Lénine violence politique bolchévisme révolution d'octobre U.R.S.S. Vladimir Ilitch Oulianov terreur rouge
« En Lénine, nous avons la personne qui a été créée pour cette époque de sang et de fer. ». A travers ces paroles de Léon Trotsky, principal artisan avec Lénine de la révolution d'Octobre 1917, ce dernier apparaît comme un leader forgé par et pour la violence.
La violence apparaît en effet comme un élément omniprésent dans la vie de Lénine. Né Vladimir Ilitch Oulianov en 1870 à Simbirsk, en Russie, Lénine connaît une enfance privilégiée. Toutefois, deux tragédies surviennent tôt dans sa vie : en 1886, la mort de son père, grande figure de l'instruction publique en Russie et anobli en 1882 par le Tsar, et l'année suivante, celle de son frère ainé, pendu pour avoir participé à un complot visant le Tsar Alexandre III. Si le lien entre ce dernier événement et la vocation révolutionnaire de Lénine est loin d'être aussi évident que dans la légende soviétique qui sera bâtie après sa mort, Lénine continuant brillamment ses études dans un premier temps, l'influence de l'exécution de son frère terroriste se fait sentir lorsque, après sa participation, pourtant modérée, à des manifestations étudiantes, il est renvoyé de l'université de Kazan et assigné à résidence. Cependant qu'il continue ses études à domicile, ce qui lui permet d'obtenir un diplôme l'autorisant à exercer le métier d'avocat, il commence à lire Marx et la littérature sociale russe.
Sa carrière d'avocat est brève, et c'est avec son installation à Saint Pétersbourg que commence sa carrière révolutionnaire. En 1895, Lénine se rend en Suisse, où il rencontre les grandes figures historiques du marxisme russe, Plekhanov, Axelrod et Vera Zassoulitch. Lénine se veut alors plus actif dans le mouvement révolutionnaire et multiplie les écrits. Il est arrêté la même année, et après quatorze mois d'emprisonnement, connaît un exil - clément cependant - de trois ans en Sibérie. En 1900, cet exil prend fin, et Lénine, qui use dès lors de ce seul pseudonyme, reprend son activisme révolutionnaire à travers la Russie et l'Europe. Il participe à la fondation du journal Iskra (« L'Étincelle »), continue à publier tracts et ouvrages polémiques, et s'investit dans le Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR) fondé en 1898.
En 1903, il prend la tête de la fraction bolchévique de ce parti, après une division avec les menchéviques. Il continue de voyager en Europe, en Finlande, à Genève, à Paris. Bien qu'en Suisse lors des événements révolutionnaires de 1905, dans lesquels le parti bolchévique n'a joué qu'un rôle mineur, voire aucun, ceux-ci font grande impression à Lénine qui rentre en Russie. En 1914, le déclenchement de la guerre lui paraît une opportunité inespérée pour la réussite de la révolution en Russie : après les révolutions de 1917, le parti bolchévique accède au pouvoir, que Lénine occupera jusqu'à sa mise à l'écart progressive à partir de 1922 du fait de sa santé déclinante. Il meurt en janvier 1924.
Ainsi, bien que sa participation directe aux révolutions ait été modérée, et qu'il n'ait occupé que brièvement le pouvoir à la tête du régime qui s'installe à leur suite, l'influence de Lénine est réelle, par son rôle doctrinaire d'une part, et par sa pratique du pouvoir d'autre part. Le parti bolchévique, qu'il façonne sur la base d'une conception originale de la violence en politique, devient en particulier la matrice du pouvoir soviétique, ce qui invite à en analyser les fondements idéologiques, et leur application concrète au cours des années d'activisme de Lénine.
Il apparaît dès lors que l'action révolutionnaire de Lénine est sous-tendue par une conception particulière du politique, inspirée du marxisme, mais dans laquelle la violence tient une place prépondérante (I). Partant, la violence en politique devient aux yeux de Lénine une nécessité pour la révolution prolétarienne, l'amenant en particulier à considérer comme impérative la création d'un parti de révolutionnaires professionnels aux traits caractéristiques (II). L'accession au pouvoir du parti bolchévique et de Lénine en particulier précise sa conception de la violence en politique, en montrant que malgré certaines adaptations conjoncturelles, la violence reste pour Lénine l'outil privilégié dans l'exercice du pouvoir.
[...] C guerre impérialiste : Une violence intrinsèque au capitalisme Le déclenchement de la Première Guerre mondiale vient également confirmer Lénine dans sa vision de la violence en politique. Pour celui-ci, il s'agit là d'une guerre symptomatique du capitalisme, qui a atteint son stade suprême (L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916). Aux yeux de Lénine, «L'impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s'est affirmée la domination des monopoles et du capital financier; où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s'est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes» : ainsi, la contradiction ultime du capitalisme est atteinte avec la confrontation des différentes bourgeoisies nationales pour le contrôle de nouvelles terres et de nouveaux débouchés. [...]
[...] En effet, si la nature, l'ordre de succession des stades de l'évolution des sociétés sont déterminés, la vitesse de ce développement vers le socialisme ne l'est pas : il est ainsi possible de précipiter les choses en Russie, afin de hâter la progression vers la dictature du prolétariat menant à l'étape finale du communisme, la Russie servant ensuite de foyer révolutionnaire afin détendre le processus à l'Europe entière. Pour ce faire, la violence apparaît comme un formidable accélérateur de l'histoire aux yeux de Lénine. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale apparaît en particulier comme une opportunité inespérée pour le déclenchement de la révolution prolétarienne, car provoquant un nouvel affaiblissement de l'autocratie russe. [...]
[...] Mise en œuvre, lorsqu'une opportunité unique telle qu'une guerre se présente, par un groupe de révolutionnaires professionnels et déterminés, elle a pour but de précipiter en Russie le schéma révolutionnaire pour prendre en main la révolution prolétarienne et mener la classe ouvrière jusqu'à la dictature du prolétariat dans un État qui, s'il constitue le maillon faible du capitalisme européen et en cela un possible point de départ d'une vague révolutionnaire généralisée, nécessite du fait de ses particularités institutionnelles un tel travail d'avant-garde. III Le parti au pouvoir : la violence, un outil privilégié ? Comme Lénine l'a prévu, la révolution éclate en Russie, précipitée par la Première Guerre mondiale : en février 1917, des troubles spontanés éclatent à Pétrograd, provoqués par la faim et la misère. [...]
[...] Par ailleurs, le travail obligatoire de 16 à 50 ans est instauré. La lutte contre les armées étrangères et les généraux blancs est menée par Trotsky qui créé l'Armée rouge. Limitée à volontaires au départ, le service militaire obligatoire est instauré, portant ses effectifs à plus de 5 millions d'hommes. Cette armée, au sein de laquelle règne une sévère discipline, permet au pouvoir bolchévique de repousser armées étrangères et généraux Blancs. Ainsi, la consolidation du pouvoir soviétique passe essentiellement par un usage étendu d'une violence protéiforme, s'exprimant dans tous les aspects de la politique, celle-ci servant, dans la même optique unitaire qui présidait à la formation du parti bolchévique, l'installation d'un pouvoir monolithique et incontesté. [...]
[...] Pour Lénine, la guerre est une continuation de la politique. La guerre est un moment clef de l'histoire et de la politique, elle cristallise et tranche les grandes questions historiques. La lutte des classes en particulier est potentiellement une guerre civile, ce que va lui confirmer la révolution de 1905. Au début de l'année 1905, l'autocratie russe connaît de nombreuses difficultés. Aux crises économiques s'ajoutent les défaites militaires face au Japon auquel la Russie a déclaré la guerre en 1904, l'alourdissement des impôts, les difficultés alimentaires et la paralysie des transports, le tout amplifiant le discrédit du pouvoir face auquel l'opposition s'affirme, notamment au sein des zemstvos, assemblées provinciales créées par le tsar réformateur Alexandre II en 1864. [...]
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