Au matin du Mercredi 7 Février 1934, la France se réveille avec cette Une de l'Action Française : « Après les voleurs, les assassins. Paris couvert de sang ». La veille, une manifestation réunissant plus de 30 000 personnes s'est transformée en émeute, faisant seize morts et 1500 blessés après que la gendarmerie mobile a reçu l'ordre d'ouvrir le feu sur les manifestants. Ainsi, le 6 Février 1934 désigne cette journée où une manifestation d'opposition au gouvernement initiée par l'extrême droite s'est transformée en une tentative d'invasion du Palais Bourbon, et est devenue l'une des plus graves crises qu'a connue la IIIème République dans la période de l'entre-deux-guerres.
La crise du 6 Février 1934 est cependant indissociable de son contexte. En effet, les années 30 en France constituent une période charnière dans le cadre des conflits politiques (...)
[...] 39-53 Dobry Michel Février 1934 et la découverte de l'allergie de la société française à la Révolution Fasciste Revue française de sociologie, 30-3-4, pp. 511-533 Rémond René Février 1959 Le 6 Février mérite-t-il de rester dans l'histoire ? [...]
[...] Pourtant, Michel Dobry remet en cause l'absence de fascisme dans son interprétation du 6 Février. En effet, il conteste la thèse, notamment de René Rémond, selon laquelle la France serait allergique au fascisme allergie illustré par le résultat de Février 1934. Dobry explique que l'analyse de l'évènement en fonction de son issue présente des limites et qu'il n'y a pas d'allergie de la société française au fascisme du seul fait de l'issue de Février 1934. L'argument de la culture politique française fondé sur l'ancienneté du régime démocratique et dans l'existence de structure d'encadrement des masses qui les oriente vers les valeurs de la démocratie et qui protégerait de toute tentation fasciste est tout à fait contestable en effet, étant donné qu'en Février 1934, c'est une autre culture politique qui s'exprime, celle de l'antiparlementarisme et de l'autoritarisme. [...]
[...] Il serait possible alors d'interpréter le 6 Février comme une démonstration de l'esprit des anciens combattants par l'attachement à la patrie qu'ils ont défendu, le nationalisme, la discipline et l'union face à l'ennemi. Pour eux, les discussions parlementaires et la lenteur d'action des gouvernements sont contraire à l'intérêt national qui prévaut, d'où la mobilisation du 6 Février. Ainsi, l'objectif du 6 Février n'était pas la prise de pouvoir dans le but d'instaurer un régime fasciste. Si cette volonté a pu s'exprimer par l'intermédiaire des Jeunesses patriotes ou bien des francistes, cette opinion reste néanmoins largement marginale et minoritaire. [...]
[...] Le lendemain, Le Populaire, journal de la SFIO, titre Le coup de force fasciste a échoué Malgré cela, Daladier démissionne et la formation d'un nouveau gouvernement est confiée à Gaston Doumergue qui présente un gouvernement regroupant les figures de la droite parlementaire avec pour la première fois, Philippe Pétain en tant que ministre de la Guerre. Les émeutes du 6 Février sont interprétées comme une tentative de coup de force fasciste par la gauche. Ainsi, le 6 Février implique nécessairement les 9 et 12 Février, contre-manifestations organisées par la CGT et CGTU qui ouvrent la voie à un rassemblement à gauche sur le thème bien connu et déjà utilisé de la Défense républicaine. Pour autant, que faut-il retenir du 6 Février 1934 ? [...]
[...] L'Action Française mène alors l'enquête et révèle que Stavisky avait déjà été arrêté en 1926 et que son procès, défendu par d'anciens ou de futurs ministres et dirigé par le beau-frère de Camille Chautemps (l'actuel président du conseil) avait bénéficié de 19 remises. Cependant, après le dévoilement de l'affaire au grand jour, Stavisky est retrouvé mort le 8 Janvier 1934. La version officielle conclut au suicide mais selon la droite, il a été assassiné sur ordre de Chautemps pour éviter les révélations compromettantes. [...]
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