Bien que persécutés pendant la majeure partie de leur existence, les protestants voient avec le XIXe s. la reconnaissance de leur statut principalement en 1802 avec Bonaparte qui reconnaît les Eglises réformée et luthérienne. Pour les protestants, c'est la rentrée officielle au sein de la communauté nationale. Cependant, le XIXe s. est aussi le siècle où les débats doctrinaux sont les plus forts et celui où on voit apparaître des dissensions internes au sein de la minorité protestante. Au début du XIXe s., la vie protestante est fortement marquée par un libéralisme modéré dans lequel sont particulièrement ancrés les souvenirs de la clandestinité. A partir des années 1820, arrivent des missionnaires anglais ou suisses en France : les revivalistes – jeunes gens actifs qui s'opposent dès leur arrivée aux vieux pasteurs libéraux. Ce mouvement piétiste voit dans la relation entre Dieu et ses fidèles un lien avant tout sentimental – c'est-à-dire que l'acceptation des vérités évangéliques est ressentie par une expérience du cœur avant de l'être par l'intelligence. De plus, ces missionnaires professent un retour au doctrine du XVIe s. ; contrairement aux libéraux (appelés pré-libéraux avant 1850) qui estiment poursuivre le mouvement lancé par les Réformateurs et adapter le message chrétien au monde moderne. Ils accusent les revivalistes d'être rétrogrades – de vouloir effacer deux siècles de recherches théologiques. Au milieu du XIXe siècle, avec la large diffusion de leurs idées et de leurs méthodes, l'aspect novateur des doctrines et de la spiritualité revivalistes s'estompe au fur et à mesure que ses promoteurs avancent en âge ; si bien d'ailleurs qu'ils se définissent eux même comme évangélistes. Une nouvelle génération apparaît, non plus tournée vers le Réveil, devenu donc camp évangélique, mais vers une autre forme de libéralisme (très influencée par la pensée germanique) qui apparaît comme perturbatrice. C'est donc à partir du milieu du XIXe s., que se cristallise un conflit théologique à l'initiative de ces nouveaux libéraux contre qu'ils qualifient désormais d'orthodoxes. De plus, conformément à leur principe de rejet systématique de toute forme d'autoritarisme, les libéraux modérés et traditionnels soutiennent les néo-libéraux, si bien que c'est l'ensemble du camp libéral qui est dénoncé par les évangéliques orthodoxes.
Le sujet : Libéraux et orthodoxes dans le protestantisme tend donc à étudier la confrontation entre les partisans de ces deux courants qui débute en 1850 et qui débouche sur un schisme au sein de l'Eglise réformée avec le synode de 1872 dans lequel les libéraux – qui sont minoritaires dès 1850 – refusent les décisions prises lors du synode et décident de s'organiser indépendamment. C'est pourquoi, nous pouvons nous demander quelles sont les raisons qui ont mené à cette confrontation entre protestants libéraux et orthodoxes en étudiant tout d'abord ce qui les oppose. J'ai donc choisi un plan en trois parties, où dans un premier temps nous verrons le renouveau des débats théologiques à travers la question de l'exégèse. Ensuite, nous nous attacherons à voir l'opposition quant aux questions dogmatiques ; et enfin, les répercussions de la querelle doctrinale sur la vie de l'Eglise.
[...] C'est pourquoi, nous pouvons nous demander quelles sont les raisons qui ont mené à cette confrontation entre protestants libéraux et orthodoxes en étudiant tout d'abord ce qui les oppose. J'ai donc choisi un plan en trois parties, où dans un premier temps nous verrons le renouveau des débats théologiques à travers la question de l'exégèse. Ensuite, nous nous attacherons à voir l'opposition quant aux questions dogmatiques ; et enfin, les répercussions de la querelle doctrinale sur la vie de l'Eglise. [...]
[...] Au milieu du XIXe s. le débat apparaît à propos de l'exégèse scientifique et des conséquences dogmatiques qu'il convient d'en tirer. Ce débat illustre l'ampleur des problèmes que l'évolution de la civilisation occidentale pose alors aux Chrétiens européens, et montre quelles sont les réponses apportées par les protestants français. En France, le débat s'ouvre par Edmond Scherer, alors qu'en 1849 il était encore reconnu comme l'un des espoirs du camp évangélique extrémiste. Professeur à l'Oratoire de Genève (école de théologie évangélique), il se montre extrêmement intransigeant quant à la question de l'orthodoxie de la Réforme et de l'inspiration plénière (c'est-à-dire littéraire) du texte biblique. [...]
[...] Nous pouvons distinguer trois principales phases dans leur évolution : Scherer substitue l'autorité de Jésus à l'autorité de la Bible Dépouillant la divinité de Jésus Christ de toute base métaphysique, Colani enseigne la sainteté parfaite, la divinité morale du Christ Félix Pécaut renverse la sainteté du Christ et réduit Jésus au rang d'un homme ordinaire, faillible et pécheur Nous avons vu qu'à partir de l'exégèse, Scherer rejette l'inspiration plénière, le canon providentiel, et donc tout élément d'autorité. Si bien qu'il en vient à rejeter tout d'abord les Epîtres, mais seulement les paroles de Jésus, puis par la suite n'accepte plus l'ensemble des Evangiles en faisant un tri par l'utilisation de sa conscience religieuse. Scherer place l'homme, sa raison, son intelligence au centre de sa réflexion. Par ailleurs, dès 1855 on trouve place sous sa plume de plus en plus à un scepticisme. [...]
[...] Désormais et jusqu'à la Séparation de 1905, ce sont donc deux différentes qui coexistent au sein du protestantisme réformé. Après avoir vu la violence de la querelle doctrinale qui secoue le protestantisme au milieu du XIXe s. nous pouvons nous demander que retenir de cette crise de l'Eglise. La première caractéristique en est naturellement la gravité. Tant dans le domaine ecclésiastique que dans le domaine dogmatique l'affrontement atteint un degré tel que l'unité de l'Eglise est compromise. Si en effet, une crise de même nature affecte les autres Eglises protestantes d'Europe (l'Eglise catholique étant atteinte quelques décennies plus tard pendant la crise moderniste), elle se révèle en général, beaucoup moins violence qu'en France. [...]
[...] En vérité, ils sont tributaires des protestants intellectuels allemands, et bien souvent il s'agit pour eux de vulgariser les travaux allemands. Parallèlement, les évangéliques prennent du temps à répondre ; puis finalement est publiée La Revue Chrétienne en 1854 d'Edmond de Pressensé, lui et ses collaborateurs appartiennent tous à des Eglises libres, mais le projet est approuvé par les membres de l'Eglise réformée. Même s'il déclare ne pas être directement hostile à la Revue de Strasbourg, mais être une tribune pour tous les Chrétiens, il est clair cependant que répondre à la revue fait partie de leurs objectifs. [...]
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