Le 18 mars 1970, le premier ministre Lon Nol fait un coup d'Etat contre le régime du roi Norodom Sihanouk. Il provoque ainsi l'élargissement de la guerre du Vietnam au Cambodge : les troupes vietnamiennes se déploient sur l'ensemble du territoire cambodgien et le roi Norodom Sihanouk se rallie aux communistes, les Khmers rouges. Ceux-ci progressent rapidement grâce au soutien du roi, à l'appui matériel et financier de la Chine et au ralliement de la population qui prend le maquis à cause des bombardements américains. Une guerre civile suit la signature du Traité de Paris et le retrait des troupes américaines, en janvier 1973 et le 17 avril 1975, les Khmers rouges prennent Phnom Penh.
Jusqu'au 7 janvier 1979, date à laquelle les Vietnamiens renversent le régime, les Khmers rouges vont exterminer près d'un quart de la population cambodgienne. L'ampleur des massacres n'est que progressivement révélée. L'opinion publique internationale apprend l'existence de Tuol Sleng, S21, seulement en mai 1979. On ignora pendant longtemps des informations capitales, et la lumière ne se fit que peu à peu, à mesure de la découverte de charniers. Si aujourd'hui, les historiens et les juristes n'ont plus de doute quant à la perpétration de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité par les Khmers rouges, le débat porte sur la qualification précise des massacres cambodgiens, en tant que génocide.
[...] Les massacres cambodgiens : une entreprise de destruction physique de masse Bilan statistique Les évaluations statistiques ont été effectuées dans les années 1990, au fur et à mesure des découvertes d'archives et sur le terrain de charniers. Elles varient selon les auteurs : Ben Kiernan estime le nombre de morts à sur et Henveline à On obtient ainsi un taux de disparition entre 20 et 30% de la population cambodgienne. Il faut distinguer les personnes décédées dans la période de guerre civile 1970-1975, et les victimes directes des massacres khmers rouges, 1975-1979. [...]
[...] Les massacres cambodgiens : un génocide ? Sommaire Introduction : qu'est-ce qu'un génocide ? I. Les massacres cambodgiens : une entreprise de destruction physique de masse A. Bilan statistique B. Deux types de mise à mort II. Stigmatisation des victimes selon leur appartenance à un groupe ethnique, religieux ou politique A. Un projet raciste B. Stigmatisation raciale, ethnique, religieuse et politique C. Cadre totalitaire III. [...]
[...] Les citadins, qui bénéficient d'une plus grande ouverture sur l'extérieur, sont largement plus touchés que les habitants des campagnes : le coefficient de mortalité est 4 fois plus élevé en ville contre 10%). Ainsi, la région rurale de Tatamakiri, dans le Nord Est constitue un modèle pour le régime, et les conditions de vie y sont moins rigoureuses. En outre, les minorités ethniques et religieuses sont exterminées. On compte morts chez les Chams. Les chefs religieux sont assassinés, les mosquées profanées, et la population exterminée. Le bouddhisme est condamné comme religion étrangère venue d'Inde, et bouddhistes sont tués. De même pour catholiques et protestants. [...]
[...] Il montre donc que la guerre pave la voie du génocide. Mais, si tous les génocides du XXe siècle ont été commis dans le cadre d'une guerre, la guerre ne va pas toujours jusque-là, et Yves Ternon insiste bien sur la différence entre les victimes innocentes d'une guerre et celles d'un génocide. Aussi horrible que cela soit, dans un cas, elles sont un élément d'une stratégie, et dans l'autre le but recherché. La question se pose particulièrement dans le cas cambodgien de la période 1970-1975 : faut-il considérer les personnes tuées dans ces années par les Khmers rouges comme des victimes d'un génocide ? [...]
[...] Leur nourriture est largement insuffisante et dans les rizières et les conditions sanitaires sont déplorables, notamment à cause de l'élimination qui a frappé les médecins. Ces camps de mise à mort ont un caractère totalitaire. Par exemple, les prisonniers sont soumis, en pleine nuit à des séances d'autocritique. Les Khmers rouges veulent détruire l'ancienne sociabilité et créer de nouveaux liens sociaux. Les familles sont éclatées, les conjoints séparés et les enfants soumis à un endoctrinement permanent. Les repas sont collectifs. Enfin, l'espionnage est généralisé. Les Khmers rouges ont également infligé directement la mort. Les exécutions sommaires sont massives et frappent par leur caractère rudimentaire. [...]
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