Deux grandes phases se distinguent : une phase d'amnésie nationale de la Libération à la fin des années 60 puis une phase de bouleversement mémoriel à partir des années 70. Pour chacune de ces deux phases, on se penchera plus particulièrement sur l'étude de deux films : Nuit et Brouillard et Shoah pour comprendre le rôle de l'image et l'impact qu'elle peut avoir dans la formation d'une mémoire collective
[...] Les conseillers historiques de Resnais tentent de se justifier en évoquant l'intérêt historique de l'image la participation des gardes mobiles et des gendarmes aux arrestations d'Israelites est, hélas, un fait d'histoire .nous tenons au maintien de cette photo Resnais doit cependant s'incliner et décide de mettre en évidence la marque de la censure, preuve du refoulement de la collaboration d'Etat, en maquillant grossièrement le képi du gendarme. Le 2ème épisode marquant le film Nuit et Brouillard concerne sa nomination au Festival de Cannes de 1956. Il est retiré de la compétition par le jury car pouvant heurter la susceptibilité d'un pays participant. [...]
[...] Pour la communauté juive, cette période est celle de l'oubli et du refoulement. Ils ressentent l'incapacité de dire ce qu'il s'est passé car ils se heurtent à un mur. Sur le plan cinématographique, la période de la libération est marquée par de très nombreuses productions : en 2 ans, on note près de 25 films dont les thèmes reflètent bien la mentalité ambiante. Ils sont, en effet, réalisés grâce à l'aide de l'armée, de la Résistance ou des gouvernements alliés et traitent donc pour la plupart de la guerre, des combats et un peu de la résistance. [...]
[...] Le cinéaste, comme l'historien, réponds, avant tout, aux sollicitations de la société or jusqu'aux années 1970, la société française ne veut pas regarder en face les réalités de l'occupation et de la déportation. Ils se trouvent, de même, confrontés au problème de l'accès aux sources, conservées aux archives nationales et difficilement accessibles. Si le cinéma ne précède que rarement un changement de mentalité, il crée cependant toujours une proximité soudaine avec les événements lointains et réactive grâce à l'image le souvenir du passé. Bibliographie Alain Resnais, Nuit et Broullard Claude Lanzmann, Shoah Sylvie Lindeperg, Les écrans de l'ombre, CNRS Henri Rousso, Le syndrome de Vichy, Seuil Annette Wieviorka, Déportation et génocide. [...]
[...] La France n'est pas encore prête pour cet examen collectif et pour reconnaître sa culpabilité et ses fautes collectives. Le refoulement de la coresponsabilité de la France dans la déportation est encore visible. Mais plus qu' un film sur les camps de concentration, Resnais a également voulu avec Nuit et Brouillard lancé à la France un cri d'alerte, souvent resté lettre morte, contre les horreurs perpétuées en Algérie. Il fait une comparaison entre les deux conflits d ' une égale absurdité et alerte ses patriotes contre les réincarnations possibles de la bête immonde C'est un appel à la vigilance, un appel contre la dictature du silence : il y a des zones dans le centre de la France où il y a des camps de regroupement où déjà les automobilistes quand ils le longent n'ont pas le droit d'arrêter leurs voitures. [...]
[...] L'épisode du Festival de Cannes est intéressant dans la mesure où il montre qu'une partie de l'opinion française de la presse et des groupes de pression est choquée par le sort réservé au film et commence à militer pour le souvenir de la déportation et du concentrationnat. Cet acte peut être considéré comme la marque d'un début de combat contre l'oubli. Ce film joue donc un rôle essentiel car il ose évoquer le souvenir des camps, il lève partiellement un coin de voile sur la déportation et la concentration et mets ainsi en relief le silence et les lacunes de la mémoire collective. Cependant, le film semble, en fait, trop en avance par rapport aux mentalités de son temps. [...]
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