Au début de l'ère victorienne, un habitant des quartiers Saint-Giles, Bermondsey ou Bethnal Green vit en moyenne jusqu'à 18 ans tout juste, tandis qu'un noble londonien meurt autour des 44 ans. Cet écart dans l'espérance de vie des Londoniens est une des nombreuses marques du fort contraste qui règne dans la capitale anglaise. En effet, Londres au temps de Victoria illustre le mieux du monde la division sociale : la métropole est cloisonnée, du travail aux loisirs en passant par le train de vie quotidien. On peut se demander comment une ville où la diversité et surtout l'inégalité sont si fortes, où l'Est et l'Ouest s'opposent si radicalement, parvient à rayonner par sa richesse et son immensité.
[...] Il faut aussi voir comment les bourgeois et les aristocrates, et parfois les classes moyennes, parviennent à avoir de bons salaires en utilisant les basses classes. En effet, les gros industriels exploitent leurs ouvriers, skilled ou unskilled dans les usines, les Land Lords louent leurs terres à des fermiers de classe moyenne qui ensuite font travailler les plus pauvres dans les cottages. De cette façon, les dirigeants gagnent des salaires d'à peu près 10000 par an alors que leurs employés n'ont qu'entre 40 et 100 par an. [...]
[...] Effectivement, la puissance économique de Londres est due en partie aux industries. Mais il y a une autre exploitation du petit peuple : le port. La capitale anglaise de l'ère victorienne affirme sa première place dans le domaine économique et financier grâce également à sa Cité et son port. D'abord, c'est dans le quartier de la finance et du négoce que se trouvent les institutions dont la fonction et l'influence ne s'arrêtent pas aux frontières de la Grande-Bretagne. Il regroupe la majorité des sièges sociaux des grands établissements bancaires, comme la Banque d'Angleterre créée en 1694. [...]
[...] Il a pour mission officielle de détourner les pauvres de l'alcool, des jeux barbares, des paris et autres occupations dégradantes pour prendre exemple sur les familles des classes dirigeantes. Mais les bassins décoratifs sont vite transformés en bains et les bosquets en dortoirs pour les sans-abri, comme pour l'Hyde Park du West End. Pire, l'appropriation du territoire par les chartistes et les manifestants qui cause par exemple en 1866 des pillages et des dégradations. N'ayant pas accès aux clubs, les pauvres vont au pub. [...]
[...] Ces Londoniens des basses classes et ces populations émaciées et vêtues de haillons n'ont d'autre possibilité qu'habiter dans des taudis, les slums, des hangars et des entrepôts, des enclaves d'insalubrité ou même des rookeries (les nichoirs à corbeaux tous près des quartiers luxueux). Ce sont les bas-fonds de la capitale. On peut oser la comparaison avec les ghettos. Les Londoniens riches habitant l'Ouest vivent dans le confort et l'abondance, que ce soit dans une villa - un hôtel particulier au milieu de son parc, une somptueuse demeure, un pavillon indépendant, un palais ou une petite maison jointive. [...]
[...] Mais à cause des dégradations et des revendications des lower classes, les high classes préfèrent les jardins de plaisir dont le cadre ressemble fort à celui des parcs avec pelouses, fleurs, étangs et cascades, ruines antiques, minarets, pagodes, mais en plus, restaurants, salles de bal, orchestre. Mais à cause de la pruderie de l'époque, ces lieux sont détruits car ils n'étaient pas uniquement consacrés à la balade. Il reste cependant à mentionner les squares dans ce cadre mi-rural mi-urbain. Ce ne sont pas ce que les Français appellent par le même nom mais des espaces clos réservés aux riverains qui veillent à leur entretien. [...]
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