Je vais essayer de procéder ici de la même façon pour analyser le pavillon du Mexique à l'Exposition Universelle de Paris en 1889. Pour ce faire je vais réaliser l'étude dans le sens inverse de celui énoncé par Barthes, en commençant par la cible. Ici, le Mexique est l'objet de la photographie. Je vais étudier comment le Mexique de Porfirio Díaz se voit lui même et comment il veut être perçu (le "petit simulacre"). Ensuite, vient le "spectator". Même si le choix peut sembler étrange, le spectator sera ici l'ensemble des mexicains (hormis l'élite politique porfirienne). Il est spectator car il ne joue pas un rôle actif dans l'Exposition Universelle. Quel regard porte-t-il sur le pavillon mexicain à Paris ? Finalement, nous étudierons "l'operator". Ici, operator, c'est la France. Nous nous pencherons sur deux aspects du regard français, celui de l'Etat en tant qu'organisateur de l'Exposition Universelle, puis finalement le regard dépaysé du visiteur
[...] Les Expositions Universelles sont intéressantes du point de vue interculturel car chaque nation vient y vendre une image d'elle même. Cependant cette image n'est pas monolithique. Rolland Barthes décompose les regards que l'on porte sur une photographie de la manière suivante : [ ] une photo peut être l'objet de trois pratiques (ou de trois émotions ou de trois intentions) : faire, regarder, subir. L'operator, c'est le photographe. Le spectator, c'est nous qui compulsons dans les journaux, les livres, les albums, les archives des collections de photos. [...]
[...] Un journal qui était très critique au sujet de la représentation mexicaine à l'Expositon Universelle s'appelait El hijo del Ahuizote. Pour ce journal, le pavillon mexicain à Paris n'a pas atteint son but (celui de donner une image moderne du Mexique, appuyée par d'immenses ressources naturelles). Ce pavillon n'était qu'un prétexte pour couvrir la corruption qui rongeait le pays. Les textes écrits pour dénoncer cette mascarade était souvent amusants, bien écrits et toujours incisifs. Je vais prendre un exemple du journal El hijo del Ahuizote et deux autres de El Diario del Hogar cités par Tenorio-Trillo[9]. [...]
[...] Le pavillon du Mexique de Porfirio Díaz L'image attrayante qu'avait réussi à dégager le Mexique lors de l'Exposition Universelle de Paris en 1955 fut enterrée avec le très court et quasi anecdotique empire de Maximilien au Cerro de las Campanas en 1867. En participant à l'Exposition Universelle de 1889, le Mexique avait là une opportunité de démontrer qu'en s'appuyant sur un passé glorieux et riche de ses inépuisables ressources naturelles, la nation avait su rentrer dans le chemin de la paix, de la liberté et du progrès, sous l'égide du président Díaz Un tel discours de stabilité et de richesse devait se cristalliser dans le bâtiment qui représenterait le Mexique aux yeux du monde (en commençant par le public parisien) afin d'attirer le plus grand nombre d'investisseurs étrangers possibles. [...]
[...] le Mexique de Porfirio Díaz, en sortant des "montagnes" mexicaines pour aller sur la "plaine" du champs de Mars, cherchait à mieux se connaître en jugeant mieux sa modernité à travers le regard de l'autre, en l'occurrence la France du haut de sa tour Eiffel flambant neuve. ORY, Pascal, L'exposition Universelle de 1889 éd. Complexe 1989, p ORY, Pascal, L'exposition Universelle de 1889 éd. Complexe 1989, p BARTHES, Rolland, La chambre claire : notes sur la photographie», Paris, Gallimard, Ed de l'Etoile Catalogue de l'exposition : La torre Eiffel en México Museo universitario del Chopo mars-3 mai 1992. TENORIO-TRILLO, Manuel, “Mexico at the World's Fairs: Crafting a Modern Nation”, UCP, California p Progrès, qui était au centre de l'attention lors de cette Exposition Universelle. [...]
[...] La construction et la décoration du palais néo-aztèque fut un exercice de style assez complexe à réaliser, car elle devait répondre au double but que la délégation mexicaine s'était proposé : reconstituer la gloire de la civilisation préhispanique et refléter en même temps une image de nation progressiste dotée d'infinie ressources naturelles. Une telle réalisation relève du grand écart artistique. Pour assurer la bonne compréhension par le public des œuvres exposées, Peñafiel eut pour tâche de rédiger un livret explicatif pour commenter l'iconographie du palais aztèque. [...]
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