En 1802, Napoléon Bonaparte alors consul, met en place un système d'enseignement public pour les garçons par la création des collèges et des lycées. Ces nouvelles structures ne sont pas des innovations majeures car elles s'appuient sur des structures passées comme c'est le cas des collèges d'Ancien Régime. Ce qui change c'est la prise en charge de l'éducation par l'Etat, l'éducation devient véritablement un enjeu politique notamment après la création en 1806 de l'Université Impériale, corporation censée centraliser le pouvoir de l'Etat sur le système secondaire masculin. Ce souci de mettre en place un système d'enseignement masculin s'explique par la volonté de Napoléon de contrôler les esprits des futurs citoyens et notamment des élites, pièces essentielles de l'Etat. Or, il ne faut pas oublier qu'à la maison, l'influence des femmes dans l'éducation est prépondérante : ainsi Napoléon 1er va vouloir contrôler les institutions féminines. A l'époque, l'éducation n'est pas entièrement négligée mais il n'existait pas de système secondaire d'état à l'exemple de celui des garçons. Les élites placent leurs filles dans des institutions religieuses, comme les congrégations.
L'extrait que nous avons ici de la lettre de Finkenstein écrite par Napoléon 1er reflète bien la volonté de prendre en considération l'éducation des filles car elles-mêmes auront un rôle majeur en tant que mère dans l'éducation des futurs citoyens. Cette lettre a été écrite le 15 mai 1807 par Napoléon 1er à destination du Grand Chancelier de la Légion d'Honneur, Bernard Germain Étienne de Laville-sur-Illon, comte de Lacépède.
Au pouvoir depuis son coup d'état du 9 novembre 1799 Napoléon Bonaparte a franchi tous les échelons du pouvoir : d'abord consul puis consul à vie de 1802 à 1804 et enfin proclamé Empereur des Français par le Sénat le 18 mai 1804. Il opéra dès les débuts du Consulat de nombreuses réformes dans l'éducation, la justice, la finance et le système administratif.
Dans cette lettre, Napoléon 1er rappelle lui-même les grandes lignes de l'éducation des filles qu'il souhaite voir donner aux jeunes filles de la maison d'éducation de la légion d'honneur d'Ecouen, 1ère maison impériale fondée par le décret du 15 mai 1805.
Quels sont les objectifs fixés par Napoléon pour l'éducation des jeunes filles de l'Etablissement d'Ecouen ? En quoi, la première maison d'éducation de la légion d'honneur fondée par l'Etat est-elle différente des autres institutions pour jeunes filles ?
Nous verrons dans un premier temps comment se définit l'établissement d'Ecouen en tant que maison impériale fondée par l'Etat. Puis, après avoir montré que la religion était au cœur de l'éducation à donner selon les souhaits de Napoléon 1er, nous nous intéresserons de plus près au contenu de l'instruction.
[...] Nous l'avons dit, Napoléon perçoit bien l'influence des mères dans la sphère privée et de toutes les éducations, la meilleure est celle des mères (l.39) : en inculquant les valeurs de l'Empire, telles que l'amour et le respect du chef de l'État, à ces mères en devenir, celles-ci les inculqueront elles-mêmes aux futurs citoyens. Elle permet ainsi d'inculquer des valeurs aux jeunes filles, valeurs qu'elles transmettront plus tard à leur progéniture. Il y a donc une réelle volonté de l'empereur d'utiliser l'éducation pour s'assurer le soutien de ses élites. La maison d'éducation de la Légion d'honneur d'Ecouen met la religion au premier plan de l'éducation à offrir aux jeunes filles : il s'agit de former les jeunes filles selon des valeurs essentielles pour qu'elles deviennent de bonnes mères. III. [...]
[...] En effet, dans sa lettre au Grand Chancelier responsable de l'établissement d'Ecouen, première maison à avoir été fondée, Napoléon encourage une éducation vertueuse pour former les futures mères de citoyens. En revanche, l'établissement n'est point innovant dans le contenu et les objectifs de l'éducation: faiblesse de l'instruction basée sur la religion et les travaux ménagers, volonté de former de parfaites ménagères et non des savantes De plus, cet enseignement public est réservé à une très faible partie de la population féminine. [...]
[...] La lettre de Finkenstein de Napoléon sur l'éducation des filles (1807) En 1802, Napoléon Bonaparte alors consul, met en place un système d'enseignement public pour les garçons par la création des collèges et des lycées. Ces nouvelles structures ne sont pas des innovations majeures, car elles s'appuient sur des structures passées comme c'est le cas des collèges d'Ancien Régime. Ce qui change c'est la prise en charge de l'éducation par l'État, l'éducation devient véritablement un enjeu politique notamment après la création en 1806 de l'Université Impériale, corporation censée centraliser le pouvoir de l'État sur le système secondaire masculin. [...]
[...] Ainsi, c'est à lui que Napoléon adresse sa conception de l'éducation donnée dans l'établissement pour que ce dernier la mette en place. Cette éducation gratuite financée par l'État n'est destinée qu'à une certaine catégorie de la population : aux jeunes filles dont le père ou le grand-père a reçu la Légion d'honneur (l.42). L'ordre de la Légion d'honneur est la plus haute décoration honorifique française, instituée en mai 1802 par Napoléon Bonaparte en récompense de services militaires et civils rendus à la Nation. [...]
[...] Cela explique peut- être pourquoi l'empereur juge qu'on y élevait mal les demoiselles (l.9). Il faut toutefois noter que malgré la critique qu'il en fait, il s'inspirera de ce prestigieux établissement pour la création des maisons d'éducation de la Légion d'honneur. Cette importance donnée à l'éducation s'explique aisément. À ce début de siècle, la religion et l'éducation des femmes sont imbriquées : c'est un fait empirique, l'éducation religieuse permet aux femmes de devenir de bonnes épouses et de bonnes mères, c'est- à dire ce pour quoi elles sont faites : c'est le plus sur garant pour les mères et pour les maris (l.14). [...]
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