Ce dossier porte sur le Prix Nobel de la Paix 1920 Léon Bourgeois en partant du constat que sa postérité n'a pas été à la hauteur du personnage. Le propos se structure autour deux parties montrant que si au début du XXe siècle les idées solidaristes de Bourgeois ne rencontrent qu'un faible écho, elles gagnent de l'ampleur à la faveur du traumatisme de la Grande Guerre à travers la mise en place de la SDN, succédané des idées de Bourgeois dont l'échec peut en partie expliquer l'oubli dans lequel est tombé le personnage.
[...] Ce contexte constitue donc un terreau favorable à la mise en pratique des idées de Bourgeois La concrétisation par la mise en place de la SDN. Dès le début de l'été 1917 est créée une commission ministérielle, présidée par Léon Bourgeois et chargée d'élaborer un projet de pacte pour une future société des nations. Sa conception d'une telle organisation est présentée dans son recueil de discours publiés en 1919 sous le titre Le Pacte de 1919 et la Société des Nations. [...]
[...] Toutefois, c'est le Président Wilson qui reste aux yeux de l'opinion la figure marquante de l'« esprit de Genève La modestie de Léon Bourgeois, son ambition contenue (par exemple, Léon Bourgeois a refusé par deux fois de se présenter à l'élection présidentielle alors qu'il avait de fortes chances de l'emporter) pourrait expliquer l'« oubli historique dans lequel il est tombé par la suite. Quoi qu'il en soit, l'avènement de l'ONU depuis 1945, qui marque la revanche posthume de Léon Bourgeois devrait conduire, si non à sa réhabilitation historiographique au moins à un regain d'intérêt pour ce personnage. [...]
[...] En 1902, Bourgeois devient président de la Chambre des députés. Il est ministre des travaux publics sous Poincaré en 1912, ministre des affaires étrangères sous Ribbot en 1914, ministre d'Etat durant la guerre, avant de retrouver son poste se ministre des travaux publics en 1917. D'autre part, en plus d'avoir assumé d'importantes fonctions politiques sous la IIIe République, Léon Bourgeois a été un défenseur de la paix et un des pères spirituels de la Société des Nations, ce qui lui a valu le Prix Nobel en 1920. [...]
[...] Un des indices de ce succès est la multiplication par Léon Bourgeois des publications formalisant sa théorie. On pourrait citer son ouvrage Solidarité de 1896, son Essai d'une philosophie de la solidarité (1902), ses ouvrages L'Idée de solidarité et ses conséquences sociales (1902) et La Politique de prévoyance sociale (1914). De plus, la théorie de Léon Bourgeois ne se cantonne pas à l'abstrait puisque elle a reçu des applications concrètes. Ainsi, de 1890 à 1892 (Léon Bourgeois est alors ministre de l'Instruction publique) ou en 1895 (Léon Bourgeois est alors chef du gouvernement), des mesures sont prises allant dans le sens de la théorie solidariste (par exemple, mise en place d'un plan de retraite pour les ouvriers). [...]
[...] Cependant mise en pratique partielle des idées de Léon Bourgeois Une SDN finalement plus proche de l'idéal wilsonien que du solidarisme de Léon Bourgeois. En effet, le projet présenté par Léon Bourgeois en 1918 a pour but d'assurer la sécurité collective dans le monde par la mise en place de réels moyens de coercition, à savoir par la création d'une armée composée de contingents fournis par chaque Etat signataire et pouvant faire appliquer des sanctions d'ordre militaire. Or, le projet britannique d'un Lloyd George élaboré en mars 1918 et la conception américaine d'un Wilson ne se situent pas dans la même logique : si l'objectif de maintien de la paix et de respect du droit international est toujours le même, les moyens envisagés sont différents. [...]
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