En 1852, Tourgueniev publie un de ses premiers romans, les Mémoires d'un chasseur, qui connaît un succès éclatant. Véritable plaidoyer en faveur de l'abolition du servage et d'autres réformes libérales face à « l'archaïsme » des institutions russes, il impressionne de nombreux aristocrates, y compris le futur Alexandre II. Même si l'influence slavophile y est présente, le roman reste cependant idéologiquement très proche d'un libéralisme à l'occidentale dont il reprend nombre des revendications. Le libéralisme est en effet alors une théorie relativement récente. Il ne constitue pas un véritable corps de doctrines, et l'on peut davantage parler à son propos d'une aspiration partagée par un certain nombre de penseurs (philosophiques, politiques ou économiques) que d'une théorie uniforme. Il apparaît au XVIIe siècle avec la philosophie des droits naturels, formulée par Locke, qui constitue l'un de ses premiers fondements. A l'encontre de Hobbes et plus tard de Rousseau (théoriciens d'un pouvoir politique fort), Locke propose un état social qui n'abolit pas les droits naturels des individus et doit seulement les structurer dans une perspective individualiste. Parmi ces droits, la liberté, l'égalité, mais également la propriété privée ou la sécurité personnelle. Rapidement, ce libéralisme philosophique hérité des Lumières prend une évolution très concrète durant la première moitié du XIXe siècle, suivant à la fois un développement en tant que théorie politique d'une part et théorie économique d'autre part. L'unité indissoluble de ces deux facettes du libéralisme, postulée par les théoriciens libéraux eux-mêmes, contribue à en faire un principe à part dont le développement, ses interprétations ou encore ses contestations ont profondément influencé le XIXe et le XXe siècle. Mais qui sont justement ces théoriciens du libéralisme qui oeuvrent à sa mise en application en Europe dans ce premier XIXe siècle ? Et quelle a été leur évolution et celle de leur pensée au contact des réalités une fois le libéralisme adopté?
[...] Le libéralisme s'applique alors à la défense de la liberté individuelle sur le marché. Cette doctrine économique émerge en France au début du XVIIIe siècle. En s'appuyant sur la théorie des droits naturels, des économistes physiocrates comme Boisguillebert ou Quesnay s'opposent au mercantilisme incarné par les successeurs de Colbert et dénoncent l'intervention économique de l'État, systématique sous l'Ancien Régime, et revendiquent un marché libre qui s'autorégulerait sans aucune intervention de l'Etat. La formule laissez-faire, laissez-passer de Gournay, résume cette première formulation du libéralisme en matière économique. [...]
[...] L'unité indissoluble de ces deux facettes du libéralisme, postulée par les théoriciens libéraux eux-mêmes, contribue à en faire un principe à part dont le développement, ses interprétations ou encore ses contestations ont profondément influencé le XIXe et le XXe siècle. Mais qui sont justement ces théoriciens du libéralisme qui oeuvrent à sa mise en application en Europe dans ce premier XIXe siècle ? Et quelle a été leur évolution et celle de leur pensée au contact des réalités une fois le libéralisme adopté? [...]
[...] Les libéraux en Europe jusqu'en 1850 En 1852, Tourgueniev publie un de ses premiers romans, les Mémoires d'un chasseur, qui connaît un succès éclatant. Véritable plaidoyer en faveur de l'abolition du servage et d'autres réformes libérales face à l'archaïsme des institutions russes, il impressionne de nombreux aristocrates, y compris le futur Alexandre II. Même si l'influence slavophile y est présente, le roman reste cependant idéologiquement très proche d'un libéralisme à l'occidentale dont il reprend nombre des revendications. Le libéralisme est en effet alors une théorie relativement récente. [...]
[...] Le contenu optimiste et humaniste du libéralisme à été en quelque sorte galvaudé dans son interprétation et prend un caractère conservateur et inégalitaire que la polémique à propos de l'abaissement du cens en 1846 révèle. Cela nourrit la contestation sociale, peu réceptive aux conseils d'enrichissement personnel prononcés par Guizot enrichissez vous par le travail et par l'épargne et conduira aux contestations du pouvoir devenu autoritaire en Europe en 1848 (mais où les véritables anciens régimes autoritaires comme la Prusse ou la Russie parviendront à faire taire les ambitions libérales). [...]
[...] Dans ce cadre, l'intervention de l'État doit être réduite au maximum et celui-ci doit être défini comme un État gendarme minimal, qui a pour seule fonction de veiller au respect des conditions de concurrence pure et parfaite. Au XIXe siècle, Ricardo, Malthus, Mill, et Say en France prolongent la réflexion de Smith ce qui entraîne un âge d'or du libéralisme économique jusqu'à la fin du XIXe siècle. II) . A l'expérience des réalités Entre compromis et façade conservatrice, la déliquescence du libéralisme ? Les deux principaux pays en Europe ou le libéralisme est adopté au début du XIXe siècle connaissent un certain nombre de compromis vis-à-vis de la doctrine libérale. [...]
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