Les loisirs ont souvent été perçus comme un objet d'étude secondaire, passant après les analyses économiques, celles portant sur les classes sociales par exemple. Il apparaît cependant que l'observation de la place des loisirs dans la société est un révélateur des avancées sociales, économiques : les loisirs recouvrent un certain nombre de réalités historiques non-négligeables, et ont ceci d'avantageux : ils permettent de percevoir les mutations culturelles et sociales d'un pays. Dès lors, l'étude des loisirs dans un pays renseigne bien sur une pluralité d'objets historiques, condense de multiples variables, montre l'évolution des mentalités de divers acteurs, notamment l'Etat, les diverses classes sociales. Et c'est pourquoi l'approche de ce sujet est délicate : étant multiple, de nombreux facteurs entrent en compte, et le fait même que la définition du mot loisir ait varié au cours du XIXème et XXème siècle montre bien la difficulté à cerner le sujet dans une période aussi changeante que celle constituée par le XXème siècle (...)
[...] Cela montre bien que le sport est un moment de réunion d'individu, de regroupement, qui effrayait le régime de Vichy, au même titre que les réunions, les manifestations furent longtemps interdites pendant le XIX ème siècle par peur de révolte, et ici, de résistance. Ainsi, l'arrivée du Front populaire a crée un nouveau temps de loisir : celui des vacances. Cependant, avec la seconde Guerre mondiale, le faible pouvoir d'achat des catégories populaires, l'accès aux vacances a été limité et les loisirs n'ont pas connu d'essor particulier. La principale avancée de cette période est donc la libération d'un temps à soi, où le travailleur peut quitter son lieu de résidence et son lieu de travail. [...]
[...] Ce système que Marx dénonçait privait la classe prolétaire non seulement de temps, mais également de force pour utiliser le peu de temps libre dont elle disposait. Il est même remarquable qu'une partie des socialistes n'était pas favorable au repos hebdomadaire, car ils voyaient en lui un moyen d'endormir l'esprit de révolte ouvrier en accordant un minimum de temps libre, de "disciplinariser", voire embrigader cette classe ouvrière. Ainsi la notion de loisir à la fin du XIX eme siècle est loin de faire l'unanimité. Pourquoi? [...]
[...] Les travailleurs français ont peu à peu réclamé des loisirs et cela de trois manières différentes. D'abord en continuant de réclamer un abaissement de la durée du travail, ensuite en revendiquant le droit de s'instruire, et enfin en réclamant un droit au loisir, de se regrouper et de profiter d'une culture particulière, hors du champ de production, un espace non-productif visant le bien-être. Sous la pression des travailleurs, la prise de conscience de la dureté des journées de travail, les gouvernements ont progressivement légiféré sur la réduction du temps de travail. [...]
[...] En outre, il ne faut pas négliger l'apparition de la temporalité, la mesure du temps qui devient omniprésente, et modifie de fait le rapport au temps. Désormais le temps est calculable, les activités réalisées sont prévues, un emploi du temps peu être établi, ce qui marque une différence considérable avec le XIX ème siècle. La révolution industrielle, le travail ouvrier ont fait que les journées de travail sont délimitées, le travail lui même est chronométré. L'importance du temps, des horaires, l'organisation de la journée, est une mutation considérable de ce XX ème siècle. [...]
[...] Dès lors, cette avènement des loisirs, cette société de divertissement n'aurait pour seul but que de faire admettre le capitalisme aux individus, en ne leur montrant que ce modèle à travers des produits de loisirs instrumentalisme, formatés. Le temps des loisirs constituant une partie du temps libre, hors du temps consacrés aux besoins physiologiques, au travail et aux activités domestiques, qui a gagné de nombreuses minutes et heures en l'espace de quelques années peut ainsi être vu comme une sorte de miroir aux alouettes, faisant croire aux individus qu'ils jouissent de la société telle qu'elle est. Il est remarquable qu'avec l'avènement de cette société des loisirs, aucunes alternatives au capitalisme n'aient été élaborées, essayées. [...]
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