La France et les Juifs de 1789 à nos jours a été publié en 2004. Le but de l'auteur est révélé dans l'Avant-propos : « Mon but a été de décrire, sur la longue durée, depuis la Révolution française, ce que furent les relations entre l'Etat, la société globale et les juifs vivant en France » (page 7). Il poursuit en précisant les origines de ce projet, à savoir « l'actualité d'un nouvel antisémitisme » en 2002, et de manière beaucoup plus ancienne, l'ouvrage de Pierre Pierrard (Juifs et Catholiques français, Fayard, 1970).
Cet Avant-propos permet également à Michel Winock d'expliciter le titre de son ouvrage, en revenant sur les problèmes qu'il pouvait poser, notamment qu'il « risquait de signifier une séparation entre deux entités étrangères l'une à l'autre », et en justifiant cependant son maintien (page 8).
• Problématique
Nous avons vu que l'objectif de l'auteur était d'étudier « les relations entre l'Etat, la société globale et les juifs » de France dans le temps : de leur émancipation en 1791 jusqu'aux années 2000. Pour ce faire, Michel Winock aborde plusieurs grands moments qui ont marqué l'histoire de la France et des juifs aux XIXe et XXe siècles, par exemple l'affaire Dreyfus ou le régime de Vichy.
Afin d'énoncer la problématique de l'ouvrage, on peut bien sûr reprendre le but énoncé par l'auteur dans l'Avant-propos, mais aussi la première phrase de la conclusion (page 375) : « Y a-t-il une originalité dans l'histoire relationnelle de la communauté historique française avec sa minorité juive ? ».
En d'autres termes, deux grandes questions se posent. Comment ont évolué les relations entre la France et les juifs entre 1789 et aujourd'hui ? Ces évolutions dénotent-elles une spécificité française dans sa relation avec les juifs ?
[...] Ainsi, en 1789, il y a environ juifs en France, pour une population totale de 28 millions d'habitants. Cependant, cette minorité ne constitue pas un ensemble homogène : il y a différents groupes qui contrastent de par leurs situations géographique, économique mais aussi dans leur degré d'intégration. Il n'y a donc pas d'unité de la population juive de France. La Révolution française va mener à l'émancipation des juifs, avec dès le 28 janvier 1790, un décret par lequel l'Assemblée Nationale donne la citoyenneté française à une partie des juifs Juifs portugais, espagnols et avignonnais malgré le refus du parti réactionnaire. [...]
[...] C'est alors qu'éclate le véritable combat qui va déchaîner les passions françaises, entre les dreyfusards, qui soutiennent le capitaine, et les antidreyfusards. Du côté des dreyfusards, l'auteur évoque notamment Zola et son J'accuse ! paru dans L'Aurore (13 janvier 1898), ainsi que la pétition en faveur de la révision du procès, signée par des centaines ‘d'intellectuels' (tels Anatole France ou Marcel Proust). A l'opposé, les antidreyfusards, à l'instar de Drumont ou Brunetière, sont aussi très virulents. Dreyfus est alors rejugé en août 1899, et de nouveau déclaré coupable, bénéficiant malgré tout en 1900 de l'amnistie de Waldeck-Rousseau. [...]
[...] Le renouveau des tensions au début du XXIe siècle Le conflit israélo-palestinien qui fait rage au Proche-Orient n'épargne pas la France, qui voit une résurgence des actes antisémites en ce début des années 2000 : ainsi, en 2002, le nombre des ‘actions antijuives' a explosé et 405 actes à caractère antisémite ont été répertoriés entre septembre 2000 et janvier 2002 (attaques de synagogues, attentats contre des personnes, agressions L'auteur affirme ainsi que l'antisémitisme, de proche en proche, s'est trouvé déculpabilisé. On a assisté à une ‘libération de la parole antisémite', à une levée des censures Conclusion Pour Michel Winock, il y a bien une spécificité française dans sa relation avec les juifs, comme le montre l'évolution de cette relation entre 1789 et aujourd'hui. [...]
[...] Il a également été titulaire de la chaire d'Histoire contemporaine de l'IEP de Paris. Michel Winock est aujourd'hui membre du comité de rédaction du magazine L'Histoire. L'ouvrage La France et les Juifs de 1789 à nos jours a été publié en 2004. Le but de l'auteur est révélé dans l'Avant-propos : Mon but a été de décrire, sur la longue durée, depuis la Révolution française, ce que furent les relations entre l'Etat, la société globale et les juifs vivant en France (page 7). [...]
[...] En effet, suite à la chute de l'Empire, des troubles importants éclatent en Algérie, faisant craindre des révoltes et rendant les réformes nécessaires. C'est ainsi qu'est créé le décret Crémieux du 24 octobre 1870, par lequel les Israélites indigènes des départements de l'Algérie sont déclarés citoyens français Mais ce décret entraîne des attaques de juifs par les musulmans, qui n'en ont pas bénéficié. Ainsi, le commissaire civil Lambert affirme, à propos des juifs, que la France a voulu les élever au rang de citoyens français en bloc sans se rendre compte qu'elle nous enlevait l'affection et l'estime des Musulmans Peu à peu, les juifs sont accusés de tous les maux algériens (le soulèvement kabyle de 1871 par exemple). [...]
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