Guizot est issu d'une famille protestante. Il entre en politique sous la Restauration et rencontre plusieurs personnalités (Decazes, Jordan, Serre, Royer-Collard, Pasquier, le duc de Broglie, Rémusat…) avec lesquelles il forme le groupe libéral conservateur des doctrinaires. Guizot sera en outre très actif dans l'opposition entre 1820 et 1828 (sous les gouvernements Richelieu et Villèle).
En 1830, il entre de plain-pied dans la vie politique ; il est en effet un membre quasi inamovible de presque tous les gouvernements de la monarchie de Juillet, en étant un des hommes les plus influents. Il sera ainsi Ministre de l'Intérieur (1830), ministre de l'Instruction publique (1832 à 1836), ambassadeur à Londres en 1839, ministre des Affaires étrangères de 1840 à 1848 et chef du gouvernement français entre 1847 et 1848.
François Guizot est donc un des hommes politiques les plus importants de la Restauration et de la monarchie de Juillet.
Dès lors, comment le moment Guizot constitue-t-il à la fois une étape fondamentale, novatrice dans la vision du politique en France au XIXe et un « rebutoire » pour les générations qui lui succèdent ? L'expression « moment Guizot » renvoie plus quant à elle à la nouvelle perception de la politique et de la société mise en place par Guizot qu'à une simple étude chronologique des différentes réformes qu'il a menées.
[...] B Une nouvelle perception de l'homme politique Guizot et les Doctrinaires se posent en totale rupture avec le XVIIIe siècle. Ils reconnaissent les bienfaits des Lumières, mais reprochent à la politique du XVIIIe qu'elle soit restée trop littéraire et ne touchait pas aux réalités des choses, à l'expérience politique (Rémusat) Les Doctrinaires sont donc motivés par une volonté de comprendre le monde et le transformer : ils se posent en spectateurs, mais aussi en acteurs, en savants mais aussi en philosophes. [...]
[...] Le "moment Guizot" Introduction Autoritaire par tempérament, monarchiste par goût, constitutionnel par raison et par ambition.» Ce mot d'A. Debidour (L'Encyclopédie française) à propos de François Guizot montre que celui-ci a été un personnage complexe et crucial du XIXe siècle, à l'image de la politique qu'il a menée. L'expression moment Guizot renvoie plus quant à elle à la nouvelle perception de la politique et de la société mise en place par Guizot qu'à une simple étude chronologique des différentes réformes qu'il a menées. [...]
[...] Point crucial du moment Guizot, s'il y a reconnaissance des capacités, il n'y a cependant pas de droits accordés aux capables ; les capacités sont donc perçues comme évolutives, avec les progrès de la société. La croissance et la prospérité de la société civile amèneraient donc naturellement le nombre des capables à augmenter selon Guizot. On voit donc ici clairement le paradoxe des doctrinaires : -Pour eux, un régime est stable s'il est fortement encastré dans la société. D'où la revendication d'une société civile égalitaire. -Mais un régime est également stable si on pratique l'exclusion sociale, par la notion de capacité. [...]
[...] Par ailleurs, les Doctrinaires sont profondément attachés à la séparation des pouvoirs, au régime représentatif à l'anglaise, à la décentralisation (principe d'unification sociale), à une sociologie pensée en termes de classes et de lutte des classes, à l'importance de l'opinion publique Reine du monde âme de la société civile). A l'inverse, Guizot et ses partisans nourrissent une immense méfiance à l'égard de la souveraineté populaire, source de toutes les révolutions. Cependant, derrière cette volonté de promouvoir une société civile égalitaire se cache l'affirmation par les Doctrinaires d'une société politique inégalitaire : consécration de la bourgeoisie, des classes moyennes. La notion de capacités est au centre de cette vision politique inégalitaire. L'individu peut être jugé capable ou non de prendre part à la vie politique, de voter, de s'exprimer. [...]
[...] Dès lors, comment le moment Guizot constitue-t-il à la fois une étape fondamentale, novatrice dans la vision du politique en France au XIXe et un rebutoire pour les générations qui lui succèdent ? I Une nouvelle vision de la politique et de l'organisation de la société A Une société civile égalitaire, mais une société politique qui ne l'est pas Les Doctrinaires se situent à gauche des ultras, et à droite des libéraux, incarnant ce qu'ils appelaient eux-mêmes le juste milieu entre ces deux tendances politiques. [...]
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