Le phénomène de la Révolution industrielle, qui marque tout le 19ème siècle permet l'avènement d'une nouvelle société, non plus basée sur les ordres mais sur les classes sociales : l'opposition ne se fait plus entre noble ou membre du Tiers Etat mais entre patron, bourgeois et ouvrier.
Ainsi on assiste à la mise en place d'un nouveau type de ségrégation ; une ségrégation sociologique, qui se fait en défaveur des ouvriers. Le monde ouvrier, terme qui désigne l'ensemble des travailleurs de l'industrie, apparaît alors comme une nouvelle classe, une réalité sociologique à part et totalement originale. En effet les ouvriers du 19ème viennent souvent des campagnes, il s'agit d'anciens travailleurs agricoles qui ont migrés dans les villes dans l'espoir de trouver du travail. Cependant l'absence, initialement, de toute législation en ce qui les concerne, permet tous les abus notamment en termes de temps et de conditions de travail ou encore de salaires. En réaction, les ouvriers s'organisent en mouvements pour assurer la défense de leurs intérêts et la satisfaction de leurs revendications professionnelles.
Mouvements qui seront initiés au départ par ce que l'on peut désigner comme « l'aristocratie du travail » à savoir les artisans et les compagnons qui ne seront rejoints par les masses que bien plus tard. En 1824 le mouvement ouvrier se voit reconnaître le droit de grève en Angleterre, premier signe de reconnaissance mais aussi premier signe d'ouverture vers des modes d'organisation plus élaborés de la classe ouvrière.
La France accordera ce même droit à sa population ouvrière en 1864. L'essor des grèves dans les années 70 et une période d'ouverture en faveur des ouvriers à partir de 1878 va alors véritablement permettre aux ouvriers de s'organiser en partis… ainsi en 1876 se tient le 1er Congrès ouvrier. On assiste à une même logique d'ouverture peu à peu dans toutes les nations industrialisées, avec en parallèle l'essor de mouvements ouvriers qui restent, malgré des tentatives d'internationalisation, très disparates et nationaux. Ainsi, on trouve en France dans les années 1890 plus d'une demi-12aine d'organisations ouvrières différentes : marxistes, possibilistes et anarchistes, partisans de Guesde, Allemane ou Blanqui…
On peut dès lors se demander en quoi la grande diversité qui caractérise le monde ouvrier du 19ème siècle est à l'origine de modes d'organisations dont les objectifs sont eux-mêmes très disparates.
Les ouvriers s'organisent tout d'abord pour développer de nouvelles formes de solidarité au niveau local.
Par ailleurs, les idées anarchiques, marxistes et socialistes font naître des modes d'organisation opposées au capitalisme libéral, collectives et globales.
[...] En Europe, la construction d'une identité ouvrière semble plus aisée. Dans la mythologie ouvrière européenne principalement, le 1er mai, dont l'origine vient de la grande manifestation du 1er mai 1886 à Chicago est à cet égard une date importante, qui contribue à la formation d'une conscience de classe. Il symbolise en effet l'histoire des luttes contre un patronat longtemps tout-puissant et devient le jour symbole de l'action ouvrière. La tradition de lutte fait d'ailleurs partie intégrante de la construction d'une identité ouvrière, à travers la grève principalement. [...]
[...] Même si leur action reste très marginale, on ne peut pas nier les tentatives visant à faire émerger un syndicalisme ouvrier catholique, avec par exemple l'encyclique de Léon XIII en 1891, Rerum Novarum. Bibliographie Georges Duby (dir.), Atlas historique, Larousse Atlas historique, Stock Jacques Droz (dir.), Histoire générale du socialisme, Paris, PUF, tome [1ère éd. : 1972] Christophe Charle, Histoire sociale de la France au XIXe siècle, Paris, Seuil Gérard Noiriel, Les Ouvriers dans la société française XIXe-XXe siècle, Paris, Seuil Michel Launay, Le syndicalisme en Europe, Paris, Imprimerie nationale Jean-Louis Robert (dir.), L'invention des syndicalismes. [...]
[...] L'implantation ancienne du syndicalisme favorise donc la création de partis ouvriers socialistes. En revanche, les partis socialistes rencontrent de grandes difficultés dans les pays où l'économie est essentiellement agricole, comme en Italie ou en Russie. À la suite de la naissance de ces socialismes naît dès lors une vie partisane ouvrière intense. Les partis socialistes adoptent en effet un fonctionnement démocratique, où les congrès jouent un rôle de grand-messe. La SFIO est fondée sur un ancrage local très important et un contrôle des dirigeants par des mandataires issus des militants. [...]
[...] En second lieu, les idées anarchiques, marxistes et socialistes font quant à elles naître des modes d'organisation opposées au capitalisme libéral, collectives et globales. Tout d'abord, le syndicalisme, très hétérogène, se développe face à la libéralisation des sociétés européennes. Cependant, jusque aux années 1860, le mouvement ouvrier ne peut donner naissance à des syndicats en raison des législations répressives. En France, la loi Le Chapelier de 1791, renforcée par une loi de 1834 symbolise cette législation. Ce n'est qu'avec la loi Waldeck Rousseau de 1884 que les syndicats professionnels entrent dans un cadre légal. [...]
[...] Cela peut s'expliquer par la structure sociale, car l'anarchisme se développe principalement chez les artisans et les ouvriers agricoles, davantage que chez les ouvriers d'usine. C'est aussi ce qui explique la faveur des idées anarchiques en Russie. L'anarchisme se développe aussi au Canada et aux Etats-Unis autour de Buies. La Création de l'organisation les Chevaliers du Travail, Knights of Labour, au Québec et aux Etats-Unis, dans les années 1860, permet également de ressembler de plus en plus d'ouvriers, délaissés par les syndicats de métiers ouvertement corporatistes. [...]
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