Ce travail s'appuie sur l'ouvrage de Françoise Lauwaert : Le meurtre en famille : Infanticide & parricide en Chine aux XVIIIe et XIX siècles. L'étude du droit sous la dynastie des Qing permet de mettre en évidence une autre conception du droit, basé sur un système de valeurs très différent du nôtre. Le droit chinois est régi par la loi du Père qui structure les relations familiales et sociales. J'ai choisi ici de me concentrer exclusivement sur l'infanticide, après avoir exposé quelques notions nécessaires à la compréhension de l'organisation de la société chinoise à l'époque.
[...] Lorsqu'une blessure a été infligée en un endroit sensible, qui présente un danger de mort, celle-ci ne doit pas mettre plus de 10 jours à venir. Ces critères ne sont plus de mise si la victime a gravement offensé ses parents (en les injuriant ou les frappant par exemple). Dans ce cas, le statut des victimes change, et les rôles sont inversés : l'enfant victime de l'infanticide devient criminel car il a porté atteinte à la figure paternelle, tandis que le parent criminel acquiert un statut de justicier car il rétabli l'ordre en punissant sévèrement l'enfant fautif. [...]
[...] Les Chinois entendent par lien naturel la relation spontanée et inconditionnelle qui s'établit entre l'enfant et ses géniteurs. Ce lien social naturel s'exprime de la façon la plus pure dans le couple père- fils ; le fils est lié à ses parents par des liens insécables. Ainsi, découlent toute une série d'obligations des enfants envers leurs parents, et en particulier du fils à l'égard de son père. Sur les épaules du fils pèse le poids d'une dette infinie envers son père. [...]
[...] Première classe : regroupe les membres familiaux pour lesquels est prescrit la plus longue durée de deuil : le père et la mère, ceux à qui il faut porter un deuil de 3 ans (27 mois en réalité, avec de lourdes obligations) ainsi que les aïeux paternels, auxquels est dû un deuil de moindre durée mais qui sont inclus dans cette même catégorie par les juristes Deuxième classe : les parents pour lesquels est porté un deuil d'un an, c'est-à-dire les collatéraux proches, la femme et les enfants Troisième classe : regroupe les trois dernières catégories de deuil ( et 3 mois) Les châtiments Ce que la justice chinoise condamne avant toute chose, c'est le désir criminel plus encore que l'acte, car c'est de là que germe le mal qui déchire la société Les personnes qui s'écartent des rôles qui leur sont impartis dans le cadre de la famille détruisent la société, et pour cela ils doivent êtres châtiés. Le crime constitue une déchirure symbolique. [...]
[...] Le fils qui leur a prêté sons bras s'expose en revanche à des châtiments d'une extrême rigueur et paie son obéissance de sa liberté ou de sa vie. En réponse à un acte de rébellion contre l'autorité paternelle ou maternelle, qui est ressenti comme un meurtre symbolique, est perpétré un meurtre bien réel. Ainsi, le fils se trouve dans une situation ambiguë : il peut soit obéir aux ordres de son père qui lui demande d'exécuter le meurtre d'un frère ou d'une sœur, soit désobéir et commettre ainsi un meurtre symbolique envers l'autorité paternelle. [...]
[...] Ceux qui les tueront à dessein (pour que l'on qualifie ainsi le crime, il faut que la victime n'ait pas désobéi aux ordres) seront condamnés à 60 coups de bâton et à un an de servitude pénale. On remarque qu'aucune condamnation à mort n'est prévue, contrairement aux châtiments concernant le parricide. L'obéissance La notion d'obéissance est cruciale : dès lors qu'un enfant désobéit à ses parents, ceux-ci ne peuvent plus être inculpés de meurtre s'ils le tuent délibérément ou avec préméditation. [...]
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