Alors que le 9 Janvier 1928, le Parti communiste français adoptait la tactique « classe contre classe », les Trade unions britannique, un an auparavant, capitulaient face au gouvernement et se résolvaient à adopter la voie du compromis, abandonnant ainsi celle de la révolution. Au Royaume-Uni, en 1927, est voté le Trade Disputes and Trade Union Act, qui interdit toute grève générale, impose de sévères restrictions aux piquets de grève ou encore interdit aux fonctionnaires de s'affilier au TUC. Le choix de ces deux exemples, proches chronologiquement, permet une certaine compréhension dans les approches des luttes et des lois sociales, en France et en Angleterre. Par « lutte » nous entendons à la fois les revendications et les combats d'une société, elle-même composée de groupes différents, dont ni les revendications ni les combats ne sont les mêmes. Au contraire, il s'agit bien là d'un brassage de faits dont les protagonistes sont souvent antagonistes (Syndicats et Patronats, par exemple) et dont les luttes seront des luttes d'intérêts divergents. France et Royaume-Uni vivent les mêmes événements, ils vivent tous deux la crise des années 30, la guerre de 39-45, mais pas de la même manière. Les développements de la France et du Royaume-Uni montrent des liens, des évolutions parallèles mais laisse voir dans le même temps des différences fondamentales, que ces différences interviennent dans les luttes et dans les lois sociales ou même dans la manière de les mener. Ces deux pays donnent deux lectures différentes de mêmes facteurs.
Ainsi, face à ces différences, nous pouvons nous demander si les lois sociales sont, ou non, des réponses aux luttes sociales, telles que nous venons de les définir. Nous pouvons aussi nous interroger sur les acteurs de ces luttes et de ces lois. Pour aborder ces questions, nous analyserons ces deux sociétés dans un plan respectant les mutations économiques et politiques, qui sont les facteurs extérieurs à la vie sociale mais essentiels dans l'élaboration de ces luttes et de ces lois, en France comme au Royaume-Uni. C'est pourquoi nous étudierons les économies et sociétés en crise (1930-35) dans un premier temps, puis nous analyserons les « signes de guérison » (R. Marx, (1) à partir de 1935 jusqu'en 1939. Nous finirons par l'étude du Warfare State et des prémices du Welfare State (1939-45). Ce découpage chronologique nous permet ainsi de souligner à la fois les ressemblances et les dissemblances entre les deux pays et de les analyser de manière comparative et logique, en comparant ce qui est comparable et en soulignant les différences.
[...] C'est pourquoi l'Etat s'engage dans une politique de grands travaux (transports, logements), créant ainsi l'offre, insuffisante à cause de la crise. Il s'agit, pour André Gueslin, d'un interventionnisme tâtonnant marquant encore l'importance du libéralisme économique, point commun partagé entre France et Angleterre. Cette vision des aides sociales découle aussi de la vision qu'ont les dirigeants sur la crise. En effet, la crise est vue, en France, comme une régulation normale de l'économie, qui s'était, en quelque sorte, emportée pendant les années 20. [...]
[...] Il n'en reste que les conditions de vie ne cessent de se dégrader, les lois sociales des deux pays à ce moment n'étant que le faible écho d'une situation catastrophique (Aux lois que nous avons cité au Royaume-Uni, nous pouvons ajouter la loi du 11 Mars 1932, en France, sur les allocations familiales). L'intervention des Etats à travers les lois sociales est donc limitée, en grande partie à cause de la crise qui impose d'autres priorités. Comme le montre Susan Pedersen les mesures sociales au Royaume-Uni doivent être remises à plus tard. [...]
[...] Parallèlement, nous assistons à une augmentation du nombre de grévistes, qui passent de en 1935 à en 1936. Les revendications touchent ici plus à l'abaissement des cadences de travail, toujours très élevées, et à l'augmentation des salaires. En ce cas précis, le front populaire répond aux revendications, comme nous l'avons vu, de la CGT pour ce qui est de l'abaissement du temps de travail. De plus, les accords Matignon, dont les 40 heures font partie, généralisent les congés payés, déjà présents notamment dans les mines. [...]
[...] Au Royaume-Uni, en plus des journées de grève, nous pouvons noter le nombre de syndiqués en 1945 Millions) pour souligner la renaissance du syndicalisme, facteur à la fois de lutte et de pression sociale. D'ailleurs l'Angleterre, si elle ne peut rattraper d'un seul coup son retard dans les lois sociales, multiplie les actes prenant acte de cette importance du sacrifices chez les plus démunis. Le Cathering Wages Act de 1943 instaure un salaire minimum pour les travailleurs inorganisés du secteur alimentaire. En 1944, un conseil des salaires est créé, visant à déterminer des salaires partout où on ne serait pas arrivé à un accord collectif. [...]
[...] Le Royaume-Uni ne peut être vu ainsi. Même si nous pouvons noter une réduction des libertés individuelles, celle-ci n'a pour cause que le sacrifice humain pour la victoire finale. Ce warfare state anglais repose sur une économie de guerre et donc sur le plein-emploi et sur la prépondérance de la main d'œuvre. En France aussi, à cause surtout de l'occupation allemande qui, paradoxalement mais très logiquement, relance l'économie française. Du fait des accords signés à l'armistice, la France doit payer à l'occupant un tribut très lourd, tribut que tous les français payent. [...]
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