« L'histoire des villes au XIXe siècle est une maladie ». C'est du moins ce qu'affirme l'historien de l'art Pierre Lavedan. Il suffit de comparer une grande ville européenne sous l'ordre de Vienne et à l'aube de la Première Guerre mondiale pour constater qu'un bouleversement est apparu dans l'Europe urbaine lors du second XIXe siècle. En effet, la « maladie » à laquelle fait allusion Lavedan est héritée de l'industrialisation, c'est un certain archaïsme des grandes villes européennes dans leur construction. Dans La Curée, Zola parle d'un Paris « haché à coup de sabre, les veines ouvertes… » pour désigner les grands travaux d'aménagement qui ont lieu dans la ville. La maladie des villes est donc l'archaïsme, auquel un remède sera trouvé dans la politique de grands travaux, dans l'urbanisme. Ce terme est d'ailleurs employé pour la première fois par Idefons Cerdà, chargé des travaux de la ville de Barcelone, dans La teoria general de la urbanizacion (1867) pour désigner l'aménagement concerté de l'espace urbain.
Comment l'urbanisme a-t-il permis aux grandes villes européennes de se moderniser, jusqu'à permettre de repenser la ville ?
[...] Napoléon III est le véritable instigateur de la modernisation de Paris et des grandes villes françaises. Son exil à Londres et, son anglophilie s'expriment dans l'influence anglaise que l'on retrouve dans certains hôtels particuliers rue de Prony ou aux abords de l'Élysée disposant de cours anglaise mais surtout dans les squares haussmanniens et les parcs d'inspiration toute britannique (Montsouris, Monceau). Haussmann, nommé préfet de la Seine en 1853 est chargé d'orchestrer la modernisation de Paris. L'aspect majeur de la modernisation parisienne est la percée de larges avenues bordées d'immeubles haussmannien Ces percées ne sont pas anodines, elles ont pour but de désengorger le centre et de faciliter les transports, ont un aspect esthétique et expriment une volonté de renouveler en partie l'habitat insalubre du centre. [...]
[...] Ajoutons aussi que cette forte demande d'emploi dans les villes peut être due à la centralisation administrative. Par exemple, Strasbourg, une fois annexée, devient capitale de Reichlang et est dotée d'une fonction administrative et militaire ; de 1880 à 1910, sa population passe de 69000 à 110000 habitants. Autre élément, la révolution des transports participe à l'expansion des villes. Les canaux navigables, les bateaux à vapeur, les nouvelles routes depuis Macadam ; mais surtout le train accroissent la mobilité des Européens et favorise leurs migrations. [...]
[...] Le progrès technique permet de repenser la ville, la ville devient un lieu de projet et d'innovation. L'urbanisme n'est plus une conception rationnelle de l'organisation des villes conformément à une volonté politique, mais un projet esthétique, technique et utopique. Il s'agit de façonner la ville La ville orgueil de la nation La ville et notamment les capitales deviennent des vitrines des métropoles à la tête de vastes Empires coloniaux. C'est un lieu d'étalage de la richesse et d'expression des rivalités entre puissances mondiales. [...]
[...] Pour permettre ces changements, les villes comblent leurs fossés ou rasent leurs fortifications. Dans La situation de classe laborieuse en Angleterre (1845), Engels nous donne une description du centre de Manchester assez édifiante : les rues, même les meilleures, sont étroites et tortueuses, les maisons sont sales, vétustes, délabrées, et les rues adjacentes tout à fait hideuses. [ ] Mais ce n'est encore rien en comparaison des ruelles et des arrière- cours où l'on accède par des boyaux étroits et couverts où deux personnes n'ont pas la place de se croiser De nombreux problèmes émergent Dans les grandes villes européennes, il n'y a pas encore de système de canalisation ou d'évacuation des déchets. [...]
[...] La résurgence du gothique : cet art n'est plus apprécié pour sa valeur historique (période romantique), mais des hommes tels que Viollet-le-Duc invitent à reconsidérer ce mouvement comme un modèle intellectuel. Il trace un parallèle entre le squelette de pierre apparent des constructions gothiques et l'utilisation de l'acier dans les constructions métalliques. Exemples : Antonio Gaudi et la Sagrada Familia à Barcelone (1882-1926), œuvre dense (multitude de détails) et étrange, l'innovation majeure vient du fait que l'architecture devient un moyen d'expression personnel. [...]
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