ce cours parle d'un siècle de plus en plus "éclairé", de la diffusion des lumières, des paradoxes,
[...] Dans les années 1770, l'Académie française est tombée aux mains des philosophes, d'Alembert ayant été élu secrétaire perpétuel. Or, ces écrivains cooptent les nouveaux membres de la République des Lettres et favorisent leur intégration dans l'édifice désormais institutionnalisé des Lumières. La réussite des Lumières, l'osmose qui s'est établie entre les « talents » et l'État a conduit au blocage. Dans le même temps, une foule de jeunes écrivains qui ont cru au discours des Lumières de la promotion par les talents et par la plume voit ses espoirs déçus. [...]
[...] Une sorte d'équilibre s'établit entre le conservatisme social et l'esprit de nouveauté. Par certains côtés, la hardiesse de l'entreprise et sa portée subversive ne peuvent être ignorées. Le projet de « descriptions des Arts », par exemple, illustré par les volumes de planches, rompt la tradition du secret technique qui caractérise le monde des jurandes*, lui-même partie intégrante d'une société d'ordres et de privilèges. La fin du secret technique promeut l'initiative individuelle, l'innovation et l'essor des forces productives en vue de réaliser le bonheur des hommes ; c'est l'idéal traditionnel d'une société stable et immuable, celui de l'économie politique chrétienne, qui est ici renversé. [...]
[...] Les clercs et les nobles sont majoritaires (sur académiciens, on compte de roturiers), mais surtout ils monopolisent les postes de direction et les plus honorifiques. Relativement fermées par leur recrutement, les académies peuvent néanmoins constituer des sociétés plus ouvertes, si l'on prend en compte les thèmes mis à leurs concours et la sociologie de ceux qui y participent. Sur ses marges, le mouvement académique mobilise le bas-clergé et la bourgeoisie roturière qui fournit la majorité des participants aux concours, tant à Bordeaux qu'à Châlons-sur-Marne à la fin du siècle. [...]
[...] En effet, le mouvement des Lumières est loin d'être uniforme et son contenu n'a pas toujours été identique. À côté de vastes réflexions sur les systèmes politiques et philosophiques, à côté de savantes discussions scientifiques cantonnées à d'étroits cénacles, il faut aussi tenir compte de multiples petits ébranlements possibles qui modifient les façons de voir et les façons de penser du plus grand nombre. Et si l'on considère simplement les milieux où les Lumières « savantes » se diffusent, les nuances sont rapidement de rigueur. [...]
[...] Le ressentiment et le souci de survivre poussent nombre d'entre eux à produire des pamphlets virulents ou une littérature ordurière qui diffame la Cour et les Grands, qui dénonce pêle-mêle les turpitudes des académies, des salons, de l'Église . Plusieurs de ces écrivains ratés, de ces « Rousseau du ruisseau » vont fournir les cadres du futur mouvement révolutionnaire, ainsi Camille Desmoulins (1760-1794), Collot d'Herbois (1750-1796), Mercier, Marat (1743-1793), Brissot (1754-1793) . Ces exclus peuvent aussi contribuer à animer des réseaux intellectuels parallèles à ceux des Lumières institutionnalisées. Pourtant, la frustration de jeunes intellectuels est loin d'expliquer le déclenchement d'une Révolution. [...]
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