Le nom de Gambetta nous est familier, mais cette forte personnalité, très célèbre de son temps, est aujourd'hui presque oubliée, progressivement écartée des programmes scolaires. Léon Gambetta est pourtant l'une des figures centrales de la IIIe République, qu'il défendit en républicain convaincu tout au long de sa vie.
D'un physique ingrat mais orateur de génie, il savait susciter l'enthousiasme chez ses contemporains et rassembler toujours autour de lui un groupe de « fidèles », multipliant les réseaux de relations et les conquêtes amoureuses. Cependant, son caractère entier lui valut également des inimitiés tenaces.
Davantage un leader ou un militant qu'un homme d'Etat, les brèves périodes où il détenu l'exercice du pouvoir se soldèrent par des échecs. Sa mort prématurée fut à l'origine d'un véritable culte, paradoxal pour un laïque, Gambetta étant érigé en véritable « saint » de la République.
Dans quelle mesure cette figure illustre aujourd'hui très largement méconnue a-t-elle œuvré pour l'avènement de la République en France ?
[...] Et s'il va enfin être hissé au pouvoir ce sera finalement grâce au règlement d'une crise liée à l'expansion coloniale, et plus précisément à la Turquie, convoité aussi bien par la France que par l'Italie. Gambetta accède donc en 1882 à l'Elysée, avec la possibilité de réunir le fameux Grand Ministère dont il avait exprimé le souhait. Cependant, s'il écarte lui- même Ferry, d'autres personnalités importantes telles que Charles de Freycinet ou Léon Say déclinent sa proposition, et il doit se rabattre sur de jeunes inconnus certes prometteurs tels que Waldeck-Rousseau ou Félix Faure. [...]
[...] Il réclame d'abord la dissolution de l'Assemblée qui selon lui a été élue pour approuver les conditions de la paix et non pour mettre en place un régime, ou encore lorsque la perspective d'un retour à la monarchie ou au bonapartisme semble revenir au goût du jour il se fait le chantre de la République. Enfin, la sortie du provisoire est effective, une constitution qui ne le satisfait que modérément est adoptée. Dans ce cadre redevenu stable il tente de reconquérir le pouvoir avec l'aide de Thiers, qui l'a cédé à Mac Mahon. Cependant Thiers meurt en 1877, mettant un terme à leurs plans en commun. C'est également l'époque où la question religieuse ravive le clavage gauche- droite, chaque clan parvenant à présenter un front uni sur la question du péril clérical. [...]
[...] Son plaidoyer qui s'attaque avec ferveur directement au régime impérial suscite la stupeur. Toujours prêt à se lancer plus de défis, Gambetta a hâte de quitter le tribunal pour la tribune du Corps législatif de l'Empire libéral et il saisit alors l'occasion que lui offre sa nouvelle célébrité pour faire une entrée fracassante en politique ou, comme il le dira plus tard, une entrée par effraction sur la scène du monde Il est ainsi élu en 1869 dans la première circonscription de la Seine face à Hippolyte Carnot sur un programme très radical d'extension des libertés publiques, de séparation de l'Eglise et de l'Etat et de justice sociale (la question ouvrière n'est cependant pas l'une de ses priorités tout au long de sa carrière). [...]
[...] Gambetta meurt dans la nuit du 31 décembre 1882. Un saint pour la République ? Les médecins et proches du malade avaient le plus possible évité d'ébruiter la gravité de son état aux journaux qu'il continuait à lire quotidiennement, ce qui donna à sa mort un caractère inattendu et presque légendaire. De nombreux visiteurs, connus et surtout anonymes vinrent rendre hommage à ce personnage très largement admiré et même adoré, avant que l'on procède à l'autopsie dont il était partisan. [...]
[...] Il mit ce don au service de la patrie, qu'il défendit avec acharnement, mais aussi de la République, persuadé qu'il était de la supériorité de ce régime. Au regard de l'engouement presque mystique que provoqua la mort de Gambetta, il est difficile de comprendre comment cette personnalité a pu être aussi vite oubliée. [...]
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