En août 1944, la France était l'une des zones de combat les plus intenses dans le conflit qui opposait armées alliées et allemandes, dans le cadre de la seconde guerre mondiale. Alors que les premières progressent sur le sol français depuis la réussite de l'opération « Overlord » le 6 juin 1944, la retraite des secondes devient de plus en plus précipitée au fur et à mesure que l'avancée alliée se fait plus inéluctable : au début du mois d'août ; la ville de Paris commence à être cernée par le sud. En règle générale, les forces de l'Allemagne nazie reculent sur tous les fronts, rendant sa défaite quasi-inévitable. Ainsi, dans ces circonstances de grands bouleversements, une certaine atmosphère de chaos doublé d'une grande euphorie de la part de la majorité de la population. Cependant cet état de fait est vite pallié par l'action des autorités américaines mais aussi de celles de la « France libre » du général de Gaulle qui, au travers du Gouvernement Provisoire de la République Française (GPRF), parvient à restaurer son autorité républicaine dans les territoires à mesure qu'ils sont libérés. Dans le même temps, l'autre administration considérée comme légitime, celle du régime de Vichy du Maréchal Pétain, se dissout de l‘intérieur face aux évènements. En effet, la libération du territoire français condamne d'office « l'Etat français » et l'intégrité de son territoire appelé la « zone libre », en fait le sud de la France, coupé du reste du pays par une ligne de démarcation qui trace grossièrement une ligne Lyon - Poitiers. La déliquescence de ce régime est déjà fortement développée en août 1944 car la zone libre est de fait occupée par les Allemands et placée sous leur pression directe depuis novembre 1942. Ainsi, dans cette situation qui tourne chaque jour au désavantage du régime de Vichy et de ses alliés allemands, le Maréchal Pétain décide de s'adresser « pour la dernière fois » aux Français dans ce qu'il nomme lui-même un « message d'adieu ». Ce texte, rédigé par le catholique maurassien, ancien militant de la ligue d'extrême droite « l'Action française », Henri Massis, et qui ne subit la correction du Maréchal que pour quelques questions de style, se réclame d'ores et déjà du ton paternaliste propre à Pétain, comme l'on peut le constater dès les premières lignes. S'adressant à l'ensemble de la nation avec une attention particulière pour ses fidèles de la dernière heure, le Maréchal dresse une sorte de bilan de son action et tente d'élaborer une défense de celle-ci. Signe de la chute imminente du régime, ce texte ne fut pas publié ni transmis sur les ondes radio ; on se contenta d'en placarder quelques exemplaires : il s'agit vraiment d'une sorte de dernier acte officiel en tant que chef d'Etat. Mais quel peut être le contenu de ce message d'adieu d'un homme qui se considère lui-même comme une sorte de « grand-père » des Français ? En fait, si ce texte est bien présenté comme la dernière déclaration officielle du Maréchal, celui-ci en profite pour rappeler et expliquer son action pendant ces années troublées. De plus, il faut voir que sa propre personne constitue le poids déterminant de l'argumentation de sa défense qui s'inscrit dans ce qui reste malgré tout un véritable adieu solennel à la nation.
[...] En effet si sa politique n'a pas été celle des préférences des Français, elle pour lui, été celle de leur salut (ligne 68, 69). Mais malgré toute sa bonne volonté et son ambition pour la France, le Maréchal n'a pas réussi à remplir ses objectifs, explique-t-il, car des forces contraires à sa volonté ont contrecarré ses souhaits. Pourtant, il rappelle que ses débuts avaient été prometteurs : porté par une vaste adhésion populaire, il était fort de la conviction que les malheurs des Français n'étaient pas sortis de l'armistice, mais de la défaite (ligne autrement dit que, sans responsabilité d'aucune sorte dans la défaite, l'arrêt des combats qu'il avait négocié était réellement convenable, voire avantageux pour le pays. [...]
[...] Ainsi, dans un message d'adieu qui se veut émouvant, le Maréchal Pétain s'adresse une dernière fois aux Français sur un ton paternaliste, tentant de justifier le bien-fondé de l'action qu'il a menée pendant quatre ans. Se disculpant d'une grande part de responsabilité dans les malheurs du pays, il présente ses intentions comme véritablement louables et lui-même comme quelque peu trahi par les circonstances et les hommes. Mais l'évocation constante de sa personne, de son prestige passé et de ses qualités de père de la nation et de visionnaire ; cette évocation l'élève au même plan que le général de Gaulle ou même d'un roi tel qu'Henri IV et semble l'absoudre de toutes les accusations lancées à l'époque contre lui. [...]
[...] Mais ce texte, très peu diffusé et oublié pendant longtemps, ne pourra remplir ce rôle, d'autant que le débarquement allié en Provence du 15 août 1944 va précipiter la chute du régime de Vichy. Bousculé par les évènements, Pétain, qui pourtant affirme ici vouloir faire face aux accusations portées contre lui, va être pris sous la protection allemande et emmené à Sigmaringen, en Allemagne, en septembre, avant de se voir refuser l'asile politique par la Suisse. Mais, si ce texte n'a pas de portée évidente dans l'opinion publique, il faut voir qu'il montre exactement comment s'est élaboré le système de défense du Maréchal, système qu'il utilisera lors de son procès après la Libération. [...]
[...] Une première lecture peut même donner l'impression qu'il n'est pas chassé du pouvoir, mais qu'il part de son plein gré, sa tâche finie (ligne 91). Mais ce rappel du rôle historique de Pétain dans la protection de la France se justifie principalement par l'amertume d'avoir dépensé ( ) tout le prestige ( ) (lignes 7). En effet, l'on constate qu'il a conscience d'avoir effacé sa gloire passée par son action au sein du régime de Vichy et il s'en sert comme d'un argument de défense : pourquoi aurait-il ainsi dilapidé son aura dans des actes qui ne lui ont guère profité, si ce n'est par souci de devoir et pour l'amour de son pays ? [...]
[...] Dans le même temps, l'autre administration considérée comme légitime, celle du régime de Vichy du Maréchal Pétain, se dissout de l‘intérieur face aux évènements. En effet, la libération du territoire français condamne d'office l'État français et l'intégrité de son territoire appelé la zone libre en fait le sud de la France, coupé du reste du pays par une ligne de démarcation qui trace grossièrement une ligne Lyon - Poitiers. La déliquescence de ce régime est déjà fortement développée en août 1944, car la zone libre est de fait occupée par les Allemands et placée sous leur pression directe depuis novembre 1942. [...]
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