La révolte de Mai 1968, la mort du Général De Gaulle et le passage à une autre génération bouleversent considérablement la mémoire collective. C'est la fin des amnésies et des mythes : la résistance et le mythe du "bouclier" sont remis en question, et la nouvelle "mémoire" s'installe dans les années 70 pour briser le mythe gaulliste et dénoncer le rôle de la France dans la "solution finale" (...)
[...] La Résistance semble y occuper une place minime alors que l'indifférence, la collaboration et l'antisémitisme y sont omniprésents. L'image glorieuse de la Résistance est brisée et l'unité et la force de la nation est ébranlée. Le voile est levé sur l'existence du régime de Vichy et de l'immense responsabilité du maréchal Pétain non pas dans la protection de la France, mais dans la collaboration active avec le régime nazi. Publié en 1973, La France de Vichy de l'historien américain Robert Paxton est un ouvrage qui s'appuie sur des archives allemandes et des témoignages de membres du régime de Vichy. [...]
[...] En 1971, le réalisateur Marcel Ophuls produit Le chagrin et la pitié un documentaire sur la mémoire de la résistance et de la collaboration sous l'occupation. Le film, diffusé dans les salles d'art et d'essai, puis après avoir été interdit de diffusion à la télévision, est visionné en 1981 sur FR3 par plus de quinze millions de téléspectateurs et provoque une immense vague de scandale. Cette production cinématographique tournée à Clermont- Ferrand s'appuyant sur des images d'archive et des témoignages de personnes plus ou moins importantes, renvoie l'image d'une France lâche qui feint l'ignorance pour préserver ses intérêts personnels. [...]
[...] Ainsi, le Chagrin et la pitié de Marcel Ophuls et la France de Vichy de Robert Paxton marquent un tournant dans la mémoire des années de guerre. Au-delà de la mémoire du peuple, c'est le Gouvernement lui-même qui réagit : La France est face à son rôle dans la solution finale Les différentes mémoires (parti communiste, résistants, etc ) s'entrechoquent et le Gouvernement se met en chasse des hauts dignitaires français et allemands ayant participé à l'application de la solution finale Après avoir été retrouvé en Bolivie, le boucher de Lyon chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, qui avait torturé à mort Jean Moulin et fait assassiner des milliers de personnes, est jugé en France en 1987 et condamné à la prison à perpétuité, où il meurt quatre ans plus tard. [...]
[...] La résistance et les mythes du bouclier (Maréchal Pétain) et de l'épée (Général de Gaulle) sont mis à mal, dévoilant ainsi la collaboration, le rôle terrible et important de la France en matière de crime contre l'humanité, et mettant à vif le thème de l'antisémitisme en France. [...]
[...] Mais c'est certainement l'année 1997 qui marque la véritable rupture, avec le procès Papon. Secrétaire général de la préfecture de Gironde pendant la guerre, préfet de police puis ministre du budget sous la Vème république, Maurice Papon est le symbole de la responsabilité française dans les crimes commis par Vichy (Responsabilité que Jacques Chirac a reconnu officiellement deux ans auparavant), alors qu'une petite fraction de l'église de France est désignée coupable (celle-ci demande repentance suivie par d'autres institutions comme la police, par exemple) et que le mythe Gaulliste (selon lequel Vichy n'a jamais existé) est brisé. [...]
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