Par sa nature, sa durée, son caractère mondial, toutes les mobilisations qu'elle a induites, initiées, conditionnées, la Première Guerre mondiale peut être qualifiée de guerre totale. Son impact ne s'est pas limité à l'horreur de la mort de masse, des combats et des destructions, il a concerné toutes les sociétés en guerre, a fortiori, la société française. Civils et militaires, hommes et femmes nul n'a été épargné de quelque manière que ce soit par ses effets. Jusqu'aux enfants dont l'univers a été particulièrement brutalisé. En effet, dans ses aspects totalisants, la guerre a envahi l'univers enfantin, intégrant les enfants au conflit et à sa culture de guerre (...)
[...] Il y a l'importance du thème du dévouement dans la littérature catholique à destination des enfants et des jeunes. Il y a également des pratiques de mortifications enfantines pratiquées dans certaines écoles catholiques comme journées réparatrices à l'intention de la France et des ses alliés heures de silence offrande de travail et trésor de prières qui furent imposées aux élèves. Né alors l'idée de la croisade des enfants qui consiste à une mobilisation de prière des enfants pour la victoire de la France et le salut éternel de ceux qui meurent pour elle. [...]
[...] Les noms de ces nouveaux venus indiquent clairement la perspective choisie : le premier à paraître, le 12 Décembre 1914, fut Les Trois Couleurs, dont le titre se détache sur une manchette tricolore portant en sous titre : Episodes, contes et romans de la grande guerre La présentation, au revers est sans ambiguïté Notre journal est placé sous l'égide du drapeau tricolore : bleu comme le ciel de France, blanc comme notre conscience de braves gens lâchement attaqué par les Germains, rouge comme le sang pur des braves soldats qui vont nous faire une France plus grande, plus belle, un monde enfin libéré de la tyrannie prussienne Cependant, la prolongation du conflit provoque une usure certaine. Nous le constatons dans les loisirs ainsi qu'à l'école. C'est à partir de 1916 dans des magazines pour enfants comme Le Bon Point Amusant, Le Cri-Cri, L'Epatant, que la place consacrée à la guerre recule significativement. Cette usure relative de l'encadrement de l'enfance est également sensible à l'école. A partir de la rentrée 1916, l'obsession guerrière recule. L'enseignement s'éloigne de la guerre et tourne le dos aux recommandations initiales. [...]
[...] Le soutien de l'église. Une des préoccupations de l'église en matière de mobilisation enfantine avait trait à l'organisation de la prière des enfants pour la victoire nationale. En effet, l'église martèle l'idée de l'efficacité patriotique particulière de la prière des enfants, qui n'ayant rien à expier pour eux même peuvent d'avantage que les adultes prêcheurs fléchir le tout puissant. L'église participa pleinement à l'idée d'un nécessaire dévouement patriotique de l'enfance, c'est avant tout la notion de sacrifice qui l'intéresse dans les mobilisations juvéniles. [...]
[...] Charles Moreau Vauthier et Guy Arnoux n'hésitèrent pas à publier une nouvelle version du Petit Chaperon qui a pour intérêt de présenter une version de la guerre qui fait de la France la puissance attaquée en premier, à la rescousse de laquelle tout le monde accourt. Cette volonté d'inscrire la guerre dans l'univers de l'enfance se mesure également dans la littérature périodique. Celle-ci, moins coûteuse que les livres et les albums illustrés, était plus accessible aux enfants des classes populaires, et donc, en ce sens, plus représentative. [...]
[...] Mais cette tendance à la militarisation des enfants qui débute dès 1914 semble cependant s'essouffler avec la prolongation du conflit. Nous allons donc voir maintenant comment de victime de ce discours de guerre, l'enfant va passer à un statut de véritable acteur de la mobilisation et propagande. II l'enfant acteur d'une mobilisation patriotique Les enfants dans la guerre économique Dans toute l'Europe, le bouleversement de l'univers enfantin est immédiat dès les premiers jours de la guerre. Bouleversement familial d'abord, avec le départ des pères, et des hommes en général. [...]
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