"On doit laisser pousser ses ongles pendant quinze jours. Oh ! comme il est doux d'arracher brutalement de son lit un enfant […] Puis tout à coup, au moment où il s'y attend le moins, d'enfoncer les ongles longs dans sa poitrine molle, de façon qu'il ne meure pas ; car, s'il mourait on n'aurait plus tant l'aspect de ses misères. En suite on boit le sang en léchant les blessures ; et, pendant ce temps qui devrait durer autant que l'éternité dure, l'enfant pleure.", Lautréamont dans les chants de Maldoror, 1869.
La violence livrée en pâture par Lautréamont à ses lecteurs dans ce passage est-elle stigmatique de la société du 19e ? L'écriture et la lecture servent souvent de catharsis pour l'esprit humain, aussi on peut supposer que de telles paroles répondaient à un certain sentiment, à une certaine attente partagée par les contemporains et qu'elles reflètent peut-être même l'esprit de la fin du 19e.
[...] Modernisation et Violence en Europe et aux Etats-Unis à la fin du 19e siècle On doit laisser pousser ses ongles pendant quinze jours. Oh ! comme il est doux d'arracher brutalement de son lit un enfant [ ] Puis tout à coup, au moment où il s'y attend le moins, d'enfoncer les ongles longs dans sa poitrine molle, de façon qu'il ne meure pas ; car, s'il mourait on n'aurait plus tant l'aspect de ses misères. En suite on boit le sang en léchant les blessures ; et, pendant ce temps qui devrait durer autant que l'éternité dure, l'enfant pleure. [...]
[...] C'est le moment de l'apparition des discours sur le Volk dont ne font pas parti les juifs, qui sont définis comme inférieurs d'après des théories raciales comme celles d'Arthur Gobineau en France ou de Houston Stewart Chamberlain (gendre de Wagner). Ainsi, l'antisémitisme monte à la fin du 19e, avec pour emblème l'Affaire Dreyfus, et s'accompagne d'actions et de discours violents aux impacts politiques et sociaux, c'est la violence venant du peuple et s'exerçant sur une partie de la population à partir de théories raciales. A l'opposé de ces mouvements antisémites et nationalistes, se développe dans les trente dernières années du 19e l'anarchisme qui connaît un franc succès dans les couches populaires en France, Italie (du Nord), Espagne et Russie. [...]
[...] L'anarchisme a été à la fin du 19e le signe de l'irruption des masses populaires dans la vie politique (cf la commune de paris), ce fut une réaction du prolétariat face au capitalisme devenu impérialiste. Ce mouvement est empli de violence que ce soit de par les valeurs qu'il prône ou bien par la façon de mener ses actions (arme au poing). L'insertion dans l'activité syndicale de l'anarchisme lui permit de ne pas se limiter à une impasse totale. Les syndicats prennent de l'importance à la fin du 19e, car la montée du capitalisme engendre une violence envers les ouvriers dont ils se font les défenseurs. [...]
[...] Madagascar connu aussi des luttes d'influence entre Français et Anglais, qui aboutit en 1884 à la signature d'un protectorat vague en faveur de la France. Mais ce traité était insuffisant, les crises continuèrent et menèrent à une expédition militaire violente en 1885 permettant l'établissement d'un protectorat plus strict. En 1896 c'est l'annexion de Madagascar qui donnât lieu à la pacification et à la mise en valeur de l'île sous l'égide du général Gallieni. La plupart du temps, les conflits sont résolus sans problèmes majeurs ou bain de sang. [...]
[...] Ces changements amènent le peuple à agir à travers des mouvements politiques (nationalisme et antisémitisme, anarchisme, syndicalisme) et les intellectuels de l'époque retranscrivent cette violence (Verga, Lautréamont), le peuple s'exprime avec violence et véhémence soit contre l'Etat et ses politiques qu'il désapprouve, soit contre une partie de la société. La modernité a donc apporté de nouvelles violences avec elle, cependant, la fin du 19e est aussi un épisode qui permet de canaliser cette violence par le biais du sport. En effet, le football, par exemple, apparaît comme un moyen permettant aux masses d'évacuer leurs pulsions à travers l'exercice physique. [...]
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