Nous verrons donc tout d'abord en quoi la Libération constitue non pas un simple événement, mais une période complexe dans laquelle se distinguent des Libérations, et que chacune de ces libérations va faire l'objet d'une lecture spécifique par les acteurs qui l'ont vécue. Au cœur de ces libérations, et notamment à travers le processus d'épuration, se pose la question de la légitimité du pouvoir en France, c'est à dire de qui va être capable de restructurer de manière durable le tissu politique français...
[...] Le Mouvement de Libération Nationale ne réussi pas à faire le trait d'union entre le gouvernement et le peuple en ralliant toutes les forces partisanes, court-circuités par une vie politique qui s'est réorganisée autour de ses pôles habituels : les partis. Face au dynamisme des communistes, le MLN enregistre l'asphyxie de son autonomie politique. Faut-il privilégier l'unité de la résistance et risquer d'assurer l'hégémonie politique communiste. Lors du premier congrès national du MLN, la fusion avec le Front national est rejetée. Puis le MLN éclate et ses adhérents sont disséminés sur l'échiquier politique. En décembre des français estiment que la résistance n'est pas assez représentée. En avril 1945, seulement 12% des français désirent que la résistance fonde un nouveau parti. [...]
[...] L'échec des démocrates chrétiens La naissance du MRP (Maurice Schumann, Georges Bidault) qui tient son congrès constitutif le 26 novembre 1944 offre enfin aux catholiques une structure ambitieuse capable de rivaliser avec les communistes. L'évanouissement des droites laisse présager un reflux de leur électorat vers les Démocrates-chrétiens. De plus, le vote des femmes leur est favorable. Ses pères fondateurs ont été des grands résistants. La création de ce parti comble le vide historique et se place comme le parti de la fidélité à de Gaulle, séduisant les convaincus comme les attentistes. Selon Bidault, ce parti fera une politique de gauche avec des électeurs de droite. [...]
[...] Cette opération n'est pas seulement militaire car elle pose également la question de l'indépendance des territoires français libérés. Les Anglo- saxons prévoient une administration militaire, avec l'AMGOT (Allied Military Government for the Occupied Territories). Ils disposent de documents qui vont les aider dans cette tâche : les France Zone Handbooks dans lesquels on mentionne que : - les Corses sont enclins à la vendetta - les gens du Midi sont paresseux et étourdis - la phrase favorite des Normands est Peut être que oui, peut être que non Les alliés amènent avec eux une monnaie, des Francs qui ressemblent à des dollars. [...]
[...] En effet, l'épuration est le premier acte de restructuration du tissu socio- politique français. Dans ce cadre, se déterminent la légitimité des forces politiques tant dans leur rôle fédérateur que dans leur exercice de la violence légitime. Les enjeux de l'épuration apparaissent alors primordiaux et doivent être étudiés sous l'angle de la mythologie développée à cette époque. Pour de Gaulle, il est évident que l'épuration ne peut s'accomplir que d'en haut et par le haut. C'est l'Etat qui définit le cadre légal et juridique de l'épuration. [...]
[...] On a vu précédemment comment constitue le point de départ de la mythologie de reconstruction de l'identité nationale, mythe consacré par le discours de De Gaulle : Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! Libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l'appui et le concours de la France toute entière, de la France qui se bat, de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. [...]
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