Quarante ans après les événements de mai 68, on peut facilement observer que ces deux mois sont restés une référence incontournable de notre histoire nationale. Pas une révolte étudiante sans que les commentateurs parlent d'un « nouveau mai 68 » et cela en oubliant totalement ce qui, en terme de bouleversements culturels, a fait la spécificité de ce printemps.
Si des facultés et des usines sont fermées, si les grèves paralysent le pays, si des revendications inédites sont exprimées, si le spectacle qu'offre Paris après les violentes batailles de rue de la nuit du 10 mai est désolant, il serait cependant impropre de parler de révolution dans son sens orthodoxe, soit comme quelque chose instaurant un nouvel ordre avec une rupture marquée avec l'ancien temps, puisque le pouvoir en place, le président Charles De Gaulle, et les institutions n'ont pas été remplacées et non pas même évoluées. Pourtant, le terme de « révolution culturelle » utilisé par certains intellectuels semble bien plus juste et nous amène à nous poser certaines questions :
Il faut en effet nous demander quel a été le rôle de la culture et surtout quels ont été durant cette crise les contestations, les subversions ou les bouleversements de la morale, de l'art, des habitudes, de tout ce qui faisait la culture de la société française de cette époque ; cela afin de comprendre pourquoi mai 68 est resté un point de référence majeur de l'histoire culturelle et sociale de la France.
[...] Une libération des mœurs importantes a suivi la décennie des années 60. On peut donc se demander si l'explosion de 1968 a été la cause de cette mutation culturelle ou si elle fut juste l'accoucheuse de nouveaux comportements observables dans l'ensemble des pays occidentaux et qui auraient donc pu advenir sans elle. En effet, les sociologues ont montré que dès l'année 1965, considérée comme une année tournante de nombreux changements ont lieu dans les structures démographiques et dans les mentalités. [...]
[...] Comme une révolution, elle est une extase de l'histoire. Mais l'analogie s'arrête là, car mai 68 est bien plus une révélation d'une crise des valeurs morales et culturelles qu'une révolution, dans le sens où elle n'est que le catalyseur d'une entrée dans la postmodernité culturelle qu'ont vécu toutes les sociétés occidentales à la fin des années 60, a cela près que la France selon ses habitudes, suivi cette évolution générale par un sursaut brutal, une crise quasi révolutionnaire (Michel Winock). [...]
[...] II] Pour de nombreux observateurs, la crise de mai ne peut pas avoir eu d'influences majeures sur l'évolution de la culture française car il ne s'agissait que d'une simili révolution jouée par les enfants du Baby Boom critiquant une société de consommation dans lequel ils se complaisaient encore volontiers. De plus, ce n'est même pas une critique spécifique de la jeunesse puisque comme l'explique Pierre Bourdieu, la jeunesse n'est qu'un mot et les contestataires de mai 68 sont des étudiants originaires en fait des classes moyennes et supérieures de la société française. [...]
[...] Michel de Certeau, celui-là même qui juste après les événements faisait l'analogie entre 1968 et 1789, expliquera plus tard que l'usage du terme de révolution culturelle pour mai 68 avait un sens affadi car s'il s'agissait bien d'un bouleversement des mœurs et d'une subversion de la culture, il n'y avait pas de remise en cause de l'ordre social établi. Mais comment faire ? Les étudiants ne pouvaient pas affronter seuls la police, instaurer une nouvelle société, face à une opinion publique de moins en moins favorable avec l'éruption de la violence lors des nuits des barricades. Face à ce constat, on peut donc s'interroger sur ce qu'il en est des conséquences socioculturelles de mai 68, juste après les événements et aujourd'hui. [...]
[...] Mai 68, une révolution culturelle ? Quarante ans après les événements de mai 68, on peut facilement observer que ces deux mois sont restés une référence incontournable de notre histoire nationale. Pas une révolte étudiante sans que les commentateurs parlent d'un nouveau mai 68 et cela en oubliant totalement ce qui, en termes de bouleversements culturels, a fait la spécificité de ce printemps. Si des facultés et des usines sont fermées, si les grèves paralysent le pays, si des revendications inédites sont exprimées, si le spectacle qu'offre Paris après les violentes batailles de rue de la nuit du 10 mai est désolant, il serait cependant impropre de parler de révolution dans son sens orthodoxe, soit comme quelque chose instaurant un nouvel ordre avec une rupture marquée avec l'ancien temps, puisque le pouvoir en place, le président Charles De Gaulle, et les institutions n'ont pas été remplacées et non pas même évoluées. [...]
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