Mobilisations paysannes, Vème République, politique agricole, motorisation des campagnes, agriculture
A partir des années 1950, la paysannerie qui, après les guerres et les crises des années 1930 a pris petit à petit conscience de l'écart qui la sépare du reste de la société, entre dans une importante mutation qui en vient à remettre en cause son existence même.
Le rythme lent des évolutions antérieures est brutalement rompu. La modernisation rapide des techniques agricoles permet d'énormes gains de productivité et pour ne pas dans le même temps perdre pied, les exploitants doivent s'intégrer à l'économie englobante, avec pour corollaire l'augmentation de la production mais aussi un très fort endettement.
Cette mutation, que l'on pourrait qualifier d'extraordinaire, qui a commencé dès la IVème République, se poursuit avec l'entrée dans la Vème à partir du 4 octobre 1958 et entraîne également dans son sillage de nombreuses mobilisations, qui se poursuivent encore aujourd'hui.
[...] L'ambiguïté des relations entre les paysans et le pouvoir L'attitude des paysans vis-à-vis du pouvoir est ambiguë. Effectivement, même s'ils s'en méfient, ils compte pourtant énormément sur lui. Il ne faut pas considérer les mobilisations comme une remise en cause et une contestation du régime, seulement comme un appel à l'aide. Ils s'adressent à l'État comme à un employeur car leurs revenus dépendent grandement de lui. Les paysans bénéficient d'importants transferts financiers. La moitié des ressources de l'agriculture ne proviendraient pas de l'activité des agriculteurs mais dépendraient des décisions de la puissance publique. [...]
[...] La motorisation des campagnes Le symbole de la modernisation des exploitations est la progression du nombre de tracteurs. La traction animale est en voie de disparition. En 1950, le nombre est estimé à ; cinq ans plus tard, il y en a environ et au milieu des années 1960, le million est atteint. En une dizaine d'années, l'agriculture s'est modernisée. Pour ce qui est des moissonneuses-batteuses, on en compte 4500 en 1950 et plus de dans les années 1960. C'est une adoption rapide et générale, qui peut surprendre car jusqu'alors les innovations avaient été lentes à s'imposer. [...]
[...] Si on prend le blé, ils passent de 25 quintaux à l'hectare en 1959-1961 à 66 en 1990. Pourtant, la part de l'agriculture dans l'économie nationale ne cesse de diminuer parce que les prix agricoles augmentent moins vite que ceux de l'industrie ou des services. En 1991, elle représente du PIB marchand contre en 1970. Ensuite, on note une évolution dans les systèmes de culture. On est passé de la polyculture traditionnelle à des exploitations axées sur deux ou trois spéculations. Le capital qu'il faut mettre en œuvre s'est accru, il a plus que triplé depuis 1960. [...]
[...] En ce sens, il semble mieux de parler non pas de plusieurs mobilisations mais d'une seule, regroupant des intérêts communs. Les transformations sont telles qu'il est impossible de revenir en arrière, comme l'imaginent certains écologistes ou certains nostalgiques. Désormais, le paysan français est inséré dans le jeu du crédit bancaire et signe des chèques, il se déplace en automobile et ceux qui se plaignent sont toujours les plus petits, vulnérables aux variations de la conjoncture. Les organismes qui le regroupent sont presque toujours entre les mains des plus puissants alors que les petits à la limite de la précarité sont en première ligne pour manifester. [...]
[...] Elles doivent avoir un effet de démonstration, ce qui explique qu'elles ressemblent à des défilés militaires où les tracteurs remplaceraient les chars d'assaut. L'amélioration des performances en matière de production agricole pose de nombreux problèmes que tous les paysans ne sont pas prêts à affronter. De ce fait, les mobilisations restent très présentes. Les paysans toujours à la recherche d'un équilibre La vie des paysans s'est-elle améliorée? En un quart de siècle, les exploitants ont eu à faire face à des bouleversements économiques et sociaux sans précédent. [...]
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