de création d'un véritable espace public ? Ou bien le libéralisme conservateur de la monarchie de Juillet n'a-t-il pas nié complètement le peuple et la rue qui l'a mis au pouvoir ? Le problème se pose : la monarchie de Juillet est-elle une « royauté de la rue » (Armand Carrel), a-t-elle remis l'exigence de démocratie, de liberté au centre des préoccupations politique ? Ou bien en niant cette légitimité originelle de la rue n'a-t-elle pas consacré l'idée de libéralisme conservateur et la France des notables ?
L'enjeu du sujet tient dans le statut de la rue est-ce un ensemble défini dans le peuple, ou bien ne s'agit-il pas plus d'une sphère d'influence, d'une sphère d'instrumentalisation. S'il est admis que la monarchie de Juillet est issue de la rue et que la vie politique du régime est marquée par cette exigence de royauté du peuple jusqu'à 1835 (I), pour autant celle-ci niera frontalement cette légitimité de la rue dans un libéralisme conservateur qui aura peur de cette même rue et conduira à sa perte par la révolution de 1848 (II) par conséquent il s'agira d'analyser la signification de l'expression d'Armand Carrel lui-même à la fois homme politique et journaliste pour voir que la monarchie de Juillet a permis une véritable sédimentation d'un espace public et que la monarchie de Juillet a été marquée par la rue, en tant qu'elle a réussi a former un réel espace public (III).
[...] Monarchie de Juillet et presse Les débuts de la monarchie de Juillet voient se développer une cohorte de journaux et dans ce grand bouillonnement les républicains ne vont pas être en reste. Ce développement de la presse est du notamment à la libéralisation du pouvoir qui va lui donner une liberté : une simple déclaration remplace l'autorisation de la police pour publier et la diminution du taux de cautionnement et du droit de timbre permettent de publier à moindre coût. [...]
[...] Ainsi le règne de Guizot voit le triomphe du parti de la résistance dès 1840 jusqu'en 1848. Marqué par des relations conflictuelles avec l'Assemblée notamment à cause de Thiers qui n'avait pas renoncé au pouvoir, la dissolution de 1842 donne raison à Guizot, il a la majorité puisque le parlement compte en plus 149 fonctionnaires sous l'égide de Guizot. C'est ainsi que le régime va s'ancrer dans un véritable immobilisme, le débat sur l'élargissement de l'électorat va en être l'illustration, la question du suffrage universel redevenant d'actualité après les émeutes de 1839. [...]
[...] Comment dans la vie politique des premières années de la monarchie de Juillet traduit une confiscation du pouvoir par le France des notables contre la rue ? 2. Une royauté de la bourgeoisie contre la rue Par ailleurs, dans une société aux prises avec les balbutiements de la révolution industrielle, l'essor de la bourgeoisie s'en trouve accentué. C'est pourquoi on parle alors de France des notables. La société gravite autour d'un critère discriminant : l'argent, en opposition avec le déterminant de la naissance ou de la possession du sol dans l'ancien régime. [...]
[...] Pour autant même si les principaux directeurs de presse se font emprisonner tels que Carrel ou Marrast, les journaux républicains existent encore tels que le National dont Marrast prend la direction après s'être enfui de St Pélagie ou bien la réforme d'Arago. On assiste dans un même temps à l'apparition de feuilles clandestines issues de sociétés secrètes. D'autre part les évolutions de la presse grâce à Emile Girardin permettent dès 1835 de populariser celle-ci. Le bouillonnement des idées républicaines se manifeste dans une presse en expansion. Comment la monarchie de Juillet va t-elle voir la prolifération d'association ? 2. [...]
[...] Les démocrates du mouvement sont rapidement écartés du pouvoir, ce qui a pour but d'apaiser le désir de droits nouveaux. Un sentiment domine les dirigeants : la révolution de 1830 doit être la dernière. Seul le chef du parti démocrate participe au gouvernement de Lafitte. En outre, Guizot, homme politique d'inspiration libérale du parti de la résistance parle de réaction au coup d'Etat de Charles X plutôt que de révolution, ce qui tend à nuancer l'impact du mouvement populaire des Trois Glorieuses, à peine les barricades descendues. La Révolution semble avoir été instrumentalisée à des fins libérales plus qu'égalitaristes. [...]
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