« Leur liberté n'est pas libérale » disait Edmund Burke, penseur irlandais au sujet de la Révolution Française soulignant ainsi l'enjeu fondamental qui réside dans le passage de la théorie humaniste à la pratique partisane de l'idée de Liberté. Le Royaume-Uni, qui rassemble depuis l'Acte d'Union de 1800 l'Angleterre, l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Irlande doit faire face à cette ambivalence dès sa sortie des guerres napoléoniennes en 1815. Son entrée précoce dans l'ère industrielle et sa place de première puissance mondiale le confrontent plus tôt que les autres Etats à une société inédite qui aspire à une compensation des sacrifices qu'elle consent à l'économie : la Liberté ne lui suffit plus, elle veut les libertés et la capacité d'en jouir. Or, la vague révolutionnaire qui traverse l'Europe au printemps 1848 au nom de la Liberté, n'atteint pas l'île des libertés individuelles.
Comment le Royaume-Uni parvient-il à effectuer la transition entre la Liberté abstraite et les libertés concrètes dans un calme social relatif ?
[...] Le Royaume-Uni est dans les années 1840, le pays européen le plus libre. En réalité, il est le pays où les libertés sont le moins entravées et celles-ci ne sont ni partagées par tous ni complètes. Aussi le modèle de mise en application des libertés semble-t-il plutôt être celui d'un opportunisme politique. La Libéralisation est inachevée : le modèle reste imparfait 1 Les classes dirigeantes freinent une libéralisation qui pourrait faire du tort à ses intérêts Le progrès des libertés s'oppose à la mauvaise volonté de l'aristocratie qui entrave les projets de réforme à la Chambre des Lords : elle ne consent à légiférer en faveur des libertés que lorsque l'agitation sociale pourrait devenir un frein à la croissance économique et donc à ses propres intérêts, elle tient surtout à conserver un maximum de privilèges et d'influence La répression persiste Le libéralisme politique est encore loin : entre 1818 et 1820, l'Habeas Corpus est suspendu, les révoltes d'août 1819 entraînent de sévères répressions qui ont rendu le massacre de Peterloo célèbre (16 août 1919, onze morts et quatre cent blessés) et en décembre 1819, le ministère Tory fait voter les lois du bâillon (Six Acts) qui restreignent les libertés politiques, la liberté de la presse, de réunion et augmentent les pouvoirs de police. [...]
[...] Si la liberté de la presse se résume à une absence de tout contrôle et de censure préalables, c'est suffisant pour faciliter son essor et en faire la plus libre du monde Les prémices d'une législation du travail Le gouvernement prend conscience de la misère ouvrière et règlemente le travail ouvrier : en 1842 et 1847 le travail des femmes et des enfants est limité à dix heures par jour et est interdit dans les mines. Là encore, le Royaume-Uni fait preuve d'une grande avance sur son temps. [...]
[...] Liberté et libertés au Royaume-Uni (1815-1848) Leur liberté n'est pas libérale disait Edmund Burke, penseur irlandais au sujet de la Révolution Française soulignant ainsi l'enjeu fondamental qui réside dans le passage de la théorie humaniste à la pratique partisane de l'idée de Liberté. Le Royaume-Uni, qui rassemble depuis l'Acte d'Union de 1800 l'Angleterre, l'Ecosse, le Pays de Galles et l'Irlande doit faire face à cette ambivalence dès sa sortie des guerres napoléoniennes en 1815. Son entrée précoce dans l'ère industrielle et sa place de première puissance mondiale le confrontent plus tôt que les autres Etats à une société inédite qui aspire à une compensation des sacrifices qu'elle consent à l'économie : la Liberté ne lui suffit plus, elle veut les libertés et la capacité d'en jouir. [...]
[...] L' exception britannique reste relative. Le Royaume-Uni évite la voie révolutionnaire et s'engage dans la voie réformiste 1 Le contre-exemple français : le fantôme jacobin Le Royaume-Uni, incarné par le penseur Burke par exemple, critique violemment la perversité niveleuse de la Révolution parisienne, les quelques clubs qui glorifient la Révolution sont enclin à un extrémisme jacobin très impopulaire qui sert de repoussoir à toute sympathie pour la Révolution Des revendications qui s'affirment La Révolution attise les revendications sociales chez les classes ouvrières qui subissent une paupérisation massive (slums, workhouses). [...]
[...] Plusieurs raisons peuvent expliquer le large consensus national dont bénéficie le gouvernement : la foi dans le pragmatisme et le libéralisme ; l'attachement à un nouvel ordre social qui, s'il sacrifie de nombreux laissés-pour-compte, permet un enrichissement et une ascension sociale ; ou encore la conscience de la supériorité britannique dans le monde qui pousse à la conciliation et à l'orgueil. Bibliographie MARX, Roland, Histoire de la Grande Bretagne, Paris, Perrin, collection Tempus GIRAULT, René, Peuples et nations au XIXe siècle, Paris, Hachette, collection Carré Histoire RENAUT, Marie-Hélène, Histoire des idées politiques de l'Antiquité à nos jours, Paris, Ellipses, collection Mise au point CARON, Jean-Claude ; VERNUS, Michel, L'Europe au XIXe siècle. Des nations aux nationalismes (1815-1914), Paris, Armand Collin BURKE, Edmund, Réflexions sur la Révolution de France, Paris, hachette Littérature p. [...]
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