MAI 68 Grève ORTF
L'Office de Radiodiffusion Télévision Française (ORTF) est crée par la loi du 27 juin 1964. C'est une institution qui gère la télévision et la radio. L'ORTF prend la suite de la RTF. Le nouveau statut de 1964 visait à apporter plus liberté et d'autonomie. L'ORTF est un établissement public à caractère industriel et commercial. Il dispose donc d'une personnalité juridique distincte de celle de l'Etat. En principe, le contrôle des dépenses doit se faire a postériori, contrairement à la RTF. L'Office est doté d'un conseil d'administration propre. Malgré ces apparences de libéralisation, l'ORTF demeure un organisme public qui reste sous la tutelle de l'Etat. La moitié des membres du conseil d'administration sont des représentants du gouvernement. La gestion quotidienne est placée entre les mains du directeur général et des deux directeurs généraux adjoints. Tous trois sont nommés par le gouvernement, par décret pris lors d'un Conseil des ministres.
Dès les premières années qui ont suivi la création de l'ORTF des problèmes sont apparus. La grève de 1968 à l'ORTF n'a pas éclaté subitement. Elle est le résultat de mécontentements accumulés durant des années. Il y a eut des mouvements de protestation qui étaient des signes avant-coureurs de la crise de mai-juin 1968 à l'ORTF. En 1966, les journalistes se mettent en grève du 7 au 9 février 1966. Leurs revendications portaient sur les lacunes du statut des journalistes de l'ORTF comparé à la loi de 1935 et aux autres textes régissant la profession de journaliste. Les situations de tension vont croissantes. Au début de 1968 des enjeux structurels se présentent pour l'ORTF et les pressions politiques que supportent l'ORTF s'affirment. C'est dans ce contexte que les prérogatives de l'ORTF deviennent de plus en plus importantes : en 1968 elle parachève la couverture télévisuelle du territoire national et elle assure 42% de l'audience radiophonique.
Quelles sont les circonstances du déclenchement de la plus longue grève de la radio-télévision française ? En quoi la défense par les professionnels de l'audiovisuel de leur indépendance est-elle un appel pour la restructuration du système médiatique existant ?
[...] Le 4 juin, la presque totalité des émetteurs de l'ORTF est occupée par l'armée. Le directeur de l'ORTF, Jacques-Bernard Dupont, est démis de ses fonctions et remplacé par Jean- Jacques de Bresson. Le 4 juin, un communiqué du Comité d'action civique de journalistes dresse une liste nominative de grévistes dont ils demandent la suspension (au premier chef, les membres du Comité des Dix chargé de surveiller l'objectivité des informations avant la grève et s'oppose aussi à l'emploi de producteurs et de réalisateurs jugés antigouvernementaux. [...]
[...] La réaction viendra, le lendemain mai 1968 des journalistes et producteurs des magazines mensuels d'information. Par un communiqué à l'AFP repris par la presse : [ils] estiment que la carence scandaleuse dont a fait preuve l'information télévisée à l'occasion des récents événements porte atteinte à l'honneur professionnel de l'ensemble des hommes de télévision ( . ) constatent que la direction et la rédaction en chef de l'actualité télévisée ont été incapables de résister aux pressions gouvernementales et ont ainsi fait la preuve de leur irresponsabilité ; estiment qu'il est de leur devoir de traiter librement des événements récents et des problèmes qui s'y rattachent Le syndicat des réalisateurs et des producteurs de télévision ainsi que celui des auteurs et compositeurs publient également un communiqué à la presse identique sur le fond. [...]
[...] Les journalistes de télévision disposeront d'une plus grande marge de manœuvre en ce qui concerne le choix de leurs angles et de leurs sujets. Mais surtout, l'ORTF doit être libérée de sa tutelle politique. Le SLII sert alors de bouc émissaire permettant aux politiques et aux directions de l'information d'évacuer leurs responsabilités. C'est pourquoi G. Pompidou supprime le Service de liaison interministériel d'information (SLII) pour placer l'ORTF directement sous la tutelle du Premier Ministre. En septembre 1969, Jacques Chaban-Delmas présente aux députés son projet de Nouvelle Société Elle vise à supprimer les blocages de la société française, révélés en Mai 68. [...]
[...] L'entrée en grève des journalistes, le 25 mai au soir, n'empêche pas la retransmission des nouvelles sur les négociations en cours. L'Intersyndicale de l'ORTF, décide en effet de désigner des techniciens pour assurer la réalisation et la diffusion du JT dans le cadre de l'application du service minimum. C'est à 7 h 30 le lundi 27 mai que les négociations de Grenelle s'achèvent. À partir du 26 mai 1968, le journal télévisé sur la première chaîne, est réalisé par les journalistes non grévistes. [...]
[...] La Commission note que les programmes d'information, spécialement ceux d'actualité, constituent une véritable propagande, souvent subtile, quelque fois manifeste D'ailleurs, nombre d'auditeurs et de spectateurs exprimaient le sentiment que l'information était devenue un moyen de propagande De surcroit, la Commission est interpellée par le manque d'indépendance des journalistes de l'ORTF, qui résulte de l'existence du SLII : de l'aveu de nombreuses personnes entendues, les pressions gouvernementales, venant en particulier des cabinets ministériels, s'exercent directement sur les journalistes sans qu'ils reçoivent du Directeur général l'ordre de n'en tenir aucune compte Les sénateurs soulèvent un autre point : étant donné que les amitiés facilitent le recrutement, les journalistes peuvent craindre de déplaire à ceux qui les ont nommés ou tout du moins avoir le souci de chercher à leur plaire. La mutation est alors sanction de l'indocilité voire le licenciement. L'introduction de la publicité de marques à l'ORTF. En 1968, le gouvernement envisage d'introduire la publicité de marques à l'ORTF afin de subvenir aux dépenses accrues de l'Office. [...]
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