Outre les partis politiques, la droite a connu une autre modalité de rassemblement : la ligue. Elle paraît exclusivement concerner la droite extrême. Le qualificatif le plus fréquent qu'on lui donne est celui d'antirépublicain.
La signification contemporaine d'une ligue est celle d'association créée pour imposer un point de vue commun à tous ses membres, le plus généralement pour contester l'état des choses existant. Si le groupe a un intérêt politique, il ne se distingue du parti que par sa volonté de fixer d'autres objectifs que la simple représentation parlementaire.
La ligue est liée souvent à la droite, pourtant la Ligue de la République fondée en octobre 1921 autour de Painlevé est née de la gauche ; elle est différente des ligues activistes, elles, nées de la droite. La ligue de Painlevé ne remet en cause ni le pouvoir, ni le régime en place alors que les ligues activistes veulent déstabiliser le pouvoir en place pour lui substituer un régime fort, mais cela reste variable d'une ligue à l'autre. C'est pourquoi elles sont associées à l'extrême droite et à la droite, tradition qui remonte au 19e siècle (nationalisme). Les ligues politiques sont bien à l'extrême droite dans le but avoué ou déguisé de renverser la république républicaine pour lui substituer un régime fort : elles sont l'exclusivité des droites.
Ephémères, nées d'un refus ou d'un malaise, elles ont une volonté protestataire qui ne parvient pas à trouver une expression. Elles apparaissent dans des moments de crise et fédèrent les mécontentements et les rancœurs. Leur terrain d'expression est la rue.
Les ligues politiques d'extrême droite, terrain d'expression du public pour les protestations et la violence durant les crises, ne furent que le substitut pour l'introduction aux formations politiques d'un parti, d'une tentative de rassemblement des droites et ont été le terrain d'admiration et d'inspiration fasciste.
[...] Elles sont le regroupement d'individus cultivés qui contestent les structures politiques existantes et affirment leur vocation à représenter et encadrer les masses, en concurrence directe avec les partis politiques, qui eux aussi veulent exprimer l'opinion de la population dans son ensemble. Il existe une supériorité des partis sur les ligues car ils proposent un programme et s'efforcent de répondre aux aspirations du peuple. De plus les partis se définissent par la stabilité des organisations alors que l'activité des ligues est épisodique (brutale flambée puis disparition). Cela révèle en même temps leur fonction politique. Elles servent de canal d'expression au malaise des diverses victimes. [...]
[...] Le régime part déjà jugé impuissant et profondément discrédité par la crise ; c'est le gauchissement des institutions qui est remis en cause. La crise apporte de nouvelles troupes aux ligues anciennes qui servent d'exécutoires au malaise et au mécontentement d'un large groupe de la population. L'Action française ayant été durement touchée en 1926 par la condamnation pontificale (perte de sa clientèle catholique) se replie sur l'action directe : en 1933-34, elle conduit l'assaut contre la république par l'agitation dans les rues. Après 34, son audience baisse, les jeunes se tournant vers des groupes plus activistes. [...]
[...] Il y a une intention fasciste et évidente dans la création de la Solidarité française. Coty a créé son organisation au lendemain de l'arrivée d'Hitler au pouvoir et parce qu'il avait la conviction qu'il était possible d'imiter son exemple : organisation paramilitaire, en brigade, uniforme, béret, chemise bleue marquée d'un écusson de drap rouge Son objectif est avant tout d'abattre par l'action directe la République parlementaire pour lui substituer un régime fort avec un chef fort. Cette ligue se trouve donc au premier rang des manifestations de 1933-1934 (premier rôle dans l'émeute du 6 février 1934). [...]
[...] Cette ligue use de l'action directe, de la manifestation et de l'action politique. Elle veut le rassemblement institutionnel des droites. Elle a eu un rôle fondamental le 6 février 1934 lors d'une manifestation place de la Concorde qui a tourné à l'émeute après que les Camelots du roi, groupe d'action de l'Action française, aient tiré des coups de feu ; bilan : plusieurs morts. Le but de la manifestation était de déstabiliser la majorité en place pour substituer les droites battues en 1932. [...]
[...] C'est une crise politique : la gauche trahit l'idéologie de guerre et la droite a peur. S'ajoute à cela une crise monétaire : l'inflation pendant et après la guerre entraîne une dépréciation du franc, dont le gouvernement est rendu responsable. Cela pose le problème d'un mauvais régime parlementaire (apparition d'une fascination pour l'efficacité du fascisme italien). Dans cette situation de crise, il y a une nouvelle flambée de ligues : trois mouvements apparaissent dans les années 20 avec une poussée nationaliste, qui marquent une transition dans le comportement et la structure des ligues. [...]
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