En 1644 s'ouvre le Congrès de Westphalie, réunion internationale destinée à mettre fin à la guerre de Trente Ans, qui sévit en Europe depuis 1618. Cette guerre a pris naissance en Bohême, et a d'abord été religieuse, en opposant les Princes protestants de l'Empire à l'Empereur. Elle est ensuite devenue politique, lorsque les diverses puissances (France, Suède, Espagne…) ont vu quels intérêts elles avaient à y prendre part. Ce Congrès était censé débuter en 1642, mais les puissances en guerre n'étaient pas pressées d'arriver à un accord qui pouvait sembler défavorable. Le Congrès s'est tenu dans deux villes de Westphalie, région du nord-ouest de l'Empire : à Münster, où étaient réunies les puissances catholiques arbitrées par les représentants du Pape : la France, l'Espagne, l'Empereur et les Princes ou Electeurs catholiques ou laïques de l'Empire, ainsi que les Provinces-Unies. Les puissances protestantes, à savoir la Suède et les Princes et Electeurs protestants de l'Empire s'étaient retrouvées à Osnabrück, à une soixantaine de kilomètres au nord de Münster, sous la médiation du Danemark. On notera l'absence de l'Angleterre, de la Russie et de l'Empire Ottoman dans le règlement du conflit. Les représentants de chaque Etat étaient avertis de la politique à suivre par courrier, ce qui explique la durée des négociations. Ce texte est l'un de ces courriers, envoyé par Mazarin à ses plénipotentiaires, il est destiné à définir la politique à suivre par les plénipotentiaires français. Mazarin (1602-1161) est un homme politique français et prélat, d'origine italienne. Richelieu, avant sa mort en 1642, le recommande au roi Louis XIII. Après la mort de ce dernier, la régente Anne d'Autriche le prend pour Principal Ministre ; elle le soutiendra dans tout ce qu'il entreprendra. Il écrit ici à ses représentants à Münster : le Comte d'Avaux, spécialiste de la question italienne, et le Comte Abel de Servien, tous deux arrivés en 1644. Ils sont rejoints en juin 1645 par Henri d'Orléans, Duc de Longueville, chargé de les réconcilier et de redonner du prestige à la délégation française. Ils sont accompagnés de plus de deux cents personnes. Mazarin décrit les grandes lignes à suivre et le principal enjeu : obtenir les Pays-Bas, actuellement sous domination espagnole. Comment les objectifs de Mazarin transparaissent-ils dans ce texte ? Après avoir vu comment il compte mettre fin à l'hégémonie Habsbourg en Europe, nous étudierons la façon dont Mazarin souhaite renforcer la puissance française.
[...] Louis XIII signe avec la Députation (organe suprême des Catalans) le Traité de la Fraternité le 7 janvier 1641, puis est proclamé comte de Barcelone en février. Cependant Mazarin se rend bien compte que l'emprise exercée par la France sur la Catalogne est assez faible, et que l'Espagne pourrait se donner les moyens de la récupérer sans grandes difficultés. Mais dans l'immédiat, l'affaiblissement des forces espagnoles permet à Louis XIII de s'emparer du Roussillon, qui est relativement excentré du reste du territoire espagnol depuis que la Catalogne est sous contrôle français. [...]
[...] Le principal objectif de Mazarin est donc d'obtenir les Pays-Bas, ainsi que les Trois-Evêchés. Il espère que cette annexion de territoires par la France aura deux grands effets. Le premier est de mettre fin à l'hégémonie Habsbourg en Europe, qui dure depuis le règne de Charles Quint, soit un siècle en arrière. Le conflit qui oppose les Habsbourg à la France est l'un des plus grands de l'Epoque Moderne. Pour mettre fin à cette hégémonie, Mazarin espère que l'éclatement territorial dû à la perte des Pays-Bas contribuera à la séparation de l'Autriche et de l'Espagne, permettra à la France d'être mieux protégée et de ne plus risquer de voir Paris occupée, tout en étant conscient que des sacrifices peuvent être nécessaires, comme la perte du Roussillon ou de la Catalogne. [...]
[...] Elle n'était pas d'une efficacité parfaite, comme lors de la prise de Corbie ou de Saint-Quentin. Ainsi cette ligne défensive serait remplacée par les places des Pays-Bas et des Trois-Evêchés : Metz, Verdun Il ne serait plus nécessaire de les entretenir, et la France pourrait donc économiser cet argent. Sans charger aucunement les peuples nous en recevrions des assistances notables (L. 51) : à cette époque, les Pays-Bas font partie des plus riches régions d'Europe (avec le Milanais), ainsi la France serait encore gagnante, même en entretenant les places qui se trouvent aux Pays-Bas. [...]
[...] De plus, la France annexera des provinces entières dont la seule possession a donné autrefois moyen à des princes particuliers ( ) de résister à la France et de la travailler comme chacun sait (L.19-20). Ici Mazarin fait principalement référence à la Bourgogne, qui a longtemps lutté contre la France, avec des souverains tels que Charles le Téméraire, dernier duc de Bourgogne, qui périt en 1477 en faisant le siège de Nancy contre un roi de France. Cela montre que Mazarin utilise l'Histoire à des fins de propagande, et reste très attaché aux valeurs du passé. [...]
[...] Il est proclamé Comte de Barcelone en février 1642 ; la Catalogne révoltée reconnaît la France. A cause de la prise de Corbie, la majeure partie des troupes qui y stationnaient ont du rejoindre d'urgence Paris, ce qui a considérablement affaibli la Catalogne face à l'Espagne, toujours désireuse de la récupérer. Mais la prise de Corbie a aussi obligé à lever le siège de devant Dôle, lequel était prêt à se rendre (L. 41) : Dôle est une ville de Franche-Comté ; au moment où Corbie est prise, Condé y fait un siège efficace, mais il est obligé lui aussi de se rendre à Paris et lève donc le siège, en ne laissant qu'une petite partie de son armée le continuer. [...]
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