Méthodes et usages, sources de l'historien contemporanéiste, École Méthodique, Annales, travail de l'historien, objets d'études, nouvelles techniques
« Ce n'est plus l'Histoire, mais les histoires » disait François Dosse dans L'histoire en miettes. Des « Annales » à la « nouvelle histoire » en 1987. L'histoire ne s'écrit jamais de manière absolue, elle n'est que l'ensemble des représentations de l'historien du fait historique. Chaque historien a sa manière de dire l'histoire. Cette citation renvoie aussi à un côté sombre de l'histoire contemporaine : les sources y sont démultipliées par les nouvelles techniques et l'historien voulant
absorber toutes les sciences sociales, risque d'y perdre son esprit de synthèse par le surnombre des objets d'études.
L'histoire contemporaine est une discipline qui repose en effet sur une abondance de sources plus importante que pour les autres périodes de l'histoire. Les sources (manuscrites, tapuscrites, imprimées, audiovisuelles) se distinguent des travaux (constituant l'historiographie). L'historien doit alors adapter ses méthodes pour faire bon usage de ses sources. Les « méthodes et usages des sources » renvoient donc à savoir comment questionner la source, comment déduire l'intention de l'auteur, comment recouper l'objet avec d'autres documents historiques, comment l'utiliser dans le cadre de la cuisine de l'historien. On distingue donc deux étapes dans ce travail : la méthode qui consiste à critiquer la source, puis l'usager, donc l'utiliser, dans le cadre de la recherche que s'est donnée l'historien. Autrement dit, ce sujet renvoie au travail concret de l'historien chercheur qui doit parvenir au final, si l'étude est bien conduite, à faire parler sa source. Mais il n'y a jamais une seule méthode et un seul usage des sources.
[...] Comment l'historien doit-il interpréter cette intention ? Il peut conjecturer que la guerre était filmée de derrière pour éviter de choquer. Pour terminer cette sous-partie, il est important de rappeler que la guerre a été accélérateur de l'accroissement du nombre d'images pour l'historien, caractéristique de l'abondance des sources au XXe siècle. En effet, ceux qui écrivaient l'histoire n'étaient plus issus des élites, ils venaient d'en bas : Marc Bloch prenait des photos amateurs en se prêtant l'un des six millions d'appareils circulant clandestinement à travers les lignes malgré la censure. [...]
[...] L'historien fait aujourd'hui l'histoire de tout, à tel point qu'on peut observer un renouvellement historiographique d'une année à l'autre : on fait l'histoire des mentalités, l'histoire de soi-même (ego-histoire de Duby), du matériel (villes, vêtements . Ceci peut laisser croire que l'histoire est devenue bien plus ouverte. Or, on peut parler de crise le l'histoire. Le chercheur est aujourd'hui noyé par les sources à cause de l'éclatement de la discipline. Gérard Noiriel le montre bien dans Sur la crise de l'histoire : la productivité n'est pas en crise mais plutôt l'innovation de la discipline. L'histoire a éclaté, il suffit de voir les historiens qui se confrontent constamment entre eux pour le prouver. [...]
[...] Au départ, l'image n'est pas une source mais un appui de l'écrit. Aujourd'hui, c'est une source légitime très répandue répartie dans divers fonds (ECPAD, INA . Comment l'étudier ? L'historien doit remettre l'image dans son contexte précis. Il ne doit pas adhérer au référent, garder une distance, surtout face aux photos qui choquent. Il faut analyser l'auteur (biographie, parcours, statut), sont but mais aussi l'aspect technique : tout comme la critique externe d'un livre, il convient d'étudier le support utilisé. [...]
[...] Il doit critiquer et raisonner ses sources, en professionnel. Mais les obstacles ne sont pas inexistants : crainte du parti pris, sur-interprétation, fausseté des sources, limites d'accès à celles-ci, multiplications des objets d'études et des mémoires menant à un éparpillement de morceaux d'histoire . l'historien, qu'il soit spécialiste de la période contemporaine ou d'une autre, doit faire face à de nombreux obstacles et parfois se résigner. Les usages et les méthodes des sources de l'historien contemporanéiste sont limités mais en constante évolution, repris sur de nouvelles bases pour de nouvelles questions. [...]
[...] Tout le danger est d'apporter des chiffres sans les étudier, les commenter. E.Durkheim dans Le Suicide, utilise les statistiques pour suivre une évolution dans le temps des faits sociaux. Mais en histoire, l'emploi des statistiques doit tenir compte des variabilités (locales, régionales etc.) et les pourcentages doivent être précis. Tout ceci nous amène à conjecturer que de manière générale, l'abondance des sources ne doit pas amener l'historien à une soif exagérée de la connaissance. Dans le cas de l'historien contemporanéiste, certaines sources ont radicalement changé sa manière de travailler. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture