Fin mai 1968, la France connaît l'une de ses plus graves crises depuis la Libération. C'est au début une crise universitaire mondiale, doublée en France de forts mouvements sociaux, avec plus de neuf millions de grévistes à la mi-mai, et qui entraîne finalement une crise politique. En effet, le gouvernement ne maîtrise plus rien et n'a plus aucun moyen d'action. C'est pourquoi le Général de Gaulle prend les choses en main. Fondateur de la Cinquième République, premier Président en 1958 et réélu en 1965, il a mis fin à la guerre d'Algérie et tente de redonner à la France son prestige international. La situation en 1968 est stable depuis de longues années, Georges Pompidou est le Premier ministre depuis six ans à ce moment, et rien ne semblait annoncer une telle crise. Ainsi, lorsqu'elle commence début mai, le Président et le Premier ministre sont tous deux à l'étranger, et le gouvernement, sans instructions précises, tarde à prendre des mesures et laisse la crise se développer. Fin mai 1968, la situation est telle que François Mitterrand constate la « vacance du pouvoir », et se dit déjà candidat à la succession du Général. Les manifestations, les grèves…commencent à faire peur à la population, et la démission de De Gaulle est demandée et attendue par de nombreuses personnes. Le 30 mai, il s'adresse à la Nation dans un discours diffusé à la radio, le contexte ne permettant pas de le passer à la télévision. Il touche ainsi un grand nombre de personnes, puisqu'à la fin des années 1960, la plupart des foyers français sont équipés. Le texte est bien sûr écrit pour que son auditoire y soit attentif ; ainsi il entre rapidement dans le vif du sujet, par phrases courtes et efficaces. L'auteur essaie de choquer son public, c'est-à-dire l'ensemble des Français, en exagérant certains faits ou même en déformant la vérité. Comment De Gaulle appréhende-t-il la situation, comment tente-t-il de faire partager sa vision des choses aux citoyens, et que propose-t-il pour remédier à la crise ? Après avoir vu qu'il est le chef de l'Etat et qu'il compte le rester, nous verrons en quoi, pour lui, la France est menacée de dictature, et nous nous attarderons enfin sur ses actions dans un contexte de crise nationale.
[...] Par exemple l.10, il dit qu'on empêche les étudiants d'étudier, les enseignants d'enseigner, les travailleurs de travailler Ce sont des évidences gaulliennes, pour mettre l'accent sur un aspect précis. On retrouve ces formes dans nombre de ses discours. Il essaie aussi de faire peur, pour obliger le peuple à réagir : la France est menacée de dictature l'intimidation, l'intoxication et la tyrannie Il lance un appel au peuple, pour signifier qu'il a confiance en lui et que la voie de la démocratie est la seule voie acceptable (l.14). Il termine son discours en soulignant que la République n'abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. [...]
[...] C'est en partie pour répondre à ses demandes de plus en plus nombreuses de démission que De Gaulle fait ce discours, mais aussi pour rassurer le peuple, qui commence à prendre peur. Par la suite, l'auteur montre les nombreux pouvoirs du Président. Il annonce vouloir dissoudre l'Assemblée, et parle d'un référendum qu'il veut organiser. Ce sont deux pouvoirs qui rendent le Président puissant. De Gaulle, en effet, a dirigé la rédaction de la Constitution de 1958 ; il voulait un pouvoir exécutif puissant, qui ne soit plus soumis à la loi des partis ou au Parlement. [...]
[...] Elle est fermée le 3 mai, ce qui fait que le mouvement, pour l'instant limité, se répand dans les autres universités, notamment à la Sorbonne. Lorsque Pompidou revient de l'étranger il les rouvre, mais il est trop tard : le mouvement est déjà trop amorcé. Il y a aussi une crise sociale : les travailleurs de travailler (l.11), qui suit cette crise étudiante. Le 13 mai, les syndicats appellent à une manifestation générale. Ceci s'explique en partie par l'impression que le niveau de vie stagne et les difficultés de 1967. [...]
[...] Pourtant De Gaulle maintient son soutien à son Premier ministre. Il dit en effet, l.7, qu'il ne changera pas de Premier ministre, dont la valeur, la solidité, la capacité méritent l'hommage de tous Georges Pompidou occupe cette fonction depuis le 14 avril 1962. Il dispose d'une large majorité à l'Assemblée, et sa côte de popularité est assez bonne. Durant la crise, il est en effet le seul, avec Jacques Chirac, secrétaire d'Etat à l'emploi, à être resté à son poste ; les autres ministres ayant quitté Paris à cause des troubles ou ne pouvant plus travailler. [...]
[...] L'un des articles qui rend l'exécutif fort, comme l'a voulu De Gaulle, est l'article 16. Lorsqu'il dit qu'il a envisagé toutes éventualités, sans exception (l.3) qui lui permettraient de maintenir la République, il parle de cette possibilité. Mais il évoque aussi le fait que pendant la journée du 29 mai, il a disparu et personne, pas même Pompidou, ne savait où il était. Il se trouvait en réalité à Baden-Baden, auprès du général Massu, mais les raisons sont encore obscures : dramatisait-il volontairement ou comptait-il faire intervenir l'armée ? [...]
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