« Il a laissé la France plus petite qu'il ne l'avait trouvée, soit ; mais une nation ne se définit pas ainsi. Pour la France, il devait exister. C'est un peu comme Versailles : il fallait le faire. Ne marchandons pas la grandeur. » André Malraux, Les Chênes qu'on abat, 1971. Ces quelques lignes d'André Malraux à propos de Napoléon Ier semblent indiquer que le bilan de l'Empire n'est pas uniquement à chercher dans les désastres qui ont accompagné la chute de l'Empereur, en 1814-1815. Aujourd'hui encore nous pouvons nous interroger sur ce que fut ou est toujours, la monarchie impériale de Napoléon Ier.
Le sujet propose une réflexion sur la « monarchie impériale de Napoléon Ier ». Il s'agit donc de l'analyse d'un système politique, « la monarchie impériale ». Il conviendra donc de définir ce système à travers ses caractéristiques principales : l'origine, la légitimité, la nature, les évolutions et l'exercice du pouvoir. Mais aussi l'opposition qu'il rencontre, les effets qu'il produit. L'on peut également définir un régime par l'influence qu'il exerce sur son territoire, et au-delà.
Cependant, l'exercice proposé ne saurait se limiter à cette seule analyse. Il convient de réfléchir, comme l'énoncé le suggère, aux interactions, à l'influence de Napoléon sur cette monarchie. Nous pouvons nous demander dans quelle mesure cette monarchie est celle de Napoléon, ancien Général et Premier Consul de la République, de façon exclusive, ou si elle dispose véritablement d'une existence en dehors de celle de Napoléon Bonaparte, si elle repose sur autre chose que sur la seule personnalité de son Empereur.
[...] Cette monarchie fut donc bien celle de Napoléon, exclusivement Napoléon, fondateur et unique pilier de la monarchie impériale, est donc bien, paradoxalement, sa principale limite. Cependant, si Napoléon de par la place centrale qu'il y occupe a entraîné dans sa chute la monarchie impériale, on peut se demander si cette épopée n'a pas pu avoir des effets secondaires postérieurs à sa disparition. De plus, l'on ne peut nier qu'un mythe autour de cette monarchie impériale ait nourri le XIXe siècle. De 1815 à nos jours, la monarchie impériale de Napoléon, bien qu'à jamais anéantie, demeure plus influente encore. [...]
[...] La monarchie impériale de Napoléon Ier est un régime organisé afin de concentrer les pouvoirs en la personne de l'Empereur. Il s'agit d'un régime autoritaire, et l'autorité de l'Empereur repose sur l'approbation de la Nation, via le suffrage universel masculin. L'Empereur exerce une autorité qui lui est conférée par le plébiscite. Autorité, du sanskrit ôtas la force du dieu, est à prendre dans au sens le plus large ; Napoléon profite du poids considérable donné par le repos sur une immense majorité, le peuple Il ne tire pas son pouvoir du débat, comme dans une démocratie parlementaire, mais de l'assentiment général. [...]
[...] En effet, Napoléon ne peut concevoir son nouvel Empire sans Ordre. Au nom de ce principe, le ministre de la Police, Joseph Fouché mène une politique de prévention et d'encadrement très rigoureuse. Les mouchards à l'instar du fameux Vidocq sont partout. Les prisons d'Etat permettent d'enfermer quiconque, sans jugement. Enfin, une sévère censure encadre la production intellectuelle française, Madame de Staël et Chateaubriand, entre autres, en feront les frais. De 1805 à 1809-1810, cette nouvelle monarchie poursuit la construction d'une unité nationale, entamée sous le Consulat. [...]
[...] La monarchie impériale de Napoléon Ier a donc été un régime autocratique ayant bouleversé son temps. Cependant, dès les années 1809- 1810, il apparaît nettement que cette monarchie dépend de la seule destinée de Napoléon, que ce qui fait son efficacité est également la cause de sa faiblesse, et la conduit à la ruine. Mais, malgré cet échec, ce régime exerce depuis sa disparition un rôle prépondérant dans notre représentation du monde, rôle plus important encore que celui qu'il occupait de 1804 à 1810, donnant raison à Napoléon, dans son Mémorial de Sainte-Hélène : Je puis demeurer tranquille. [...]
[...] La monarchie impériale de Napoléon a donc, de 1804 à 1809-1810, sous l'impulsion de son Empereur, profondément modifié la France et l'Europe, au profit d'une hégémonie alors à son Zénith. Cependant, nous pouvons nous demander sur quels fondements véritables repose la monarchie impériale. Cette nation réconciliée ce nouvel ordre international n'apparaissent alors possibles que par les incessantes victoires militaires sur les coalisés. Il apparaît ainsi que la solidité du régime ne repose que sur la personne de Napoléon, tant par son talent de capitaine que par les pouvoirs qu'il détient. [...]
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