Il est possible de commencer par une biographie très rapide de madame Thatcher. Le thatchérisme, c'est d'abord un style, en rupture assez profonde avec la tradition conservatrice : sérieux absolu, refus de l'amateurisme et de l'humour, primat de la logique. Son expérience des relations internationales est relativement faible en 1979. Elle a cependant quelques idées essentielles : elle croit en une défense forte et s'aligne d'instinct sur les Etats-Unis. Elle ne nourrit pas nécessairement une grande admiration pour la société américaine, les Etats-Unis sont pour elle les défenseurs de la liberté et les garants de la sécurité britannique. De plus, à partir de 1980, elle est très proche du président Reagan. Les sympathies naturelles de madame Thatcher se portent aussi vers l'Etat d'Israël. Elle est par contre très hostile à l'URSS.
Elle se méfie par ailleurs de l'Europe. Attention, elle ne nourrit pas d'hostilité a priori à l'égard de l'Europe : lors de la campagne référendaire de 1975, elle s'est engagée nettement en faveur de la CEE. En 1977, elle déclare que son parti est décidé à participer activement à la construction européenne. Mais elle n'aime guère les Européens, dont elle méprise assez largement les traditions. Elle entend en outre défendre avec opiniâtreté les intérêts britanniques, d'autant qu'elle conçoit la politique internationale comme une série de batailles qu'il convient de gagner toutes.
I) De 1979 à 1984, le primat des considérations budgétaires.
A. Une situation initiale problématique.
Lorsque madame Thatcher forme son premier gouvernement, le Royaume-Uni est à la fin de sa période de transition. Ce n'est pas le seul pays dans ce cas, mais c'est incontestablement celui qui a les plus grandes difficultés d'insertion : depuis l'adhésion, l'économie britannique est presque constamment en crise. Il est alors tentant pour les adversaires de la CEE de lui attribuer la responsabilité de la crise d'autant que l'un des grands arguments des pro-européens, de 1961 à 1975, était que l'entrée dans la CEE allait donner un coup de fouet à l'économie britannique. Au contraire des travaillistes, Margaret Thatcher n'agite jamais la menace d'un retrait britannique, mais elle entend améliorer le plus possible la situation britannique dans l'ensemble européen (...)
[...] Madame Thatcher introduit aussi un style différent dans les affaires européennes. Au contraire de la plupart de ses partenaires, elle n'est pas favorable au compromis à tout prix (c'est à ce type d'attitude et à la recherche du consensus qu'elle attribue une partie du déclin britannique des années 1945-1979). Elle n'évite donc pas nécessairement le conflit, ce qui lui vaut une certaine impopularité (qu'il ne faut d'ailleurs pas exagérer). Les résultats (comme toujours) sont mitigés. On peut remarquer que les choix européens de Margaret Thatcher ont été repris par ses successeurs et que le Royaume-Uni ne se presse pas, par exemple, de rejoindre la zone euro. [...]
[...] Une situation initiale problématique. Lorsque madame Thatcher forme son premier gouvernement, le Royaume-Uni est à la fin de sa période de transition. Ce n'est pas le seul pays dans ce cas, mais c'est incontestablement celui qui a les plus grandes difficultés d'insertion : depuis l'adhésion, l'économie britannique est presque constamment en crise. Il est alors tentant pour les adversaires de la CEE de lui attribuer la responsabilité de la crise d'autant que l'un des grands arguments des pro-européens, de 1961 à 1975, était que l'entrée dans la CEE allait donner un coup de fouet à l'économie britannique. [...]
[...] La participation aux programmes européens. En matière industrielle, le gouvernement Thatcher accepte de participer à un certain nombre de politiques communautaires, même interventionnistes : la restructuration des charbonnages et des aciéries s'effectue au prix de gros sacrifices sociaux mais elle est facilitée par l'Europe. Le Royaume-Uni accepte aussi de participer au projet Eureka et aide British Aerospace à participer aux projets Airbus. L'originalité britannique subsiste cependant. Le Royaume-Uni ne joue pleinement le jeu communautaire que si les Etats-Unis ne sont pas concernés. [...]
[...] La bataille du budget. La période qui va de 1979 à 1984 est dominée par les batailles perpétuelles sur le budget communautaire. Le problème budgétaire est loin d'être une invention de madame Thatcher : le Royaume-Uni, État assez pauvre, reçoit relativement peu de la PAC et fournit au contraire une part substantielle des ressources de la Communauté : étant donné la structure de son commerce extérieur, le Royaume-Uni contribue beaucoup au marché européen, mais en reçoit peu, puisqu'en des dépenses de la CEE sont encore consacrées au budget agricole. [...]
[...] Le marchandage décisif a lieu en 1984. Ce sont les accords de Fontainebleau, qui établissent un système permanent et automatique de correction en faveur du Royaume-Uni en échange de la levée de l'opposition des Britanniques à une augmentation de la part de la TVA affectée aux ressources propres de la CEE. Pour 1985, La compensation est fixée de manière forfaitaire à un milliard d'écus. À partir de 1986, la correction est fixée à 60% de la différence entre les paiements TVA que le Royaume-Uni verse à la CEE et les versements qu'elle en reçoit. [...]
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