« On résiste à l'invasion des armées, on ne résiste pas à l'invasion des idées ». Cette citation de Victor Hugo illustre bien l'irrésistible mouvement de modernisation politique qui caractérise l'Europe et les Etats-Unis du second dix-neuvième. En effet, après 1848 et le mouvement des nationalités, un formidable élan de démocratisation s'empare de l'Europe et marque le début d'une modernisation politique qui va peu à peu s'étendre et se diversifier. Désirée par une majorité, cette modernisation rencontre malgré cela de nombreuses oppositions ; des résistances très diverses qui vont quelque peu freiner le processus de modernisation sans néanmoins le bloquer.
Par modernisation on entend ce qui est nouveau, sans jugement sur le positif ou non de ces nouveautés. Résister c'est s'opposer à la nouveauté de manière passive ou active (...)
[...] Ils n'ont en effet par intérêt à soutenir des réformes politiques qui remettraient en cause leur mode de vie et d'existence. C'est pourquoi les propriétaires terriens du Sud des Etats Unis s'opposent au vote des Noirs, car leur existence politique remettrait en cause leur exploitation par eux. Cependant, et c'est ce que nous allons voir dans cette troisième partie, la résistance à la modernisation politique a des limites dans la mesure où c'est une modernisation considérée par la plupart comme nécessaire et bénéfique à l'ensemble de la société. [...]
[...] Les italiens, par exemple, réagissent de façon hostile et ne prennent plus part à la vie politique sous leur slogan ni élus, ni électeurs jusqu'aux années 1870. Les Français, bien que choqués, s'adaptent peu à peu à la laïcisation de la vie politique. Il se développe aussi en Europe un antisémitisme fort, qui vise à exclure les juifs de la vie politique car ils représentent la modernisation du corps politique. L'antisémitisme est un des plus anciens mouvements de rejet et de discrimination du monde, mais le une nouvelle forme se développe pendant la seconde moitié du XIXe siècle. [...]
[...] Or, les blancs sont les seuls capables de juger de ces aptitudes. La ségrégation règne aussi dans la vie quotidienne : elle touche les écoles, les moyens de transport, les hôpitaux, les restaurants. Les mariages mixtes sont interdits. La ségrégation sera même reconnue par la Cour suprême en 1896. Les femmes sont aussi touchées par ces résistances. Elles sont victimes d'une longue sujétion : considérées comme mineures, elles sont totalement soumises à leur mari, elles ne peuvent travailler ou gagner de l'argent, gérer leurs biens. [...]
[...] Elle est alors obligée de se moderniser ce qui ne fait qu'affaiblir sa puissance. En Russie les évènements de 1905 et les mutineries de la flotte poussent Nicolas II à accorder une assemblée législative (la Douma) et un droit de suffrage (bien que restreint). Le suffrage universel est bientôt répandu dans l'ensemble de l'Europe (Hongrie 1913, Autriche 1906). On assiste donc au déclin inévitable de l'aristocratie dans l'ensemble de la vie politique où les postes reviennent désormais aux roturiers (mis à part la diplomatie). [...]
[...] Les femmes, les Noirs et les ouvriers voient quant à eux se développer une intransigeance radicale de la part des élites, des classes moyennes naissantes et de la paysannerie quant à leur accès aux droits politiques ou à l'élargissement de leur citoyenneté. Cependant, comme l'exprime Hugo dans sa citation on ne peut arrêter des idées. C'est pourquoi, à la veille du conflit mondial, il semble que les sociétés aient intégré les changements politiques face à des résistances qui doivent s'effacer. La question des femmes n'est cependant pas résolue avant 1944 en France par exemple ! [...]
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