Le 18ème siècle est en France le siècle de Lumières, et par là même de l'anglophilie. Les philosophes des Lumières, avec à leur tête Montesquieu et Voltaire, font en effet l'éloge du système politique britannique, qu'ils pensent en parfaite adéquation avec leur idéal de liberté. Ainsi Montesquieu déclare que la liberté politique nécessite la séparation des pouvoirs (afin que « par la disposition des choses... » éviter les tyrannie etc.), prenant alors modèle sur la situation anglaise. D'où vient cette situation ? (...)
[...] Les libertés anglaises ou le mythe : La partie précédente ne nous permet pas de douter de l'avance des anglais en matière de libertés au 18ème siècle, et l'expression mythe politique ne peut alors totalement désigner la situation de ce pays, puisque les libertés y sont une réalité. Cependant, l'éloge qu'en font nos philosophes des Lumière peut donner au pays un aspect de mythe, puisque cet éloge est partout, dans la politique comme dans l'économie (cf lettre sur le commerce), alors qu'un pays ne peut, on s'en doute, être parfait, et les libertés anglaises au 18ème siècle nécessitent alors d'être quelque peu nuancées. [...]
[...] Root dit : la corruption est déstabilisatrice et destructrice de la capacité même de gouverner Si en France l'Angleterre est l'incarnation même des Lumière, on ne l'envisage pas ainsi au sein même du pays, comme le montre l'émergence du courant radicaliste. Il est né à la suite du conflit américain, à l'issu duquel les colonies proclamèrent leur indépendance (ne supportant plus les impôts levés arbitrairement par Londres). Le radicalisme naquit chez les dissidents, avec pour but de diffuser les idées des lumières (raison, progrès, droits naturels pour les hommes et amour de la liberté)-> ils ne considèrent pas que les idées des Lumières sont présentes dans leur société. [...]
[...] Le problème principal des élections restait cependant la corruption, qui est une réelle atteinte aux libertés (William Hogarth l'illustra en 1756 dans ses quatre gravures pour une élection Faute de moyens suffisants, certains candidats demandaient le patronage du gouvernement et devenaient en retour ses obligés, favorisant la corruption au parlement. l'exigence de la morale en politique n'y trouvait pas son compte (il suffisait d'avoir assez d'argent pour corrompre un membre des services publics, alors que pour le même résultat en France il fallait des relations à la cour). [...]
[...] Mais les philosophes français firent également l'éloge de la liberté d'opinion, pourrait-on dire la liberté de penser (sans vouloir utiliser une formule un peu trop à la mode), comme l'exprime un article de l'encyclopédie, portant sur l' autorité politique et ayant été rédigé par Diderot lui-même. Il y critique le fait qu'en France, les sujets se donnent entièrement et sans réserve au roi, ne sachant mesurer leur respect et apparaissant presque comme dénués d'autres pensées que celles caractérisant leur admiration pour le monarque (ce qu'il interprète même comme un crise de lèse-majesté envers Dieu), alors qu'ils faudrait témoigner au roi des marques de respect, la subordination étant utile pour le maintient de la société mais en laissant son esprit libre de toute idolâtrie, ayant des opinions et des pensées libres. [...]
[...] Conclusion : Pour conclure, l'éloge de l'Angleterre et de ses libertés fait par les philosophes des lumières au 18ème siècle fut le point de départ d'une comparaison politique durable, qui opposait ce régime au français de façon presque manichéenne. Ce rapport pourrait alors apparaitre comme un mythe politique, mais ce terme n'est cependant peut-être pas le plus adapté dans le sens ou l'avance de l'Angleterre en matière de liberté restait malgré tout une réalité. Voltaire et Montesquieu eux-mêmes savaient sans doute que leur éloge manquait d'une certaine nuance, mais il était plutôt là à titre de comparaison avec la France, appuyant la critique de leur propre régime sans chercher à rentrer dans les détails quant à celui de leurs voisins anglais. [...]
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